COVID-19 : «On va vers le chaos, si ....»

vendredi 22 janvier 2021 • 2213 lectures • 1 commentaires

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COVID-19 : «On va vers le chaos, si ....»

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Face à la recrudescence des cas de contamination au Covid-19 et à la saturation des structures de prise en charge des malades, le Pr Cheikh Mbacké Lo et Dr Amadou Yéri Camara sonnent l’alerte sur le comportement de certains Sénégalais. D’après eux, le déni de la maladie, le refus de se faire tester, entre autres, faussent les chiffres réels de la pandémie. Et ce sont des faits qui risquent de mener le pays au chaos.

Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Malgré la recrudescence de la maladie de Coronavirus depuis le mois de décembre, avec son lot de morts, un grand nombre de Sénégalais continue de nier l’existence du Covid-19. Une situation qui devient de plus en plus compliquée avec le refus de certains de se faire dépister ou d’autoriser les tests post-mortem sur des proches parents suspectés morts du Coronavirus. Des comportements qui aggravent la tendance haussière actuelle de la contamination liée à plusieurs facteurs, selon un communiqué du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips). Si aujourd’hui, la persistance du déni de la maladie et la baisse des activités de mobilisation communautaire entraînant une faible appropriation de la riposte par les populations accentuent la propagation du virus Sars-Cov-2, les chiffres officiellement livrés par les services du ministère de la Santé sont loin de correspondre à la réalité. D’après une source de L’Observateur, les chiffres réels dépassent largement ceux publiés quotidiennement par le ministère de la Santé et de l’action sociale. «Des malades présentant des symptômes refusent de se faire dépister et d’autres refusent de suivre les traitements. Il y a également le refus des tests post-mortem qui peut conduire à une situation
très dangereuse avec cette recrudescence de la maladie. Parce que le corps d’un défunt du Covid a une charge virale importante et il devient très contagieux. C’est pourquoi lors de la première vague, il y avait un protocole d’enterrement dans la stratégie de riposte. Et s’il n’y a pas un test post-mortem, toutes les personnes qui ont eu un contact avec le corps du défunt sont exposées à une contamination. Avec cette situation, on va vers le chaos», confie notre source. Au cœur du dispositif de riposte, notre interlocuteur souligne qu’avec cette deuxième vague  de contamination, il y a eu un relâchement au plus haut sommet. «On ne s’appuie plus sur un protocole, on dirait qu’il n’y a plus de stratégie. Alors qu’au début de la riposte, tout était clarifié, même les patients qui étaient dans les hôtels savaient les directives. Mais aujourd’hui, même nous qui sommes du personnel médical, nous ne savons pas comment orienter les malades. On nous parle de prise en charge à domicile pour les asymptomatiques, mais il n’y a pas de note l’officialisant. Et pour les cas graves, nous peinons souvent à les orienter dans les centres de traitement. Le dispositif de riposte n’est plus comme avant», se désole notre source. Pour ce spécialiste de la santé publique, le  dispositif qui a été mis en place au début de la pandémie était bon. Le Sénégal a été félicité pour cela. «Mais, c’est coûteux donc il ne peut pas durer pour un Etat comme le Sénégal. L’Etat ne pouvait plus supporter la charge financière. Mais, c’était la meilleure stratégie de riposte», dit-il.

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«Les chiffres réels dépassent largement ceux publiés quotidiennement»

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Professeur agrégé de santé publique, Cheikh Mbacké Lo est d’avis qu’avec le déni de la maladie et le refus de se faire tester, les chiffres officiels publiés quotidiennement par le ministère de la Santé ne peuvent pas refléter la réalité. Pr Cheikh Mbacké Lo : «C’est sûr qu’il y a beaucoup de malades aujourd’hui qui décèdent chez eux, sans qu’on leur fasse les tests. Cela fait que le nombre qu’on donne ne concerne que ceux (les malades, Ndlr) qui sont allés dans des structures sanitaires. Mais c’est sûr qu’il y a dans des coins reculés, des gens qui sont décédés du Covid-19 et qu’on a enterrés sans faire le test. Si on nous dit 10 décès, ça veut dire qu’il y en a plus. Cela remet en cause la vérité des chiffres. Mais l’Etat ne peut communiquer que ce qu’il a.» Pour le Professeur Lo, ce qui est étonnant aujourd’hui, c’est que les populations continuent de contester la maladie et font comme si de rien n’était. «Depuis presque un an, les spécialistes de la santé expliquent et sensibilisent, mais on dirait qu’on ne nous entend pas. Et au lieu de se concentrer sur l’application des mesures barrières, les gens polémiques sur les vaccins. Que les gens arrêtent de croire aux théories de conspiration de l’épidémie», avise Pr Lo. Qui reste convaincu de la nécessité de renforcer les dispositifs de protection dans les écoles et le transport. D’après lui, ces deux milieux sont propices pour propager la maladie. Le combat, dit-il, doit être communautaire pour diminuer le flux qui va à l’hôpital. Tout le monde doit être impliqué pour faire baisser la propagation de la maladie. «Il faut retourner à la stratégie de départ où toute la communauté a été mobilisée dans la riposte. Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est redémarrer ce moteur-là pour que tout le monde puisse s’y mettre et ne pas se focaliser sur le vaccin», explique- t-il.


«Retourner à la stratégie de départ»


Secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames), Dr Amadou Yéri Camara, signale qu’avec la recrudescence des cas de contamination, il serait dangereux de continuer à nier la maladie. Pis, de refuser les tests post-mortem sur un proche parent. Même si d’après le Secrétaire général du Sames, avec la première vague, les tests post-mortem n’ont jamais été systématiques. Dr Amadou Yéri Camara : «Il n’y a jamais de directive pour tester tout type de décès. Mais il y a des décès dont l’histoire présume une infection respiratoire et susceptible d’être un cas Covid. Dans un premier temps, ce sont ces tests qu’on effectuait. Et jusqu’à présent, il y a des tests post-mortem qui peuvent se faire. Maintenant, c’est aux populations de se ressaisir et d’arrêter le refus des tests ou le déni de la maladie. De par le monde, personne n’ignore la maladie. Il est dangereux de continuer à la dénier. On ne peut pas comprendre que le Covid prenne tout notre temps, handicape toutes nos autres activités et des gens continuent de croire à l’existence de la maladie.» Les spécialistes de la santé invitent à savoir que c’est en faisant un petit geste qu’on parviendra à avoir une influence collective sur la maladie. Mais si personne ne porte le masque et qu’on continue de faire comme s’il n’y avait pas la maladie, on risque d’aller vers le chaos.
FALLOU FAYE

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Publié par

Namory BARRY

admin

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