Inondations, Cherté des prix : L’Etat sous une forte pression

vendredi 27 août 2021 • 1093 lectures • 1 commentaires

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Inondations, Cherté des prix : L’Etat sous une forte pression

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L’Etat est sous pression. Macky Sall et son équipe font face à plusieurs fronts. Inondations, hausse des prix, covid-19… autant de matières explosives d’une bombe sociale qui, si elle n’est pas désamorcée à temps, pourrait faire d’énormes dégâts.

Le contexte ne s’y prêtait pas. Comme si les effets destructeurs du covid-19 ne suffisaient pas, l’Etat du Sénégal est pris entre le marteau de la lancinante question des inondations et l’enclume de la hausse des prix de première nécessité, en plus d’un climat politique tendu avec les élections locales qui se profilent à l’horizon. Un cocktail explosif sur la tête d’un Etat à bout de souffle, presque en zone de turbulences. Le baromètre grimpe et l’Etat fait face à une grosse pression sociale qui monte de partout. Le peuple étouffe. Et ce n’est pas pour rien que le ministre du commerce, des Petites et moyennes entreprises, Aminata Assome Diatta, invitée de l’émission Yoon Bi, hier, sur la radio Futur Média (Rfm), a commencé son speech par des mots de compassion. «Nous compatissons à la peine des populations qui, en plus du covid, des inondations, vivent une hausse des prix de certaines denrées.» Un aveu assez déconcertant qui témoigne de l’atmosphère tendue qui règne au sommet de l’Etat. 

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«C’est une bombe qui peut exploser à tout moment»
Hausse des prix -  Mis au pied du mur par une situation économique alarmante, l’Etat se voit obligé de se surpasser pour faire face à cette pression sociale. «C’est une bombe qui peut exploser à tout moment. Les gens souffrent beaucoup des mesures drastiques provoquées par le covid, à l’interne comme à l’externe, parce qu’il ne faut pas négliger la contribution de la diaspora dans l’amélioration des ménages au Sénégal, ça s’est considérablement réduit à cause de la pandémie, maintenant si sur le plan intérieur, il y a une autre pression sociale, on s’en sortira difficilement», avertit Moussa Diaw, docteur en Sciences politiques, Enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger (Ugb). L’Etat devra surtout s’expliquer et apporter des solutions. «Les prix ont connu une hausse exagérée, mais c’est parce qu’au niveau international, le Covid n’a épargné aucun pays. Les prix ont commencé à grimper depuis le dernier trimestre de 2019 et avec le covid, cela s’est amplifié. Si les pays qui produisent et qui nous vendent ce que nous consommons, parce qu’il y a des pays qui ont vécu le confinement, ont des problèmes, en plus de la disponibilité des conteneurs, de bateaux, cela ne fait qu’aggraver la situation. Et en commerce, toute difficulté influe malheureusement sur le prix. Mais, le gouvernement ne joue pas les spectateurs. Depuis qu’il y a eu cette hausse, le chef de l’Etat a demandé au ministère du commerce, à son gouvernement de contenir les prix. Les droits de douanes sur les produits importés ont été réduits. Si cela n’avait été fait, les prix seraient inimaginables. Le confinement a ralenti la chaîne de distribution avec les bateaux. Quand un produit n’est pas suffisamment disponible, le prix hausse», explique Aminata Assome Diatta, qui plaide pour une augmentation de la production locale. 

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«Ne pas laisser le pauvre goorgoorlou aux mains des commerçants qui spéculent parfois»
Des prix qui grimpent sans que le peuple n’en soit informé. Les populations sont toujours mises devant le fait accompli. Une raison de plus d’en vouloir à cet Etat presque impuissant. Momath Cissé, vice-président de l’association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) : «Il faut voir la structure des produits qui sont importés, de voir s’il y a des niches qui sont contenues dans la structure des prix parce qu’un coût de revient est constitué d’un coût d’achat et des frais et parmi les frais, s’il y a des frais de douanes qu’on peut ajuster, c’est le lieu de le faire. S’il y a aussi de la Tva qu’il faut réduire à sa plus simple expression, il faut le faire, ne serait-ce que pour une durée limitée parce que qui peut le plus peut le moins. Lors de la première vague de la pandémie du covid-19, nous avons connu 1000 milliards F Cfa d’accompagnement. On ne peut souffrir d’un manque de ressources portées vers la bourse du consommateur pour un peu le soulager. La Côte d’ivoire l’a fait en réduisant la Tva sur le blé à 0%. C’est des outils, des leviers fiscaux qu’on peut toujours utiliser en cas de problème pour soulager le pauvre goorgorlou et ne pas le laisser aux mains des commerçants qui parfois spéculent. Sur la structure des prix, c’est pour voir s’il n’y a pas une spéculation parce que si une variation est de 1% au niveau extérieur, le commerçant avait tendance à multiplier ces variations par 3 ou par 4.» Il poursuit : «Nous ne devrions pas arriver à ce stade, si le ministère du Commerce avait pris toutes les dispositions nécessaires en amont pour donner les quotas très tôt. La compagnie sucrière a arrêté sa production et il fallait visiter le stock de la compagnie et ne pas créer une hypothèse basse. Et quand ils ont lancé les quotas, le marché international n’était pas prometteur pour les commerçants parce que le sucre sur le plan international coûte cher.»


«Au-delà des discours politiques, il faudra beaucoup d’engagement sur le terrain»


Inondations  - Longtemps resté sans réponse, le problème des inondations demeure entier. Les eaux hantent toujours le sommeil des populations, surtout celles de la banlieue. Les huées essuyées par le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, en visite dans la banlieue de Dakar dimanche dernier, sont révélatrices du mal-être des populations. Tivaouane Diacksao, Keur Massar, Yeumbeul…le ministre a été accueilli par des brassards rouges pour exprimer leur colère. «L’Etat est débordé. Tout lui tombe dessus au même moment avec d’énormes difficultés et les enjeux des élections. Tout dépendra de la capacité du gouvernement à y apporter des réponses idoines. Au-delà des discours politiques, c’est le pragmatisme qui doit jouer, surtout être rationnel dans sa gestion et ne pas verser dans les discours démagogiques. Ce ne sera pas facile parce qu’il y a énormément de pression avec l’augmentation des prix des denrées de première nécessité qui vient rendre plus difficile le contexte de gestion du covid. Le Président est sûrement en train de réfléchir sur des politiques adaptées et faire en sorte que les citoyens ne soient pas trop lésés par ces mesures. Même si on est à la recherche de ressources additionnelles, il faudra réduire cette pression sur le pouvoir des citoyens, des ménagères. Ce volet-là ne doit pas être négligé», assure Dr Moussa Diaw. Il poursuit : «On parle d’augmentation sur les factures d’eau et d’électricité, des denrées de première nécessité, ça risque d’augmenter la tension sociale et du jour au lendemain, ça devient ingérable parce que ce genre de situation, c’est imprévisible, on ne sait pas jusqu’où ça peut aller. Des réactions spontanées peuvent ressurgir à tout moment, liées à des contestations, à des frustrations, à un contexte social et économique très difficile. C’est une grande équation à laquelle l’Etat doit répondre, même si ce n’est pas une situation spécifique aux pays en voie de développement. Même les pays développés sont confrontés à de telles pressions. Il faudra beaucoup d’engagement sur le terrain et surtout être du côté des citoyens, comprendre ces citoyens. Les pays occidentaux ont mis les moyens pour soulager les populations avec des aides et des subventions.»


«Il faut anticiper pour réduire la pression sociale»
Covid-19 - Aussi minime soit-il, le virus semble être la source de tous les maux. Toutes les situations ou presque sont rattachées aux conséquences de la pandémie du covid-19. Depuis mars 2020, le Sénégal cherche des voies et moyens pour parvenir à briser la chaîne de transmissions, mais n’y arrive pas. Malgré de gros moyens déployés, ça cale toujours. La troisième vague a battu le record de contaminations et de décès journaliers. Les populations n’en peuvent plus de supporter les affres de cette pandémie. Hôpitaux débordés, personnels de santé usés, des milliards dépensés…mais le mal est toujours présent. Dr Diaw : «On a besoin d’avoir des actions politiques qui vont dans le sens de soulagement des souffrances des Sénégalais, ça, c’est incontournable, si on ne veut pas qu’une fracture se dessine avec un risque d’explosion du jour au lendemain. Les populations en auront ras-le-bol et exprimeront leur mécontentement. Il faudra prévoir tout cela et anticiper sur les solutions ponctuelles, immédiates pour réduire la pression et en même temps envisager des réponses à long terme, de façon graduelle. Ainsi, le gouvernement pourrait réduire ou amortir un éventuel choc social.» 


HAUSSE DES PRIX DES DENRÉES : Un Conseil national de la consommation convoqué ce mardi


Ce pourrait être la rencontre décisive. Celle qui va apporter un début de solution à la situation quasi-dramatique que vivent les Sénégalais. Après les complaintes des populations et même de certains commerçants qui disent être à bout de souffle, le gouvernement a réagi, jeudi soir. «Un Conseil national de la consommation est convoqué par le ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta, mardi prochain au Cices», apprend-on via un communiqué envoyé à la presse. Selon la note du Secrétaire général du ministère du commerce, Samba Ndao, l’ordre du jour portera sur la situation des prix des produits de grande consommation. 


CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

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