Football - Démarrage à huis clos des championnats, le pari risqué des présidents de club

samedi 2 janvier 2021 • 553 lectures • 1 commentaires

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Football - Démarrage à huis clos des championnats, le pari risqué des présidents de club

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Le football local débute le nouvel an avec l’espoir de se remettre de la claque du Covid-19 pour ne pas mourir de sa belle mort. A partir de ce week-end, le football va se jouer au Sénégal, mais à huis-clos, sans recettes, sans tests Covi-19 pour les acteurs avant les matchs parce que les clubs n’en ont pas les moyens, encore moins la Ligue Pro. La reprise se fera dans le strict respect du protocole sanitaire.

La situation est difficile, mais aux yeux des présidents de club, reprendre la compétition reste un impératif, pour au moins sauver des emplois. En attendant l’aide de l’État.

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Mbaye Diouf Dia, président Mbour Petite Côte : «Nous allons vers une difficulté énorme»


«Nous avons insisté pour la reprise parce que partout dans le monde, les gens ont repris les compétitions. Les joueurs n’ont que le foot pour gagner leur vie. Nous sommes plus de 3 000 Sénégalais, nous sommes l’une des sociétés les plus importantes. J’avais personnellement misé sur la reprise en pensant à un huis-clos restreint avec 100 à 150 personnes, des privilégiés qui payent 15 000 à 20 000 FCfa leurs billets d’entrée. Un huis-clos avec 30 personnes uniquement, nous allons vers une difficulté énorme, parce que 80% des clubs vivent des recettes d’entrée. Avec le huis-clos, les clubs ne percevront rien, alors qu’ils prennent en charge les frais d’organisation, location de stade... En plus du salaire des joueurs, l’encadrement technique. Nous, Mbour Pc, Diambars, Génération Foot…nous avons au moins l’avantage d’être aidés par des partenaires. Mais les autres, si j’étais à leur place, je verrais très mal le huis-clos. On va se battre pour que les mesures barrières soient respectées et que l’État se rende compte que c’est possible de jouer avec quelques supporters. Ça pourrait aider les clubs à amortir le choc, surtout que nous n’avons encore rien reçu, à part la subvention qui a été donnée sur le fonds Covid. Des présidents de club vont se ruiner encore. L’État a dit qu’il a déjà donné 500 millions Cfa à la fédération. Si on décompte ça de ce qui a été donné aux clubs, c’est moins d’un milliard Cfa sorti par la fédération pour un pays qui vient d’une coupe du monde et d’une finale de coupe d’Afrique. Il faut que les présidents de club actionnent tous les leviers pour que l’argent généré par l’équipe nationale A soit reversé au football local. A Mbour Pc, on a dépensé presque 80 millions Cfa pour démarrer la saison passée. La pandémie est arrivée et nous étions obligés d’arrêter. Aujourd’hui, nous allons reprendre, nos entraîneurs (des Italiens) sont logés à l’hôtel, leur prise en charge nous coûte 60 à 70 millions Cfa, sans compter les salaires, leurs primes etc.


Notre ambition, c’est de mettre une assise financière solide pour s’en sortir. »


Seydou Sané, président Casa Sport : «C’est un manque à gagner énorme…»


«Comme les autres secteurs, nous sommes impactés par cette pandémie. La grande équation est que nous allons commencer le championnat, mais à huis clos, c’est-à-dire qu’on ne peut pas dépasser plus de 90 personnes pour chaque équipe. 30 personnes pour chaque délégation d’équipe, plus 15 officiels, plus 15 de la presse. C’est très difficile pour un club comme le Casa Sport qui draine du monde. A chaque fois qu’on jouait, on arrivait à avoir de l’argent pour payer l’organisation et nous faire une réserve qui nous permet d'enchaîner et de prendre en charge les voyages. Si on n’a pas cet argent, c’est un manque à gagner énorme. Les charges vont être encore plus importantes. Pour le reste, le moral est bon, les gens se sont préparés, il nous reste maintenant la pratique du jeu. C’est vrai que c’était compliqué pendant le stage, parce que les gosses sont restés plus de 8 mois sans jouer. Les ambitions restent les mêmes. Cette année, il faut une coupe au moins ou être sur le podium. On a mis les moyens à notre disposition pour y arriver.»


Djibril Wade, président NGB : «L’effort des présidents de clubs doit être partagé…»


«On a terminé dans la difficulté l’année dernière. Même s’il n’y avait pas la Covid-19, les clubs commençaient à s’essouffler. Aujourd’hui, nous avons un devoir envers les gens avec qui on travaille, donc on est obligé de faire des efforts pour faire démarrer cette saison-là. En tant que président, je connais les conséquences du Covid, mais sur le plan économique, le temps où je suis resté sans jouer, je me suis fait de l’argent. Mais aujourd’hui, est-ce que moralement, je dois croiser les bras et regarder les jeunes rester sans jouer. Il y a un effort à faire. Mais l’effort doit aussi être partagé entre la Ligue Pro, la fédération en tant que délégataire et l’État. 


Nous sommes 28 clubs professionnels, mais au moins, les 20 souffrent. On va reprendre ce championnat, j’ai 33 joueurs et un staff, à peu près 40 personnes. Je suis à 22 millions Cfa, rien que pour la préparation de la saison. Ce qui n’a rien à voir avec les salaires, le matériel etc. C’est dans la difficulté que nous allons reprendre, mais nous sommes en train de surmonter ça. Depuis 10 ans qu’on joue un championnat professionnel, il y a quand même des résultats.


On ne peut pas aujourd’hui tout chambouler, mais on doit penser aujourd’hui à une meilleure résolution. Pour nous, c’est heureux que le président de la République nous vienne en aide en nous offrant un terrain pour le club. Voilà des choses qui nous encouragent. Depuis trois ans, ça ne marche pas pour nous parce que nous sommes essoufflés. Personnellement, je n’étais pas très présent, j’étais occupé par la mairie. Là j’ai pris une seconde dose. On a comme ambition de faire partie du top 5, de gagner une coupe pour aller en Afrique.» 


Saer Seck, président de la Ligue sénégalaise de football professionnel  : «On est devant un dilemme»


«C’est clair qu’il y a un manque à gagner avec le huis clos. On a les charges d’organisation et il n’y a pas de vente de tickets. Forcément, il y a un manque à gagner qui constitue un accroissement du déficit. La seule manière de le combler c’est de travailler sur le volet commercial. Mais il existe beaucoup de difficultés à le faire. La réalité, c’est que nous n’avions pas beaucoup de réussite sur le plan marketing et commercial. Avec le Covid qui frappe aussi les différentes entreprises, le volet commercial est de plus en plus difficile. Mais il faut travailler en donnant de la visibilité à nos compétitions de manœuvrer pour récupérer un certain nombre de ressources qui permettront de compenser le manque à gagner des clubs. On est devant un dilemme. Cela fait 10 mois que nous ne jouons pas. Est-ce qu’il est possible, en tant que dirigeants, de continuer à ne pas jouer, même si on sait que cet exercice va être plus difficile. C’est la responsabilité des dirigeants de ne permettre à notre football de mourir avec le Covid-19.»


MATAR GAYE, MANAGER GENERAL DE L’AS PIKINE : «Nous allons nous donner les moyens de réaliser notre ambition de tout remporter»


A l’heure de la reprise du championnat de Ligue 2 après 10 mois de repos forcé par la pandémie du Covid-19, c’est la sérénité du côté de l’As Pikine. Le manager général de l’équipe explique les raisons de la sérénité et de l’optimisme qui prévalent dans les rangs : «On est fin prêt pour aborder le championnat. Après une séance de 21 jours de préparation à Pikine, nous avons séjourné à Mbour pour une préparation de 21 jours également. Ce qui fait un total de 42 jours d’intense préparation à tous points de vue.» L’As Pikine n’entend pas faire dans la simple figuration pour amuser la galerie, loin s’en faut. Les ambitions de l’équipe qui sont à la mesure de la préparation, ont été déclinées par Matar Gaye : «Nous allons nous donner les moyens nécessaires de réaliser notre ambition de tout remporter.» Tout remporter est certainement plus facile à dire qu’à faire. Il ne relève pas toutefois du domaine de l’impossible, pourvu que l’équipe s’entoure des conditions optimales de performance. De ce point de vue, l’As Pikine a mis en branle une stratégie de bonne santé financière : «Nous avons bon espoir que notre appel de levée de fonds sera entendu et satisfait par les Pikinois pour l’atteinte de l’objectif de 100 millions de FCfa destinés à la construction du siège de l’équipe et sa bonne  préparation.»


RECEPTION DE L’AS PIKINE : Le Ndiambour de Louga ne compte pas rater la reprise


Après 10 mois de pause, le Ndiambour de Louga va se lancer dans la course au titre du championnat national de la Ligue 1. La rencontre qui opposera les Lougatois à l’As Pikine, ce dimanche à huis-clos au stade régional Alboury Ndiaye, aura un goût particulier pour la majorité des joueurs qui feront leur baptême de feu.  Malgré tout, l’optimisme est le sentiment le mieux partagé du côté des dirigeants et membres de l’encadrement technique. Mor Sylla dit Arché, président de la section football du Ndiambour, croise les doigts, car pour lui, «les joueurs sont très conscients qu’ils ne doivent pas perdre ce match de la reprise». L’ancien footballeur devenu entraîneur, fonde son optimisme sur les conditions de préparation de l’équipe et sur le recrutement qu’il juge satisfaisant. «Nos joueurs sont mis dans d’excellentes conditions. D’ailleurs, lorsque nous étions en préparation hivernale en Gambie, nous logions dans l’hôtel où l’Equipe nationale de la Gambie fait ses regroupements. Les joueurs s’étaient donnés à fond. Notre président nous a mis dans les meilleures conditions possibles. Pour cette saison (2021-2022), nous visons le titre de champion de la Ligue 1. Certes, nous avons trois blessés à l’infirmerie, mais nous avons un groupe complet et interchangeable.  Les joueurs se sont entrainés aujourd’hui (vendredi), ils se reposent demain (samedi) pour mieux aborder le match de dimanche. Notre seul regret est que le match se jouera à huis clos, ce qui empêchera à notre public très collé à l’équipe de nous pousser à fond.»


 AMARY GUEYE et ABDOU MBODJ

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Publié par

Namory BARRY

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