Football - Youssoupha Dabo, une carrière en ...jeu

samedi 21 novembre 2020 • 360 lectures • 1 commentaires

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Football - Youssoupha Dabo, une carrière en ...jeu

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Inconnu du public il y a encore cinq ans, l’entraîneur Youssoupha Dabo est devenu une figure montante du football sénégalais. Ceux qui l’ont connu et côtoyé peignent le tableau d’un homme qui a toujours su mener sa barque pour atteindre sa destination.

Un avenir destiné sur un banc. Dessiné aussi ! Depuis la touche, il a livré son énième match avec la sélection U-20 du Sénégal qui a été tenue en échec par la Sierra-Leone (1-1), hier, au stade Lat Dior de Thiès, en ouverture du tournoi de l’UFOA, qualificatif pour la Can 2021 en Mauritanie (du 14 février au 4 mars). Samba Diallo a permis aux ‘‘Lionceaux’’ d’égaliser (70e) face à la ‘‘Team Salone’’ qui avait ouvert le score par Abu Musa, sur une faute de main de Boubacar Fall (58e). Ce sursaut d’orgueil, les équipes de Youssoupha Dabo devenu ces dernières années, le technicien en vogue au Sénégal, nous y ont habitués. Cet homme au calme olympien n’avait besoin que d’une saison pour attirer la lumière. En 2015-2016, après avoir essuyé plusieurs refus de clubs de Ligue 1 sénégalaise, Guédiawaye Fc de Diamil Faye lui tend la perche. Dès sa première saison sur le banc des Crabes, Dabo termine à la 5e place, le meilleur résultat de l'histoire du club en championnat à l'époque. Ses employeurs saluent sa rigueur dans le travail, son discours, son sérieux, son sens tactique et son esprit compétiteur. Sa deuxième saison à Guédiawaye démarre très bien. Après 10 journées, son équipe ne perd qu'un seul match, enchaîne les bons résultats à domicile et est sur le podium à la trêve. Mais, choisi par la Direction technique nationale et Aliou Cissé pour superviser les ‘‘Lions’’ à la Can 2017, le président de Guédiawaye Fc lui demande de ne pas y aller, faute d’avoir été saisi officiellement. Il refuse d’obtempérer. De retour du Gabon, limogé par le club de la banlieue, il ne chômera toutefois pas. Une semaine après son licenciement, il est recruté par le Stade de Mbour à la mi-saison. Et comme à GFC, il ne tarde pas à convaincre. A la fin de l’exercice 2016-2017, il offre au Stade de Mbour son premier trophée majeur, avec la Coupe de la Ligue face à l’Us Ouakam (2-1), un match interrompu et marqué par ce qui est tristement devenu le «drame de Demba Diop». En même temps, il qualifie les Stadistes en finale de la Coupe du Sénégal, mais s’incline devant le voisin, Mbour Petite Côte (0-1).

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La révélation et la brouille à Guédiawaye

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Constant dans les performances, la consécration viendra en 2018, avec sa nomination par la Dtn au poste de sélectionneur des U-20. Pour son premier tournoi UFoa A, il est éliminé au 1er tour avec une défaite, un nul et une victoire. Mais derrière, il réussit à qualifier le Sénégal pour la Can 2019, remporte le tournoi Ufoa B en décembre 2018. Avec les ‘‘Lionceaux’’, il atteint la finale de la Can 2019 en mars au Niger et se qualifie en quart de finale de la Coupe du monde, la même année, en Pologne. Dans la même dynamique, il remporte le tournoi Ufoa A (2019), termine sur le podium (3e) aux Jeux Africains et gagne la Coupe arabe 2020 des moins de 20 ans. Mais comme à Guédiawaye, son aventure avec le Stade de Mbour s’arrête en 2019 et il rejoint Teungueth Fc. Avec le club de Rufisque, il reste invaincu lors de la phase aller de l’exercice 2019-2020 (10 victoires et 3 nuls), pointant à 12 longueurs du deuxième, Jaraaf et file tout droit vers le titre en Ligue 1. Mais l’arrêt du Championnat à cause du Covid-19 l’en privera, même s’il pourra se consoler avec la première qualification du club rufisquois en Ligue des champions. Malgré le manque de consécration, ceux qui le connaissent décrivent un homme de principe qui tient un langage de vérité aux joueurs.


Ancien milieu de terrain passé par les ''navétanes'' (championnat populaire de quartiers), Youssoupha Dabo a joué à l’Us Rail, RS Yoff, l’Us Ouakam, en Tunisie (l’Espérance de Zarzis et Club olympique de Tunis), ou encore le Racing FC (Luxembourg). Il termine sa carrière de football à Red Star où il commence sa reconversion comme entraîneur. Son entraîneur dans les ‘‘navetanes’’ ‘‘au début des années 2000’’, Cheikh Oumar Sy, n’est pas surpris de sa réussite. «Je parle avec fierté de Youssou. A l’époque, je l’incitais beaucoup à persévérer et faire des études pour être plus tard un bon entraîneur», rappelle l’ancien gardien de la Jeanne d’Arc de Dakar qui voit en son ancien protégé «sept qualités qui permettent en général de voir la valeur d’un bon coach». «Sa première qualité est sa connaissance du football, pour avoir été pratiquant du football de masse, avant d’être un pratiquant en semi-professionnel et puis en professionnel. C’est aussi quelqu’un qui est constamment en veille et c’est pourquoi je l’avais confirmé en tant que capitaine. Il jouait un grand rôle dans l’anticipation des entraînements, la préparation des matches et aussi sur le banc. Il était mon relais sur le terrain pour faire appliquer toutes mes directives. Il a une forte capacité d’anticipation dans son travail.»


«Il sait motiver un jeune joueur et lui faire croire qu’il peut décrocher la lune»


Déjà «passionné» lorsqu’il était joueur «au détriment de ses études et de son travail en dehors du cadre sportif», l'entraîneur de Teungueth Fc servait aussi de «source de motivation pour ses coéquipiers». «Dans sa manière de coacher, il persiste encore aussi dans cette source de motivation des jeunes qui sont sous sa responsabilité, confie Cheikh Oumar Sy. Il sait motiver un jeune joueur et lui faire croire qu’il peut décrocher la lune, même si les capacités de celui-ci sont limitées. C’est quelqu’un qui a déjà contribué à la réussite des U-20 lors de la CAN 2019. Il est aussi caractériel et discute bien avec les gens. Il a une bonne dose de coopération, mais sait aussi mettre sa rigueur pour atteindre les objectifs fixés. A travers la manière de jouer de l’équipe U-20 et sa façon de communiquer avec les joueurs, je sens du respect de ces derniers à son égard. Ce respect ne peut venir que par le fait qu’il l’a impulsé, en cherchant à connaître ses joueurs, ce qui est une qualité fondamentale pour un coach pour avoir la performance. Il a toujours envie d’aller à la connaissance de la personne avec qui il traite et je l’ai vu avec moi.»


Mais avant de devenir l'entraîneur emblématique qui triomphe sur le terrain de la popularité dans le football sénégalais, Youssou Dabo a été un joueur à part. «Quand je le connaissais à l’époque, il ne communiquait pas beaucoup. C’était un solitaire. Je l’ai poussé à la communication en lui donnant un certain nombre de responsabilités dans la communication avec les joueurs, avant, pendant et après les séances d'entraînement. Il sait communiquer avec un coopérant mais aussi un autoritaire. Il était solitaire, n’aimait pas les expansifs, mais il a su s’adapter jusqu’à aimer le joueur expansif. Tant du point de vue vocal que gestuel, il s’est beaucoup amélioré. Il n’est plus solitaire, communique et va droit vers les autres. Il aime aussi avoir de la discipline avec le respect de l’horaire, des séances, de son travail et sa communication.» Mais cela n’a pas toujours été facile de le manager. «On avait beaucoup de milieux et lors d’un match contre Mbolo qui avait un ailier gauche très percutant, je lui avais demandé de jouer au poste de latéral droit. Il n’était pas intéressé et au bout de 5 minutes, le joueur d’en face avait débordé et avait pratiquement fait trois – quatre centres qui avaient permis à Mbolo de marquer. Cinq minutes après, je l’ai fait sortir. Il vient sur le banc et me dit ‘‘coach, pourquoi tu m’as fait sortir’’. Je lui ai dit ‘‘je ne suis pas son égal et si ça te dérange, tu disparais’’. Cela l’avait tellement choqué qu’il était parti. Le lendemain, il n’était pas venu à l'entraînement. Ses amis sont partis le voir et quand il est venu, je ne l’ai pas mis. J’ai demandé qu’il s’excuse devant tout le monde et avec sa personnalité, c’était lourd pour lui. Mais il l’a fait et depuis, on est devenus amis.»


«Il est à la porte de l’Équipe nationale»


«Il est à la porte de l’Équipe nationale parce qu’il a participé à quelques campagnes avec Aliou Cissé (supervision des adversaires du Sénégal à la CAN 2017)». Ibrahima René Diouf, ancien adjoint de Moustapha Seck sur les bancs de l’As Pikine, Guédiawaye Fc et Teungueth Fc, l’a également connu pendant ses années de ‘‘navétanes’’. «Je l’ai connu vers 2002–2003 quand il jouait au «navétane» et j’étais entraîneur de l’Asc Rakadiou de la Zone B. Quand on le voyait jouer, on remarquait que c’était quelqu’un qui, même si ce n’est pas le football, pouvait réussir dans les métiers du sport. Il était très professionnel et avait cet état d’esprit. Quand il venait à l'entraînement, il était très propre et se distinguait des autres joueurs. Cela se voyait à l’œil nu. Il prenait le soin d’amener sa bouteille d’eau et tout cela fait partie des attitudes d’un professionnel, alors qu’il jouait aux ‘‘navétane’’. A son retour de France, nommé entraîneur de Guédiawaye, on se voyait au stade Amadou Barry pendant les entraînements. Dans la discussion, je sentais qu’il aimait son métier et avait des objectifs. Il était méticuleux et on voyait qu’il pouvait gagner du terrain dans le métier et être parmi les meilleurs entraîneurs du Sénégal. Je ne me suis pas trompé parce qu’aujourd’hui, on ne peut pas citer cinq entraîneurs sans le nommer.»


«Il a bien tracé son chemin»


«De par son caractère très fermé, il est aussi positif. S’il voit qu’il n’est pas bien avec quelqu’un, il s’exclut et sort de ce cadre. Il ne fréquente que les gens avec qui il peut communiquer de manière positive», assure son ancien entraîneur qui n’est «pas surpris» de le voir à ce niveau. Il est confirmé par Ibrahima Diouf : «De loin, il peut donner l’impression d’être introverti dans ses idées, mais quand on discute avec lui, on sent que c’est un gars affable, qui aime partager ses idées et discuter de tout et de rien. Quand vous avez une certaine affinité, il n’est pas fermé. Il est très ouvert, c’est une personnalité. C’est aussi un gars très sérieux et s’il continue sur ce chemin, avec tout le travail qu’il est en train de faire, il peut être l’un des meilleurs entraîneurs de ce pays d’ici quelques années.» Jusqu’à devenir sélectionneur national ? «Oui, bien sûr», répond ce dernier qui le voit plus loin. «On ne l’entend pas sur des choses anodines. Il respecte son métier et la vocation d’un entraîneur de football. Il a bien tracé son chemin parce qu’il s’est fixé des objectifs. Il peut aller loin.» Un sacre dans le tournoi UFOA où le Sénégal est logé dans le groupe avec la Gambie et la Sierra Léone ajouterait une corde de plus à son arc, et confirmerait son statut d'entraîneur destiné à titiller le sommet du football sénégalais.


OUSMANE DIOP

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Publié par

Namory BARRY

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