Falla Paye, l'autopsie psychologique d'un "suicide altruiste" par le Dr Abou Sy

mardi 9 novembre 2021 • 3480 lectures • 4 commentaires

Société 2 ans Taille

Falla Paye, l'autopsie psychologique d'un

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Il se limite juste à surfer sur les concepts généraux. Sans entrer dans les détails du drame survenu ce week-end à Sacré-Cœur, le Professeur Abou Sy, psychiatre et criminologue nous parle du suicide en général, ce qui peut pousser un individu à en arriver à un tel stade de désespoir. Le prétexte est le crime qui aurait été commis par le Docteur Falla Paye, un dentiste qui se serait par la suite tué. Ayant des problèmes conjugaux, le dentiste avait décidé de régler le problème de la pire des manières.

En instance de divorce avec sa femme à qui la justice avait confié la garde des enfants, il n’avait que les weekends pour voir ses enfants. Il en a profité samedi dernier pour attirer ses trois enfants, enfants (Mohamed (13 ans), Ndèye Fatou (11 ans) et Thialys Paye (8 ans) dans un cabinet médical, sis à Sacré-Cœur pour les tuer avec une injection avant de s’ouvrir une veine. Laissant derrière lui, une lettre pour justifier son acte…

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LE SUICIDE, UN ACTE PASSIF OU ACTIF «Je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille éplorée. En tant qu’expert auprès des tribunaux, je ne peux pas m’exprimer spécifiquement sur une affaire judiciaire en cours. Sans entrer dans les détails de cette affaire, le suicide, comme on le définit chez nous, c’est quand une personne pose un acte. Un acte passif ou actif qui peut conduire à la mort. Globalement, dans nos sociétés, on pense que quand on parle de suicide, c’est juste quand la personne se donne la mort en s’égorgeant, en se tirant une balle dans la tête ou en buvant quelque chose qui peut conduire à la mort. Ça, c’est le suicide actif. Le suicide peut aussi être passif. C’est quand la personne s’abstient de boire, de manger, de prendre un traitement et qui aboutit à la mort. Le suicide peut être une réaction face à une situation donnée, sans pourtant entrer dans le cadre pathologique. Le suicide peut survenir dans le cadre d’une maladie. Que cela soit une maladie psychiatrique ou organique. Quelqu’un peut souffrir d’une dépression des schizophrénies, être profondément triste, ou entendre des voix qui lui demandent de se tuer… et il se tue. La personne peut être atteinte d’une maladie douloureuse et elle se donne la mort pour s’extraire de la douleur. Sur ce dernier aspect, la personne pense alors que la seule façon de faire arrêter ce mal, c’est de se tuer. Parallèlement à la douleur physique, nous avons la souffrance qui est psychique. La personne peut être dans un état de souffrance tellement importante qu’elle pense que la seule façon de se soustraire de cette souffrance c’est de se donner la mort. Un suicide peut être secondaire à une réaction à un évènement particulier. Il peut être dû à une maladie psychiatrique. Comme elle peut être secondaire à une maladie organique. Ce n’est pas parce que la personne s’est suicidée qu’elle souffre d’une pathologie psychiatrique. Même si c’est une éventualité. Un milliardaire qui, du jour au lendemain, se retrouve sans un rond, peut se donner la mort, sans pour autant souffrir d’un trouble psychiatrique. Cela est de même pour une déception amoureuse parce qu’on est tellement attaché à la personne qu’on préfère mourir que de vivre sans elle. Même si cela n’entre pas dans le cadre purement psychiatrique, cela peut être psychologique parce que la personne ne peut pas vivre en l’absence de celle qu’elle considère comme sa moitié. 

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SUICIDE ACLTRUISTE…UN ACTE D’AMOUR «Pour ce cas-ci, si l’enquête conclut à un suicide, cela pourrait entrer dans les suicides altruistes où la personne se tue et donne la mort à des proches dans un cadre bien défini. Quand de tels faits se produisent, les gens sont très attristés parce qu’ils se focalisent sur la violence de l’acte. Mais au delà de l’aspect de jugement, très souvent, quand on fait l’autopsie psychologique, on se rend compte que ce sont des gens qui étaient en souffrance. On se rend compte que ce sont des gens qui étaient en dépression. Et l’acte qu’ils posent, c’est un acte d’amour par rapport à son fils, à son conjoint ou à une personne qu’il aime et qu’il veut soustraire de la souffrance qu’il a eu à vivre. Cela peut expliquer quelques fois qu’un individu, dans un cadre bien déterminé, donne la mort à un proche et se tue par la suite. Ce n’est pas forcément un acte barbare et de méchanceté. A contrario, il peut s’agir d’un acte d’amour envers la personne qui est tuée pour lui éviter une souffrance. Je donne l’exemple d’un père de famille qui pense que la vie n’est que souffrance et qui décide de se donner la mort se pose. Il va se poser énormément de questions sur l’avenir de son enfant qu’il va laisser derrière lui : ‘’Qui va s’occuper de lui, si je meurs ? Comment il va vivre dans ce monde qui m’a donné tant de souffrance ? Qui va s’occuper de lui ?’’ La personne va préférer tuer son enfant pour le soustraire de la souffrance. On doit mettre l’accent sur la souffrance de la personne qui décide de se suicider. Normalement, l’être humain est programmé pour ne pas se donner la mort. La pulsion de mort doit être inférieure à la pulsion de vie. Ce qui doit nous pousser à vivre doit être supérieur à ce qui doit nous pousser à mourir. Chacun d’entre nous à en son sein ces deux pulsions. Seulement, la pulsion de vie est au-dessus de la pulsion de mort. C’est ce qui nous permet de ne pas nous donner la mort et de continuer à vivre. Mais une fois que cette pulsion de mort est puissante, gagne du terrain à force des évènements, cette personne va se soustraire de la vie.»
Aïda Coumba Diop

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Publié par

Namory BARRY

admin

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