Guy Marius placé nu à l'isolement, l'administration pénitentiaire confirme et explique

jeudi 4 mars 2021 • 660 lectures • 1 commentaires

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Guy Marius placé nu à l\'isolement, l\'administration pénitentiaire confirme et explique

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Placé sous mandat de dépôt pour association de malfaiteurs, participation à un mouvement insurrectionnel et acte de nature à troubler l'ordre public, l’activiste Guy Marius Sagna réside, depuis vendredi dernier, à la Maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel. Dans un communiqué, le Font pour un Révolution Anti-impérialiste, Populaire et Panafricain (Frapp), dont il est membre fondateur, dénonce les conditions dans lesquelles il est détenu en prison.

«Depuis hier (mardi, Ndlr), Guy Marius Sagna a entamé une grève de la faim, suite à sa mise en isolement, tout nu, pour avoir relevé la situation dégradante à la chambre 1 de la prison où sont entassés 150 personnes», lit-on dans un communiqué signé par le Secrétaire exécutif national du Frapp. «Le Frapp dénonce énergiquement cette torture, ce traitement dégradant et inhumain infligé à Guy Marius Sagna, prend à témoin les organisations de défense des droits de l'homme, les organismes de lutte contre la torture, la société civile, l'opinion nationale et internationale et tient Macky Sall, Malick Sall, le doyen des juges, Samba Sall et Bassirou Gueye pour responsables de tout ce qui lui arrivera. Guy Marius Sagna a été évacué ce matin, à l'infirmerie de la prison. Arrêté arbitrairement le 22 février 2021, il est depuis le 26 février, déposé à la prison du Cap Manuel, sur la base d'infractions imaginaires», ajoute la note publiée sur la page Facebook de la plateforme.

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KHADIDIATOU NDIOUCK FAYE, DIRECTRICE DE LA MAISON ET DE CORRECTION DU CAP MANUEL : «Pourquoi j’ai amené Guy Marius Sagna aux mutars, en cellule punitive»

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Directrice de la Maison d’arrêt et de correction du Cap Manuel, Khadidiatou Ndiouck Faye apporte des précisions sur les informations concernant les conditions de détention de Guy Marius Sagna. 


«Guy Marius Sagna a été placé sous mandat de dépôt le vendredi soir. Quand il est arrivé, il a refusé d’être identifié, il n’a pas répondu au questionnaire de renseignement. Tout comme il n’a pas accepté d’être fouillé. Nous l’avons tout de même fouillé parce que ce sont les textes qui disent que tout détenu, à l’entrée comme à la sortie, doit faire l’objet de fouille, et c’est par mesure de sécurité. Viennent ensuite les formalités de prise d’empreintes. Il a traité mes hommes de manipulés, de traîtres. Mais ils l’ont ignoré, parce que je les avais préparés avant son arrivée.
J’avais déjà aménagé une chambre pour l’accueillir. Mais quand il a commencé à nous proférer des insanités, j’ai dit à mes hommes de l’amener dans la chambre d’accueil, la chambre 1. C’est dans cette chambre que nous mettons en observation les nouveaux. S’ils ne manifestent aucun signe, nous les mutons dans les autres chambres. Il se réveille à 3 heures du matin pour inciter les autres détenus à la rébellion. C’était le vendredi. Le chef de chambre lui demande de se calmer et de laisser les gens se reposer. 
Mon adjoint et mon chef de cour le convoquent le samedi et le dimanche. Le lundi, il m’envoie une première lettre dans laquelle il dénonce les conditions de détention. Dans laquelle aussi il me donnait des ordres : «Je te demande de réduire le nombre de détenus dans cette chambre dans les meilleurs délais.» Alors que lorsqu’il arrivait, il y avait moins de 80 détenus dans cette chambre qui, d’habitude, en prenait plus de 100. Dans la lettre, il disait que les agents de la prison n’ont pas reçu le paiement des heures supplémentaires pour le mois de janvier et qu’il est notre porte-parole. Je le convoque dans mon bureau pour lui demander de se comporter en responsable et de rester tranquille. 
Le mardi, il m’envoie une seconde lettre pour répéter les mêmes plaintes mentionnées dans la première. A la fin, il me dit qu’il a décidé d’entamer une grève de la faim illimitée, à partir de 11 heures 25. Je le fais venir dans mon bureau. Je lui demande s’il a entamé la grève de la faim. Il répond par l’affirmative. Je lui dis que c’est son droit le plus absolu, mais qu’il sera isolé. Il se lève et commence à me traiter de tous les noms d’oiseaux. Il m’a dit que ma place n’est pas ici, que je ne suis pas directrice d’une maison d’arrêt, mais d’une maison d’esclave. Il nous a traités, mes hommes et moi, de voleurs et de bande de vauriens. J’ai alors demandé à mes hommes de l’amener aux mutars. Ce sont des cellules punitives. Là-bas, la règle est que, de peur que le détenu se suicide, on ne le laisse qu’avec sa culotte ou son pantalon. Mais il a enlevé sa culotte, disant qu’on lui a ôté sa dignité en le mettant dans cette cellule. Il a même refusé que le major le consulte pour voir si son état lui permet ou non d’aller là-bas. Il a décidé, lui-même, de rester nu. Nous l’avons amené dans cette cellule hier (mardi) dans la soirée, il est sorti ce matin (mercredi). Puisqu’il a décidé de continuer sa grève de la faim, nous l’avons mis en isolement dans une chambre aménagée à cet effet. Ce n’est pas la même chose que les mutars, mais c’est une chambre qui est préparée pour surveiller un détenu qui observe une grève de la faim. De temps en temps, l’infirmier ou le major passe pour prendre ses constantes et voir l’évolution de sa grève.»
AIDA COUMBA DIOP

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Publié par

Namory BARRY

admin

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