Déthié Fall, un avenir politique à...risques

mardi 29 décembre 2020 • 317 lectures • 1 commentaires

Politique 3 ans Taille

Déthié Fall, un avenir politique à...risques

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Déthié Fall est sur le point de quitter le Rewmi. Il a même annoncé l’échéance, en donnant rendez-vous, en janvier prochain, aux Sénégalais. Rétrogradé par son désormais ex-mentor politique, Idrissa Seck, l’ancien numéro 2 du parti est aujourd’hui face à son destin politique.

Jusqu’à un passé récent, il était le tout-puissant numéro 2 du parti Rewmi. Allié fidèle et ami proche de Idrissa Seck, Déthié Fall a pris faits et causes pour Idy partout, l’a défendu urbi et orbi. Mais ça, c’était avant que le patron du Rewmi ne rabiboche avec le chef de l’Etat qui, à la surprise générale, l’a nommé président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Dès lors, l’ennemi commun d’hier est devenu, pour l’un, ‘’un saint’’ à ne pas toucher. Et à ne surtout pas critiquer. Le député Déthié Fall l’aura appris à ses dépens. Après une sortie virulente contre le président de la République, lors du passage du ministre de l’Agriculture à l’Assemblée nationale, il est destitué deux jours plus tard de son poste de Vice-président du Rewmi. Comme pour enfoncer le clou (ou alors pour se racheter ?) le tout nouveau président du Cese, faisant une nouvelle restructuration de son parti ce 27 décembre, a nommé Déthié Fall, Secrétaire national chargé du développement industriel de Rewmi. Un poste que le député a élégamment refusé. A travers un post sur sa page Facebook, il s’en est expliqué. «Après ma destitution du poste de vice-président de Rewmi, suite à ma dernière sortie à l’Assemblée nationale, lors du passage du ministre de l’Agriculture, j’ai pris connaissance ce jour de ma nomination de secrétaire national chargé du développement industriel. Je remercie le Président Idrissa Seck et décline en même temps ce poste. Je vous donne rendez-vous très prochainement pour mon engagement politique exclusivement orienté au service du peuple sénégalais.» Un acte et une déclaration qui semblent sonner le glas des relations entre Idrissa Seck et Déthié Fall. Mais qui ouvrent également la voie aux perspectives sur l’avenir politique du désormais ex numéro 2 de Rewmi. Déthié Fall serait-il sur le point de quitter le Rewmi ? Envisage-t-il mettre sur pied sa propre formation politique ? Quel est son poids électoral réel ? Autant de questions qui se posent face à la situation actuelle.

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«Il doit prendre ses responsabilités et quitter le parti»

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Journaliste et analyste politique, Serigne Saliou Guèye indique que les signaux et la déclaration de Déthié Fall montrent que très prochainement, il va quitter le Rewmi. «Il dit qu’il donne rendez-vous pour son engagement politique au service du peuple sénégalais, ce qui est sûr, c’est que ce sera en dehors de Rewmi. Il est en train d’étudier les voies et moyens pour quitter son parti. Aujourd’hui, le goulot d’étranglement, c’est le fait qu’il détient un mandat de Rewmi, et s’il quitte le parti, il va perdre son mandat de député. Mais je ne pense pas que ce soit en rapport avec les privilèges financiers que confère ce poste, parce que Déthié est un cadre qui travaille dans une grande entreprise, et je crois que dès qu’il aura fini de concocter son projet, il va sortir du Rewmi.» Poursuivant, Serigne Saliou Guèye estime que Déthié Fall ferait bien de quitter ce parti, parce qu’il est en train d’être poussé vers la sortie. «Il doit prendre ses responsabilités et quitter le parti. Aujourd’hui, la voie de salut de Déthié, c’est d’étudier les voies et moyens pour quitter le Rewmi, et s’il le faut même, mettre sur pied un mouvement politique. Mais je ne lui conseillerai pas de créer un parti parce qu’on en a déjà plusieurs, mais pourquoi pas un mouvement qui puisse fédérer tous ces gens qui ont les mêmes schèmes de pensée que lui, pourquoi pas également essayer de voir les anciens Rewmistes qui ont quitté le parti, et essayer de mettre en place un projet politique pour aller à la conquête du pouvoir.» 


«Pourquoi ne pas s’allier avec les anciens Rewmistes»


Originaire de Saint-Louis, Déthié Fall n’a cependant pas ce qu’on pourrait appeler un fief politique qui lui est propre. Electoralement, il ne pèse pas lourd. Mais pour l’analyste, la notion de base politique est relative, et dans Rewmi, les seuls qui avaient des bases, c'étaient Idrissa Seck et Oumar Guèye. «Ce qui est important, ce sont les idées que Déthié Fall défend, et c’est sûr qu’il y aura des Sénégalais qui vont épouser sa nouvelle orientation politique. Il faudra aussi essayer de peser sur la politique nationale. C’est quelqu’un qui est pétri de qualités, mais qui est aussi très taciturne et qui n’a pas cette tonitruance que l’on connaît à Idrissa Seck, mais c’est quelqu’un qui peut mettre en place un mouvement politique et concocter un projet. Parce qu’il ne sert à rien de quitter un parti et de créer un mouvement qui tire dans la même direction.» Serigne Saliou Guèye croit savoir que Déthié Fall devrait essayer de fédérer les synergies et rassembler les forces autour de lui. «S’il essaye de faire cavalier seul, il peut connaître quelques difficultés, mais s’il s’allie avec quelqu’un comme Thierno Bocoum ou Abdourahmane Diouf, ce ne serait pas mal, et il y aurait certainement d’autres Rewmistes qui n’hésiteraient pas à les rejoindre, parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de frustrés au sein de ce parti et qui se sont résignés, mais qui, à la moindre occasion, partiront.» Aujourd’hui, l’avenir politique de Déthié Fall dépendra tout simplement de ce qu’il va présenter aux Sénégalais, fait savoir l’analyste. «Et beaucoup de Sénégalais ont apprécié la posture de Déthié lorsqu’il n’a pas hésité à formuler des critiques contre le président à l’Assemblée nationale, ce qui lui a valu tous ces déboires. Mais à mon avis, ce qui va lui valoir une certaine popularité et une certaine adhésion à ses idées, c’est ce qu’il va présenter.» Mais pour l’enseignant en Science politique à l’Université Gaston Berger, Pape Ogo Seck, Déthié Fall risque de subir le même sort que Khalifa Sall ou Malick Gakou. «Leurs poids politiques sont et seront davantage fragilisés, notre impression est que l’opposition est aujourd’hui réduite à sa plus simple expression.» Prenant l’exemple des rapports entre Moustapha Niasse et Gakou, entre feu Ousmane Tanor Dieng et Khalifa Sall, et entre Abdoulaye Wade et Omar Sarr, le Pr Seck estime que la division au sein de l’opposition est plus que consommée. Et ce, par le fait du pouvoir. «Je pense que l’opposition politique est sous le collimateur du pouvoir, le syndrome de division dont elle est victime ne date pas d’aujourd’hui et ceci ne fait que l’affaiblir.»


«S’il démissionne, il perd son mandat de député»


Elu député grâce à la coalition Takhawu Senegal lors des Législatives de 2017, Déthié Fall siège à l’Assemblée nationale en tant que député non inscrit. Sa démission du parti Rewmi plus que probable, au vu du déroulement des évènements, son poste de député serait en jeu. Car le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, en son article 7, tout comme la Constitution, en son article 60, disent que «tout député qui démissionne de son parti en cours de législature, est automatiquement déchu de son mandat». Mais sachant que Déthié Fall n’a pas été élu avec son parti mais avec une coalition, il y a un flou. «Les textes ne parlent pas de coalition, mais de parti, donc il y a un vide juridique sur ce plan, fait savoir le parlementaire Alioune Souaré. Mais il est libre de créer un mouvement et de s’affilier à cette coalition.» Pour le constitutionnaliste Mouhamadou Ngouda Mboup, même élu dans le cadre d’une coalition, un député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. «Une coalition est certes un regroupement de plusieurs partis mais pour autant, ce sont les partis qui sont visés et non les coalitions», explique-t-il. Il ajoute qu’il existe une lacune regrettable, dans la mesure où les entités indépendantes semblent être oubliées par cet article, alors que ces entités peuvent déposer des listes tout en ayant la possibilité de remporter des sièges. «Il faut se remettre à l'ouvrage en modifiant l'article 60 et élargir son champ d'application en ne visant pas seulement les députés mais "tout élu".»


ADAMA DIENG

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Publié par

Namory BARRY

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