Barth' : Les coups de ...points politiques

vendredi 19 novembre 2021 • 1421 lectures • 1 commentaires

Politique 2 ans Taille

Barth\' : Les coups de ...points politiques

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Impossible de citer les leaders politiques du Sénégal sans parler de Barthélémy Dias. Le maire de Mermoz/Sacré-Cœur a su s’imposer dans l’échiquier politique avec comme arme, son courage. 

La main gauche pointée vers son cortège, Barthélémy Dias débite des propos presque inaudibles. «Descendez des véhicules, parce que le Commissaire…», lâche-t-il. D’un pas rapide, il se dirige vers les quelques policiers qui tentent de lui barrer la route. Plus alerte, il échappe à leur vigilance et force le passage. Casquette beige bien vissée, une chemise noire qui tombe sur un jean, Barth court quelques secondes, puis poursuit sa marche. «Le Sénégal ne vous appartient pas», lance-t-il. «Jetez des grenades», souffle un des policiers. Barthélémy Dias est presque aux prises avec un autre policier. La mine sévère, le ton haut, il peste : «Vous ne pouvez pas m’empêcher de poursuivre ma route, de faire de la politique. C’est vous qui voulez créer un attroupement, pas moi. Vous m’avez dit que la voiture ne va pas passer, mais je vais marcher.» S’en suit un véritable dialogue de sourds, avant que le maire de Mermoz/Sacré-Cœur ne soit arrêté de force et jeté dans la fourgonnette de la police. La vidéo de deux minutes est devenue virale sur les réseaux sociaux. La scène filmée avant-hier mercredi, alors que le candidat de Yawwi Askan Wi (Yaw) à la mairie de Dakar débutait un ‘’dox mbok’’ à la Médina et au Plateau, en est devenue presque banale. Rien de surprenant pour qui connaît le tempérament de Barthélémy Dias. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, force est de reconnaître que Barthélémy Dias est de la classe de ces hommes politiques plein d’endurance. De ces hommes qui ont la résistance dans leur Adn politique. Ceux-là dont on n’évoque pas leur force de proposition, ni leur bagage intellectuel, mais surtout leur courage. De la Convergence des jeunesses socialistes, au Mouvement national des jeunesses socialistes, en passant par Taxawu Dakar, Barthélémy Dias n’a jamais déçu ceux qui ont misé sur son courage à toutes épreuves. Au prix de sa liberté. Un trait de caractère, élément essentiel de son ascension politique. 

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«A un moment donné, Barth a symbolisé, tout seul, toute une opposition contre le Président Macky Sall»
Aïssatou Fall est la présidente des femmes khalifistes à Dakar. Elle a longtemps cheminé avec Barthélémy Dias qui l’a trouvée au Parti socialiste. De Barthélémy Dias, elle retient un homme engagé, toujours prêt à défendre ses idées. «Parfois, je me dis que c’est quelqu’un de très téméraire, sourit-elle au téléphone. Quand Barthélémy Dias a une chose à défendre, il le fait au péril de sa vie. Son succès politique, c’est juste la rançon de son courage et de son engagement. Il s’est toujours battu pour la jeunesse sénégalaise, pour la défense de la démocratie. Il a toujours voulu que les jeunes soient beaucoup plus valorisés. Il a le courage de ses idées, il défend ses idées sans une once d’hypocrisie.» Des propos confortés par l’analyse du journaliste et analyste politique, Babacar Dione. «Barthélémy Dias est courageux et cette témérité est importante, personne ne peut nier cela. A un moment donné, il a symbolisé, tout seul, toute une opposition contre le Président Macky Sall. C’est un mérite. Il a su faire face. Cette ascension politique, c’est la rançon du courage. On ne lui connaît pas des phrases qui prêtent à réfléchir. Barth, c’est le courage, la témérité et la constance dans son opposition. On ne lui connaît que le Parti socialiste. Quand il fallait faire un choix, il est parti avec Khalifa Sall. Il a préféré l’opposition à la majorité au pouvoir.» C’est dans l’opposition qu’il commence son militantisme politique au Parti socialiste (Ps). Barthélémy Dias adopte un style particulier. Il se révèle un jeune fougueux, qui ne fait pas dans la compromission. Aïssatou Fall s’en souvient, des années plus tard, un brin fier. «Barthélémy Dias a connu une ascension fulgurante. Il est venu au Ps vers 2004, quand le Parti socialiste était dans l’opposition. Il fallait être quelqu’un de très engagé pour venir militer dans ce parti. Ce n’était pas du tout évident. Il avait créé une structure qu’on avait appelé Convergence socialiste avec les Malick Noël et autres. Depuis lors, il s’est montré très engagé et très déterminé. A ce moment, il nous fallait d’autres jeunes, une nouvelle génération de jeunes très courageux et Bath faisait partie de cette génération. Il a redynamisé le Mouvement des jeunesses socialistes. C’est à partir de 2007, lors des renouvellements, que Barth a été porté à la tête du Mouvement national des jeunesses socialistes. C’est de là que les gens ont commencé à découvrir l’homme Barthélémy Dias. Il nous fallait des jeunes qui savaient combattre avec beaucoup de courage et Barth a pu jouer ce rôle avec sa détermination à aller de l’avant. Il a beaucoup soutenu, poussé et boosté le Parti socialiste dans son opposition contre Wade.» Dans toutes ses actions, on y voit un courage sans faille. Aussi bien dans le verbe que dans l’action. 

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«Barth est un animal politique, il croit en sa capacité de mener le combat»
Moussa Diaw, Docteur en Sciences politiques, Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), s’engouffre dans la même brèche. Le succès politique de Barthélémy Dias est dû en partie à son courage. «Barth est très courageux, engagé et passionné. Ce courage aussi, c’est en fonction de sa trajectoire. C’est quelqu’un qui ne se laisse pas marcher dessus et il a le courage de ses idées. C’est très important en politique. C’est ce qui le différencie de beaucoup de jeunes de son âge qui se sont engagés politiquement. Il ne s’en cache pas. Il prend position par rapport à une réalité politique et il faut avoir du courage pour faire des choix. Il a ce courage politique de dire ses idées, même si ça dérange, il le dit. C’est ce qui fait de lui un ‘’animal’’ politique qui pourra se renforcer à long terme.» Une témérité qu’il a démontré à suffisance face au régime de Me Wade. Le 23 juin, Barthélémy Dias était au-devant de la scène. Quand certains leaders enchainaient des réunions interminables, lui a préféré le terrain pour dire non. Aïssatou Wade n’oubliera pas de sitôt la hargne avec laquelle Barth s’est illustré. «En 2011, avec les événements du 23 juin, Barth a été l’un des initiateurs. Le 22, il a commencé, avec le mouvement Y en a marre, à impulser ce combat et après, les leaders ont suivi. Et ça été un succès retentissant. Ce jour-là, nous étions en réunion en ville et il fallait faire sortir les leaders dans la rue. Et Barth a été le premier à sortir. C’est ce jour-là que j’ai su que Barth était vraiment courageux. Après l’alternance en 2012, nous étions avec Benno bokk yakaar (Bby). Après il y a eu des tensions au Ps et il fallait faire un choix parce qu’un parti historique ne pouvait pas aller à des élections et soutenir un autre candidat qui n’était pas socialiste. Barth a supporté, avec courage, Khalifa Sall dans ce combat jusqu’à une rupture avec le parti. Depuis lors, il est resté dans l’opposition et il a toujours combattu aux côtés de Khalifa Sall. Il a même été emprisonné, mais jamais il n’a fléchi. Il a souffert stoïquement avec courage. Nous ne pouvions pas avoir un meilleur candidat pour Dakar que lui.»
Une place de choix dans la sphère politique qu’il a pu acquérir aussi grâce à sa trajectoire. Dr Diaw : «Politiquement, il est très engagé et c’est quelqu’un qui croit en lui, en sa capacité de mener le combat politique. Il croit en ses idées. Il est quand même de la jeunesse socialiste. En passant par cette école-là, il a su engranger un certain nombre d’atouts. Il a été formé à l’Ecole du Parti socialiste (Ps). Généralement, les jeunes du Ps sont formés à l’idéologie du parti à des convictions, des valeurs de société. C’est le fondement d’ailleurs du socialisme avec l’esprit de partage, de solidarité. Il s’est engagé très tôt là-dedans et en se frottant aux réalités et par rapport aux cadres intellectuels du Ps. C’est un parti qui renfermait beaucoup de cadres, bien formés et qui ont eu une trajectoire. En se frottant à ceux-là, il a pu se construire un univers qui lui est propre et des références à des valeurs, à un engagement. Il est passionné par la politique et ça se ressent à chaque fois, malgré une passion débordante qu’il n’arrive pas à maîtriser. Il croit en des valeurs et surtout le travail de terrain. Tout cela constitue un background qu’il est en train de valoriser en se projetant et en étant quelqu’un d’ambitieux parce que c’est ça aussi être engagé politiquement, c’est être ambitieux et avoir un esprit volontariste. Ça se ressent dans sa façon de faire de la politique. C’est sa nature, il est combattif, croit en ses idées et espère toujours triompher.» 


«Barth a hérité du caractère de son père»
Au-delà de l’Ecole socialiste, Barthélémy Dias a de qui tenir son caractère. Son père Jean-Paul Dias ne mâche jamais ses mots quand il s’agit de prendre position. Un caractère qu’il aurait filé à son fils au fil des années. Babacar Dione : «Barth était au premier plan au niveau du Parti socialiste, alors que le Ps était dans l’opposition. Il avait engagé tous les combats du Parti socialiste alors que Ousmane Tanor Dieng appelait à une opposition républicaine face à Abdoulaye Wade, le Parti socialiste avait la chance d’avoir quelqu’un comme Barth qui pouvait s’opposer à la politique de Me Wade et qui était assez virulent par rapport à ce que Wade faisait. Ça l’a propulsé et l’a singularisé par rapport au fonctionnement du Parti socialiste. Le style Barth est assez particulier. Il a aussi hérité du caractère de son père. Jean-Paul Dias est un grand intellectuel, un Enarque, un administrateur civil, mais il avait un style assez particulier. Barth n’a pas emprunté son style. On se rappelle quand Jean-Paul Dias avait quitté le Pds pour créer le Bloc des centristes gaïndé (Bcg), quand il est allé rejoindre le Président Abdou Diouf, dans ses meetings, il disait : ‘’Je vais demander au Président Abdou Diouf, s’il remporte les élections en 2000, de me nommer ministre de l’Intérieur et je vais incarcérer tous les fumeurs de chanvre indien.’’ Et il parlait des chefs de l’opposition. Quand on est un jeune politique, il faut avoir du caractère en étant virulent, c’est comme ça que Ousmane Sonko a pu s’imposer et s’opposer au régime.» Mais comme toute chose à ses limites, Babacacar Dione est d’avis que Barth doit faire une mue. «Il a des ambitions et veut incarner un certain leadership pas seulement des jeunes, mais de tout un pays, de toute une capitale, parce qu’il est le candidat de Yewwi Askan Wi pour la Ville de Dakar. Il n’a pas su, au fil des années, faire la transition entre le responsable des jeunes de l’opposition qu’il était et le leader politique qu’il aspire à être et qui devrait, par rapport au comportement qu’il montre aux Sénégalais, être à équidistance de tout le monde, incarner un consensus par rapport à ceux qui sont radicaux, ceux qui sont excessifs et ceux qui sont modérés. On a l’impression qu’il symbolise juste une partie de l’électorat de ceux qui sont radicaux vis-à-vis du régime de Macky Sall.» Dr Diaw en rajoute une couche : «Il y a le revers de la médaille, c’est qu’il doit maîtriser sa passion et qu’il devienne moins fougueux et raisonnable, mais aussi compréhensif et être consensuel. S’apaiser quand il le faut, rebondir quand il le faut, être combatif quand il le faut aussi. Comparaison n’est pas raison, mais je vois en lui un Sarkozy. Etre incisif dans ses attaques et déterminé par rapport au combat qu’il croit et par rapport à ses ambitions et à ses intérêts.»
CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

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