Les axes prioritaires du plan de Macky Sall contre la récession

samedi 26 septembre 2020 • 323 lectures • 2 commentaires

Économie 3 ans Taille

Les axes prioritaires du plan de Macky Sall contre la récession

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Dans un contexte de recul des performances économiques sur fond de crise sanitaire née de la pandémie du Coronavirus, le chef de l’Etat va valider, mardi prochain, au Palais de la République lors d’un Conseil présidentiel,  le nouveau plan de relance arrimé sur le Pap II ajusté. 

 

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C’est une question de survie, de remise en forme d’un malade comateux à un niveau normal de conscience. Face au virus qui a envoyé en salle de réanimation l’économie du pays, dont il a contaminé la plupart des voies de respirations financières, l’Etat du Sénégal se devait de réagir. De remettre les machines en marche pour espérer rattraper un niveau de croissance historiquement des plus bas. Plus qu’une exigence, c’est un impératif de gouvernance imposé par une situation économique nationale catastrophique, dont la courbe de projection de la croissance est tombée de 6,8% à 0,7%, selon les dernières estimations du Fonds monétaire international. «La crise a eu des impacts importants un peu partout sur le Sénégal. Notre taux de croissance estimé passe à 1,1% de 5,3 en 2019. Tous les secteurs sont concernés surtout le secteur tertiaire qui contribue à plus de 40% de notre économie. Ce secteur est en récession avec l’arrêt de certaines activités», rappelait le ministre de l’Économie, Amadou Hott, lors d’un séminaire gouvernemental présidé au Palais par le chef de l’Etat, au mois d’août, en présence de tous les ministres, l’Apix, le Fongip, le Fonsis, des équipes du ministère de l’économie pour échanger sur les perspectives macro-économiques et sociales et les indicateurs budgétaires. Un réajustement était donc nécessaire. Pour répondre aux nouvelles orientations économiques et repositionner le Sénégal sur sa trajectoire initiale de croissance, le président de la République Macky Sall a réajusté le Plan d’actions prioritaires II (Pap II) du Plan Sénégal émergent (Pse). Parmi les priorités du chef de l’Etat, il y a la dynamisation du secteur de la microfinance, le fonds d’amorçage pour le logement, l’atteinte de l’autosuffisance en riz, l’industrialisation, l’autonomisation des producteurs de lait, la relance du secteur du numérique, la souveraineté alimentaire. Dans ses priorités, Macky Sall a aussi en vue le renforcement du secteur de la santé, de l’éducation, l’équité sociale et territoriale, mais également des secteurs émergents tels que les économies numériques.

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Fonds pour l’habitat social : 10 milliards F Cfa/an comme garantie, 30 milliards/an F Cfa pour l’aménagement et l’assainissement


La nouvelle maquette du Pap réajusté sera présentée mardi prochain pour validation, au cours d’un Conseil présidentiel consacré à la relance de l’économie sénégalaise. Une réunion à laquelle prendront part tous les ministres, directeurs d’agences et partenaires concernés. Le but du Conseil présidentiel est de rétablir la trajectoire initiale du Pse pour un véritable développement endogène porté par un secteur privé national fort. Dans les priorités du chef de l’Etat, Macky Sall figure le projet des 100 000 logements. Pour matérialiser cela, il a été décidé de la mise en place d’un fonds pour l’habitat social. Ousmane Wade en est l’administrateur : «Le Sénégal a toujours eu des politiques d’habitat, mais ce qui manquait, c’est vraiment l’aspect financier. Un instrument financier qui accompagnait cette politique d’habitat. C’est ce que le gouvernement a cherché à corriger. C’est cela l’innovation, avec la création cette fois-ci, du fonds pour l’habitat social, qui vient accompagner le financement du projet des 100 mille logements, le financement de l’habitat social de manière générale. Le fonds intervient à deux niveaux. Le fonds appuie la demande et le fonds dynamise l’offre», explique M. Wade. Le constat qui a été fait au ministère de l’Habitat est qu’au Sénégal, beaucoup ont un revenu irrégulier pour ne pas dire informel. «Si on dit revenu irrégulier, c’est des revenus qui ne sont pas souvent acceptés par les banques pour avoir un crédit immobilier, détaille M. Mbaye. On ne note pas la régularité des revenus pour cette catégorie de population qui représente 96% de la population. Il y a également 80% des Sénégalais qui ont des revenus réguliers, mais le niveau est faible. Ça ne leur permet pas d’obtenir un crédit immobilier auprès du système bancaire. Ces deux catégories sont exclues en générale du système bancaire. Elles n’arrivent pas à avoir un crédit immobilier pour accéder à un logement. La mission principale du fonds est de garantir les prêts destinés à l’acquisition des logements de ces primo-accédant à revenus faibles ou irréguliers. C’est du cash qu’on met au niveau des banques pour se porter garant au cas où elles n’arriveraient pas à payer le crédit pour accéder à un logement. Ça incite les banques à mettre en place les crédits, quand il y a une entité derrière. En cas de défaut, la garantie est mise en jeu. La Banque court moins de risques et par conséquent, elle est plus encline à mettre en place le crédit. Le fonds va permettre à des millions de Sénégalais d’accéder à un logement. Les garanties se feront aussi au niveau des systèmes financiers décentralisés (Sfd), c’est-à-dire les mutuelles.» C’est ainsi que pour la première phase du projet, 10 milliards F Cfa seront dégagés comme garantie. Ousmane Wade : «Ça nous permet de garantir toutes les personnes qui sont inscrites sur la plateforme et même plus. Ça permet de prendre en charge la phase pilote du programme. Le fonds réinjecte chaque année, 10 milliards F Cfa.»


Le fonds intervient aussi au niveau de l’offre. La question que l’Etat s’est posée est comment aider les promoteurs à produire des logements accessibles aux Sénégalais. La réponse : «Aujourd’hui, c’est des types F3 en moyenne 18 à 19 millions F Cfa. C’est des logements qui ne sont pas accessibles. Comment rendre ces logements accessibles ? L’Etat a décidé d’intervenir et de prendre en charge une partie de ce coût du logement. Le prix va baisser de 10 à 12 millions F Cfa. L’Etat va mettre le foncier à la disposition des promoteurs gratuitement. Il y a aussi l’aménagement avec les voies et réseaux divers (Vrd). Tant que les sites ne seront pas aménagés, ils ne seront pas habitables. Que ce soit l’eau, l’assainissement, l’électricité, la téléphonie, les routes, tout cela fait partie de ce que nous appelons Vrd. Ça a un coût assez élevé dans le prix du logement. L’Etat a décidé de supporter cela par le fonds pour l’habitat social pour l’ensemble des sites retenus pour construire les projets d’habitat du programme des 100 mille logements. L’Etat met à leur disposition le foncier, réalise les aménagements avec quelques exonérations fiscales et une garantie au niveau des banques. Pour les Vrd, on a réservé un montant de 30 milliards F Cfa annuel pour les premiers sites retenus (Bambilor, Kébémer, Tivaouane, Sébikotane…) et au fur et à mesure, faire le maillage du territoire.» Toujours pour rendre accessible le logement, le paiement sera échelonné sur quinze ou vingt ans. «Cela va donner des échéances qui ne vont pas dépasser 100 mille F Cfa. C’est le plateau d’amortissement de remboursement mensuel. Il y a certains dont le remboursement c’est 60 000 F Cfa, d’autres 80 000 F Cfa, l’essentiel, c’est de ne pas dépasser 100 000 F Cfa/mois, plus la garantie que le fonds va mettre au niveau de la banque. Le fonds va permettre de dynamiser la production parce qu’il y a une demande solvable en face. Le fonds est opérationnel parce qu’il est alimenté par une taxe sur le ciment qui est recouvré depuis le mois de mai et que les ressources sont aujourd’hui disponibles. Le fonds va bientôt démarrer le financement des Vrd et la garantie des premiers acquéreurs au niveau de l’ensemble des banques.» Selon leurs prévisions, les choses devront commencer à bouger au courant du mois d’octobre. «Nous sommes en train de faire les études pour les vrd, après passer à la réalisation et les promoteurs vont démarrer, assure Ousmane Wade. Nous sommes en train de travailler avec les banques pour les conventions.»


Agriculture : 1, 800 tonnes/an de riz pour une autosuffisance en riz en 2023, relance des autres céréales pour une souveraineté alimentaire


Dans le domaine de l’agriculture, le chef de l’Etat a misé sur une sécurité alimentaire. Le plan de l’autosuffisance en riz dont l’échéance a encore été reportée à 2023, sera revu et mis à jour. Ainsi, selon la nouvelle stratégie, le ministère va dérouler un programme de souveraineté alimentaire d’ici à la fin du Pap II ajusté : Il s’agira de mettre à jour le Plan national d’autosuffisance en riz (Pnar), qui sera adossé à un programme horticole et de relance des autres céréales afin d’assurer une diversification alimentaire. Même si le riz reste la culture phare, ce programme d’autosuffisance, selon des sources au ministère de l’Agriculture, ne se limitera plus à cette spéculation. L’objectif est de produire au moins, 1,800 tonnes grâce à un budget estimé à 800 milliards de F Cfa.


Santé : 500 milliards F Cfa pour le relèvement du plateau technique, l’amélioration des hôpitaux de niveau 3, un plan de réforme pour dénicher les dysfonctionnements


Le renforcement du secteur de la santé est aussi une des urgences ciblées par le chef de l’Etat dans le cadre du Pap II ajusté. Dans la stratégie qu’il compte dérouler, le ministère de la Santé et de l’Action sociale va insister sur le relèvement du plateau technique et la carte sanitaire à compléter. Ce département dirigé par Abdoulaye Diouf Sarr prévoit d’investir dans des structures hospitalières structurantes, notamment la création d’hôpitaux de niveau 4 et d’autres hôpitaux de niveau 1 et 2. Mais aussi, l’amélioration des hôpitaux de niveau 3. Il est prévu la construction de centres et postes de santé pour compléter le dispositif sanitaire de base. Sans compter l’effort prévu pour que le Sénégal puisse disposer d’un bon système de prise en charge sur les maladies qui nécessitent un plateau médical de pointe. Dans ce sens, l’hôpital Principal de Dakar, Dalal Jamm de Guédiawaye et le centre hospitalier régional de Saint-Louis seront relevés en niveau 4 de dimension internationale. Sans compter les quatre (4) hôpitaux en cours de construction, dont la livraison est programmée à la fin de l’année. Kédougou, Kaffrine, Sédhiou seront réceptionnés en décembre, d’après les prévisions du ministère. Deux mois après la livraison de la structure hospitalière de Touba. Dans cette stratégie qui sera présentée mardi prochain, au chef de l’Etat, figure également la pose de la première pierre à Diamniadio, avant la fin de l’année, du Centre national d’oncologie qui va prendre en charge de manière intégrale, tous les cancers.


Pour dérouler cette stratégie, le système de santé et l’action sociale seront dotés d’une enveloppe de 500 milliards de  F Cfa sur les cinq (5) prochaines années. Le ministère de la Santé compte anticiper sur les ressources humaines dans le but d’assurer la prise en charge correcte de ces nouveaux investissements hospitaliers. Des ressources humaines spécialisées seront adossées à l’ensemble des projets d’investissements prévus dans le secteur. Dans le recrutement et l’installation des spécialistes, une discrimination positive sera apportée aux zones éloignées afin d’éviter les déserts médicaux.


Les services du ministère envisagent de dérouler un plan de réforme pour accompagner cet investissement massif. Une révision visant à dénicher les dysfonctionnements et à y apporter les corrections appropriées. Aussi, aider le secteur à se départir des goulots d’étranglement qu’il a longtemps trainés tel un boulet. L’objectif étant de rendre le secteur efficace, efficient et performant. Ainsi, à la place d’obligation de moyens, le ministère veut dorénavant s’installer dans des logiques d’obligation de résultat en termes de performance des structures hospitalières.


AIDA COUMBA DIOP ET CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

admin

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