Amsatou Fall liste les goulots d’étranglement du Football professionnel

samedi 26 septembre 2020 • 346 lectures • 1 commentaires

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Amsatou Fall liste les goulots d’étranglement du Football professionnel

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Directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football professionnel, Amsatou Fall pose un regard lucide sur les goulots d’étranglement de la discipline au Sénégal. Non sans proposer des solutions pertinentes.

DIFFICULTES FINANCIERES DE LA LIGUE

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Si on analyse le Football Professionnel au Sénégal d’un point de vue systémique, il faut admettre qu’il est confronté à de réelles contraintes de nature exogène pour son financement. Avec les difficultés qui secouent la LSFP, notamment le déficit de financement de ses activités, niveau central comme niveau clubs, des acteurs directs comme indirects, d’horizons divers ont été invités ou se sont invités dans les différents forums pour débattre de la question. Des arguments ont été développés, beaucoup d’interrogations ont été formulées, sans véritablement une identification et un partage des termes de référence relatifs aux leviers qui doivent financer le Foot Professionnel au Sénégal et partout ailleurs. Le Football Professionnel ne peut être analysé indépendamment du système social qui l’englobe ni du système associatif qui fonde sa légitimité et dans lequel il puise son paradigme.

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UN FOOT PRO SANS DROIT TELE


Aujourd’hui, la première recette du Football Professionnel dans le Monde reste les droits télévisuels, or le Sport ne constitue pas une priorité dans les grilles des programmes des Télévisions locales, et qui de surcroît, n’ont pas les moyens de financer le spectacle sportif créé par les compétitions de la Ligue professionnelle. On distingue globalement trois (3) types de relations entre les Télévisions et le Sport : Un premier scénario pour lequel les chaînes de télévision payent des droits pour avoir l’autorisation de diffuser le spectacle, notamment l’événement sportif. Elles sont chargées de produire les images à leurs frais. C’est le cas de la plupart des Nations abritant le Sport Professionnel. Le deuxième type de relation pour lequel les chaînes ne paient pas de droits, mais doivent produire les images à leurs frais, c’est le cas des Sports dits intermédiaires. Enfin le troisième scénario pour lequel les chaînes ne paient pas, les frais de diffusion restent à la charge des organisateurs. Les images sont ‘’offertes’’ en espérant créer à terme, une dynamique autour des compétitions qui permettra de vendre les images à des Sponsors. La Ligue Sénégalaise de Football Professionnel est plutôt classée dans les deux (2) dernières catégories. Rappelons pour la petite histoire, que l’émission Téléfoot, un des fers de lance de TF1, une des émissions les plus rentables avait été proposée par la Ligue Nationale de Football (L.N.F, devenue L.F.P. : Ligue de Football Professionnel en 2002) au service public en 1978 gratuitement : celui-ci a refusé, jugeant à l’époque qu’une émission entièrement consacrée au Football ne serait pas rentable. Aujourd’hui, cette anecdote peut faire sourire. Malheureusement pour la Ligue Professionnelle, les Télévisions sénégalaises n’ont pas encore pris la pleine mesure de l’Elite du Football local comme activité sportive, mais aussi comme spectacle sportif et comme activité économique majeure.


Le partenariat LSFP/STARTIMES aurait dû constituer une bouffée d’oxygène pour le Football sénégalais, notamment pour son Elite en garantissant sa visibilité et surtout en lui apportant des ressources financières conséquentes. Malheureusement, on connaît la suite, ce partenariat avec STARTIMES est toujours bloqué. Nous continuons à nous interroger, tout en espérant des lendemains meilleurs.


 


ABSENCE DE SPONSORS


Inévitablement, nos compétitions ont besoin de la Télévision d’abord pour asseoir leur médiatisation et créer la starification des joueurs du Football local avec tous les effets que cela induit (visibilité des joueurs sur le plan national et international et augmentation de leur part de marché) et ensuite pour attirer des Sponsors et développer la visibilité de la LSFP et son volet Marketing. Dans le cadre du Football, le Sponsor est intimement lié à la Télévision qui lui permettra de faciliter son retour d’investissements, en termes de notoriété, d’image positive et de chiffre d’affaire. Les compétitions avec l’avènement du professionnalisme, sont devenues aussi une réalité économique. Nous avons l’obligation de nous donner comme objectif de vendre nos compétitions à des Partenaires, des Sponsors potentiels privés ou publics et de les fidéliser. C’est en effet à travers les compétitions que le Partenaire pourra développer sa propre communication, son image et sa notoriété. Le Sport, avec l’appui de la Télévision, en tant que Média, est le seul support qui entretient avec son audience une aussi forte relation émotionnelle et affective, ce qui fait de lui un vecteur de communication sans équivalent pour les marques et les Sponsors.


 


ACCOMPAGNEMENT DE L’ETAT


L’Etat poursuit une tradition d’intervention dans la gestion du Sport en général dans différents domaines. Concernant le Football, il est présent dans les équipements sportifs, en rénovant ou en construisant de nouveaux stades, il est présent dans l’accomplissement de la tutelle qui s’inscrit dans une dynamique de proximité et de concertation, en parfaite harmonie avec les autorités sportives. L’appui et le soutien de l’Equipe Nationale sont sans équivoque ; ce qui confère à notre Onze national un standing très envié en Afrique, relativement à son mode de fonctionnement, à la logistique qu’elle mobilise. Cependant, force est de constater que cet accompagnement souffre d’un réel déséquilibre ; car le Football est la seule discipline sportive au Sénégal avec une élite statutairement professionnalisée depuis 2009 et qui ne bénéficie pas de l’aide de l’Etat. Rappelons qu’au regard de la genèse de l’avènement du Football Professionnel au Sénégal, l’Etat sénégalais avait clairement exprimé sa volonté d’accompagner et d’encourager le projet de réforme du Football sénégalais par des actes et des décisions de relance et de rappel à la Fédération Sénégalaise de Football. On peut en citer : Lettre en date du 19.03.2003 pour la réactualisation du projet de réforme du Football sénégalais du dernier Comité Directeur Provisoire (C.D.P). Décision n° 04-058 portant l’érection d’un Comité de Pilotage dont les membres proviennent essentiellement du Ministère des Sports, de la FSF et du Mouvement sportif. Ce Comité, après plusieurs mois de travail, a transmis les conclusions à la FSF. Une Communication a été faite en Conseil des Ministres par le Ministre des Sports et un déjeuner de presse organisé pour la vulgarisation du projet. Aucun Football professionnel ne s’est développé en Afrique et partout ailleurs sans l’accompagnement de son Etat, au moins pour sa phase de démarrage et de lancement de la nouvelle aventure, après des années d’amateurisme.


 


L’Etat peut encore rehausser la volonté politique pour accompagner ce secteur d’activité organisé sur une base non gouvernementale et volontaire, et compte plus d’acteurs, participants et bénévoles qu’aucune autre activité. Pour preuve, les statistiques de la LSFP renseignent, à plus d’un titre, des chiffres de plus deux mille (2 000) emplois directs et indirects créés par les Clubs professionnels à travers le pays. Le Football professionnel génère d’autres externalités positives dans le domaine de la Santé, de l’Education et de la Formation d’une partie de la jeunesse : En exemple l’érection d’un Lycée de la 6e à la Terminale à Deny Birame NDAO, le temple de Génération Foot, dont les résultats au Baccalauréat de cette année atteignent les 100%, et au Bfem 88%. Il en est de même pour l’Institut Diambars qui a totalisé au Baccalauréat plus de 85% de réussite et 85 % au Bfem. Il apporte une valeur ajoutée au niveau des Sélections de Jeunes U17 – U20 qui sont devenues plus performantes dans les compétitions africaines et mondiales, sans oublier la vitrine du Football sénégalais, notre Equipe Nationale, dont plus de 60 à 70% des joueurs sont passés par l’Elite du Football local. Nous nourrissons toujours l’espoir de recevoir une attention et un soutien de l’Etat sous l’impulsion de Monsieur le Président de la République, car nous avons la claire conscience qu’aujourd’hui, l’accompagnement de l’Etat est incontournable dans le financement des Clubs professionnels, directs ou via la Ligue. Cela permettra de décrocher des subventions ou de créer un environnement propice à attirer les capitaux, condition sine qua non pour avoir de grands clubs, compétitifs en Afrique.


LES CLUBS SENEGALAIS ET LES COMPETITIONS AFRICAINES


Aujourd’hui, la différence des Clubs de haut niveau, qu’ils se trouvent en Afrique ou ailleurs, c’est la suprématie de la compétitivité économique et de la compétitivité sportive et ces deux aspects sont dialectiquement interdépendants. Il y a quinze (15) ans et plus, cette compétitivité économique n’était pas déterminante. En Afrique principalement, les Clubs n’avaient pas tous des droits télévisuels, ou pas les montants qu’il y a aujourd’hui. Les subventions accordées aux Clubs par leur Etat n’étaient pas substantielles, du fait d’une appréciation approximative des externalités positives que génère le Football. Les Fédérations sportives n’étaient pas riches pour aider substantiellement les Clubs, car les subventions issues des Instances internationales CAF/FIFA n’étaient pas aussi importantes qu’elles le sont aujourd’hui. Cette situation a radicalement changé et par ricochet, les Clubs sont devenus économiquement plus outillés et malheureusement, ce n’est pas le cas au Sénégal, même si des efforts sont en train d’être menés par la FSF, ces dernières années. Cette insuffisance de compétitivité économique influence la compétitivité sportive de nos Clubs. Le Club sénégalais ne peut pas se renforcer par trois (3) ou quatre (4) bons joueurs étrangers de niveau international.  Le Club peine à garder ses meilleurs joueurs (instabilité de l’effectif pendant 3 à 4 ans due à plusieurs raisons, dont celle relative à la pression des parents). Les salaires des meilleurs joueurs qu’on souhaite garder ou acheter pour deux (2) ou trois (3) saisons ne sont pas compétitifs. Les conditions de travail et de gestion de l’équipe (terrain, matériel, stage de quelques jours) ne sont pas toujours les meilleures. Les supervisions de nos adversaires sont presque inexistantes et nos clubs, privés de cet aspect important du haut niveau, découvrent leur adversaire le jour-J. Tout cela, faute de moyens proportionnellement à toutes les charges requises. En tenant compte de ce qui précède, on peut en déduire que les clubs sénégalais pour la plupart, continuent de souffrir d’une crise de croissance issue d’un héritage très ancien de l’amateurisme et surtout d’une faiblesse criarde de ressources financières : compétitivité économique qui impacte négativement sur la gestion sportive, relative à la compétitivité sportive.


 

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Publié par

Namory BARRY

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