Football : Teungueth Fc, les secrets de la réussite

mercredi 13 janvier 2021 • 681 lectures • 1 commentaires

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Football : Teungueth Fc, les secrets de la réussite

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Dix ans. C’est le temps qu’il faut à un arbre pour donner de la truffe. C’est aussi le temps qu’il a fallu à TFC pour changer de dimension. Le champion du Sénégal en titre étend ses tentacules en Afrique en s’adossant à un projet articulé autour de balises sur la route du succès, non sur des temps de passage. 

Le retour des héros. La qualification de Tfc aux phases de poules de la Ligue des champions lui confère une dimension supérieure. Et une cote grandissante. Si c’est seulement quelques dizaines de badauds qui ont envahi le stade Ngalandou Diouf en cet après-midi du vendredi 8 janvier 2021, improvisant une chorale pour chanter le mérite des joueurs de Teungueth Fc, c’est toute une ville qui a célébré la qualification en phase des poules de la Ligue des champions CAF du club de Rufisque. Les fans de TFC qui ont eu peu d’occasions pour fêter leurs héros, déjà privés de festivités par le Covid, après le sacre de champion du Sénégal 2020, ont voulu marquer le coup en donnant de l’ambiance à la première séance d’entraînement de l’équipe revenue jeudi du Maroc avec le scalp du Raja de Casablanca et le visa pour la phase des poules dans les bagages. Les poulains de Youssoupha Dabo ont préparé leur premier match de la saison de Ligue 1 sénégalaise sous le rythme de l’assiko. Mais 48 heures après, un nul devant le Cneps Excellence est venu parasiter la mélodie du bonheur. C’est la rançon du succès. L’adversaire se sentant plus faible, a refusé le jeu pour contraindre le champion du Sénégal à abandonner deux précieux points. Mais son ambition reste intacte : devenir un grand d’Afrique à l’aune de ses 10 ans. (il les aura en juin). Une ambition adossée à un management sans faille, un modèle économique viable et un projet sportif sérieux.

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La mise sur orbite

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Au début de l’histoire, Diokoul Fc faisait référence à un quartier de Rufisque. Et pour toucher une base affective plus large, le club fondé en 2009, par feu Mbaye Ndoye, ancien président de la Fédération sénégalaise de football, a été rebaptisé Teungueth Football Club. Nommé président du club qui a pris part au championnat de football professionnel lancé en 2009, mais relégué en national 1, à l'issue de la saison 2010, Babacar Ndiaye s’était promis de bâtir un modèle de gestion professionnelle avec un budget de 55 millions FCfa, même si le club évoluait dans le championnat amateur. Le rêve d’alors, celui de monter un grand club avec les talents de Rufisque, sans concurrencer l'ASC Yaakaar club de la même localité qui évoluait dans l'élite du football, est devenu réalité. Mais pas sur un claquement de doigt. «Le projet a commencé il y a 10 ans. C’est un club qui grandit petit à petit. On a commencé en National 1 pendant 5 ans, on s’entraînait tous les jours à Guédiawaye pendant 8 ans, parce que le stade Ngalandou Diouf n’était pas fonctionnel. Les joueurs allaient à l’entraînement en Car Rapide, ils ont fait des sacrifices. C’est la génération des Pa Ali Kane, Abass Ndiaye, Emile Sène, Mame Abdou Ndoye… qui ne sont plus là. Ils ont fait la National 1, ils sont allés en D2. On est monté en Ligue 1 la saison 2016-2017. La première année en Ligue 1 a été très dure, on s’est maintenu sur le fil et après, ça s’est amélioré, on a fini troisième à la Coupe du Sénégal. On a gagné la coupe du Sénégal (2018-2019) et le championnat de Ligue 1 en 2020», raconte le président Babacar Ndiaye, les yeux pétillants de fierté. Mais le président ne tient pas à tirer la couverture de son côté. Il rend hommage au staff technique, dont le directeur technique, Alassane Dia, l’entraîneur, Youssoupha Dabo, feu Mbaye Ndoye qui a créé ce club avec Diogal Pouye, Souleymane Diop, le directeur d’exploitation…tous les dirigeants, la ville de Rufisque. «Chacun peut revendiquer cette réussite de TFC. Au début, on était très informel. Jusque-là, on continue de se développer. Il y a des structures à mettre en place, des compétences qui arrivent. C’est comme un train, des gens qui descendent et d’autres qui montent. On est en train de travailler sur la nouvelle organisation parce que le club grandit», dit Babacar Ndiaye.


Youssoupha Dabo, le magicien 


La force de TFC, c’est également un staff technique de qualité avec à sa tête, le chevronné Alassane Dia, le directeur technique. L’entraîneur Youssoupha Dabo est le magicien qui a donné au club ses ailes, en décrochant sa première coupe du Sénégal (2018-2019) et son premier titre de champion de la Ligue 1 sénégalaise (2019-2020). «Dabo je l’ai côtoyé alors qu’il était nommé coach des U20 en 2017 et moi chargé de la petite catégorie à la Fédération sénégalaise de football. Il y a eu un matching entre Youssou Dabo et les objectifs du club. Aujourd’hui, Youssou est plus qu’un entraîneur, c’est un manager. Il ne s’arrête pas seulement à entraîner les joueurs, c’est un acharné du travail qui ne laisse aucun détail», témoigne Babacar Ndiaye. Les éloges ne lui donnent pas le melon. Dabo préfère «continuer à avancer avec beaucoup d’humilité. Même si c’est une belle performance, ce n’est pas une fin en soi. C’est juste une étape, il faut continuer à bosser pour franchir d’autres paliers et permettre au club de continuer à grandir. Un projet champion, c’est un état d’esprit. Il faut travailler en fonction de cet état d’esprit. On ne peut pas vouloir être un champion et travailler comme un outsider. Il faut aussi rendre hommage aux dirigeants qui ont mis les moyens». Le coach en aura besoin pendant les phases de la poule D de la ligue des champions de la Caf où l’attendent de grands noms du football africain : l’Espérance Sportive de Tunis, le Zamalek d’Egypte et le MC d’Alger. Un test grandeur nature.


Stations-services, camions, moutons…pour financer le club


Le président Babacar Ndiaye ne lésine pas sur les moyens pour permettre à son club de grandir et d’atteindre ses ambitions. Au tout début, le président, employé dans une société pétrolière, mettait la main à la poche pour financer le club. Aujourd’hui, cette méthode de financement est révolue. Le TFC a un patrimoine hors football qui rapporte et aide énormément dans le financement. «On a des stations-services, des camions, on fait de l’élevage, on vend des moutons de race Ladoume, on fait dans l’agriculture...», avoue le président Babacar Ndiaye. Le transfert des joueurs n’a pas encore rapporté de grosses sommes, mais les résultats d’aujourd’hui peuvent donner un coup de pouce. La Ligue des Champions est un terrain fertile pour les sponsors : au logo du partenaire de longue date, la Sococim, il faudra désormais ajouter celui de Kayar eau sur le maillot des représentants du Sénégal dans cette prestigieuse compétition. Ces sponsors permettent au club de boucler son budget, de rêver la vie en grand.


Amy Sène, l’image de marque


Beaucoup de clubs sénégalais rêvent de développer leur notoriété, mais peu sautent le pas qui mène à un volet marketing. TFC l’a fait. Le club champion en titre du Sénégal espère être plus aguicheur grâce au sourire ravageur de Amy Sène. L’ancienne athlète sénégalaise, trois fois championne d’Afrique du lancer du marteau, a rejoint la direction marketing et sponsoring du club de Rufisque. A 34 ans, la native de Lorient (France) a fait sa reconversion professionnelle dans le marketing. «Je suis rentrée au Sénégal juste après les Jeux Olympiques de Rio 2016 pour créer ma société dans le bâtiment et une agence qui évolue dans le marketing sportif.» Récemment, elle a rejoint la direction marketing et sponsoring de Teungueth Fc. «C’est une découverte, j’apporte ma valeur ajoutée, ma connaissance du haut niveau. J’essaie d’apporter cette petite touche de nouveauté pour augmenter la visibilité du club et de faire rentrer de l’argent», explique celle qui a décroché le deuxième gros sponsor. «Le club est vendable. J’ai été séduite par le projet, par la vision du président Babacar Ndiaye. Je me suis dit : je m’engage et j’essaye d’apporter ma petite pierre à l’édifice parce qu’il y a un énorme potentiel dans ce club. Humainement, les gens sont top, ils ont envie de grandir, d’évoluer, donc il faut y aller.» Amy Sène qui connaît bien les ficelles du métier, entend profiter de l’état de grâce dans lequel TFC se trouve depuis sa qualification à la phase des poules de la ligue des champions de la CAF pour capitaliser. «Il y a différents moyens d’apporter de l’argent dont le sponsoring, la vente des produits comme les maillots. J’ai réussi à décrocher mon premier sponsor. C’est une dotation en eau et une dotation financière qui n’est pas négligeable. Avec le résultat qu’on vient de réaliser, ça appelle d’autres sponsors. Il y a vraiment moyen d’augmenter considérablement le budget du club», promet la marketeuse.


Babacar Ndiaye, le président qui carbure 


La chance du TFC, c’est aussi d’avoir un président passionné et qui est prêt à tout pour le foot, son amour d’enfance. Fils de feu Malé Ndiaye, ancien joueur du Saltigué, trésorier de la Fédération sénégalaise de football, sous le président Aba Talib Guèye et d’une mère ancienne internationale de handball, Babacar Ndiaye, un inconditionnel de la Bundesliga, s’est essayé au foot, mais n’avait pas le talent qu’il fallait pour percer. Sa carrière a commencé à Rufisque comme cadet de l’Asc Keuri Kaw. Il a joué une année en sénior à ses 18 ans, avant de partir en France pour les études. Mais il a quand même continué à taper au ballon à Torcy et Noisiel, dans le championnat de 5e division. Doué pour les études, il réussira dans ce domaine. «J’ai fait mes études en France à Paris, puis à Los Angeles au États-Unis, pendant 10 ans. J’ai fait finance et économie. Je suis dans les hydrocarbures depuis 25 ans. Je suis rentré, suite à la grave maladie de mon père qu’on a perdu. J’ai repris mes activités dans une boite pétrolière au Sénégal, avant de repartir en affectation au Pays-Bas, au Vietnam, au Mali, en Côte d’Ivoire», raconte l’homme fort de TFC. En poste au Nigeria depuis 5 ans, mais avec beaucoup de rotation entre le Nigeria, Genève et le Sénégal où il a des sociétés individuelles dans le transport, le Btp, Babacar Ndiaye arrive quand même à s’investir pour sa passion, le foot. 


Date de fondation : 2010


Promu en première division sénégalaise pour la saison 2016-2017


Premier titre national lors de la saison 2018-2019 (Coupe du Sénégal)


Champion du Sénégal (2019-2020)


Première participation continentale lors de la saison 2020-2021 (Ligue des champions de la CAF).


 


Idrissa SANE

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Publié par

Namory BARRY

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