Révélations du Dr Ndiaga Matar Gaye : Les ravages mortels de l'AVC

lundi 28 septembre 2020 • 1459 lectures • 1 commentaires

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Révélations du Dr Ndiaga Matar Gaye : Les ravages mortels de l'AVC

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Première cause de handicap acquis de l’adulte et deuxième cause de décès dans le monde, l’Accident vasculaire cérébral (Avc) prend des proportions inquiétantes au Sénégal. Spécialiste au service de neurologie du centre hospitalier universitaire de Fann (Dakar), Dr Ndiaga Matar Gaye fait son diagnostic. Dans cet entretien fait par mail, Dr Gaye revient sur la gravité de l’Avc, ses causes, les symptômes, les soins utilisés au Sénégal, les séquelles de la maladie…

Dr Gaye, nous savons qu’au Sénégal, il y a de plus en plus de victimes d’Avc. De quoi s’agit-il ? Combien de types d’Avc existe-t-il ? 

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L’Accident vasculaire cérébral, connu sous le nom d’Avc ou «attaque cérébrale» est une maladie neurologique qui touche les artères du cerveau. Pour faire simple, on distingue deux principaux types d'Avc, ischémique et hémorragique. L’Avc ischémique survient lorsque le flux sanguin à destinée cérébrale est interrompu par la présence d’un caillot dans une artère du cou ou dans la tête. Sans sang, les cellules nerveuses appelées neurones sont privées de leur apport vital en oxygène et ainsi perdent leurs fonctions et meurent. L’Avc hémorragique survient lorsqu'une artère de la tête se rompt, occasionnant un saignement dans le cerveau.

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Selon vous, quelle est l’ampleur de cette maladie dans le monde, particulièrement au Sénégal ?


L’Avc constitue un problème majeur de santé publique, du fait de sa fréquence élevée et de sa gravité. Dans le monde, il représente la première cause de handicap physique acquis de l’adulte, la deuxième cause de démence et la deuxième cause de décès (5,5 millions en 2016) avec 20% des personnes qui décèdent dans l’année, suivant l’Avc. Un Avc survient toutes les 4 minutes et provoque de lourdes conséquences, tant pour la victime que pour ses proches. Du jour au lendemain, toute la vie d’une famille peut basculer. Au Service de Neurologie de Dakar où il représente la première cause de décès, 2/3 des lits d’hospitalisation sont occupés par des patients victimes d’Avc.


Quels sont les facteurs de risques qui peuvent entraîner un Avc ?


Les principaux facteurs de risque (Fdr) d’Avc sont : l’âge avancé, les antécédents familiaux de maladie vasculaire, l’hypertension artérielle, l’obésité abdominale, la sédentarité, le diabète, l’excès de cholestérol dans le sang, le tabac, l’alcool, le stress, les maladies du cœur et des artères du cou. Au Sénégal, l’hypertension artérielle est le principal Fdr associé aux Avc. Elle multiplie par 8 le risque de survenue d’un Avc. Il est important de savoir que ces facteurs de risque ne s'additionnent pas, mais se potentialisent, c'est-à-dire que leur association, même de faible intensité, peut entraîner un risque très élevé d’accident vasculaire cérébral.


Est-ce que les Sénégalais sont conscients de l’urgence diagnostique et thérapeutique ?


Oui, mais pas tous. Certains tardent à aller voir le médecin, pour plusieurs raisons (sous-estimation des signes, manque de moyens financiers, éloignement des structures spécialisées…). Des efforts de sensibilisation devraient être entrepris dans ce sens.


N’est-ce pas l’alimentation qui favorise l’Avc ?


Les causes d’Avc sont nombreuses, diverses et variées. C’est vrai qu’une mauvaise alimentation (riche en sucre, sel et cholestérol) peut concourir à la survenue de facteurs de risque d’Avc, mais d’autres maladies, notamment du cœur, des vaisseaux, du sang peuvent également causer un Avc. D’où l’importance cruciale de se faire consulter par un spécialiste pour identifier la cause exacte de l’Avc.


Quels sont les réflexes à avoir en cas de suspicion d’Avc ?


Il est crucial pour la victime et/ou son entourage de savoir reconnaître rapidement les signes d'un Avc, compte tenu de l’urgence médicale, pouvant être chirurgicale dans certains cas. Idéalement, la victime doit être admise dans une unité spécialisée en Avc. Les principaux signes de l'Avc sont : un affaissement du visage / déviation de la bouche, une faiblesse dans un bras ou une jambe, une difficulté pour s'exprimer verbalement (trouver ses mots, comprendre les ordres simples, articuler), un trouble de l’équilibre, une perte de la vision, entre autres.


A l’étranger, notamment en France, on parle de thrombectomie pour déboucher les artères. Cette technique est-elle utilisée au Sénégal ?


Non, la thrombectomie mécanique n’est pas pratiquée au Sénégal.


Quel traitement spécifique y est alors disponible ?


Au Sénégal, c’est la thrombolyse qui se fait pour déboucher l’artère, mais le médicament utilisé n’est disponible que dans certaines structures privées et coûte cher.


Pourriez-vous nous expliquer davantage la thrombolyse. Comment cela se fait ? 


La thrombolyse consiste à administrer une substance dans une veine, pour dissoudre le caillot ayant bouché l'artère du cerveau.


 


Quand et où peut-on bénéficier de la thrombolyse ?


La thrombolyse dans l’Avc est recommandée jusqu’à 4H30 après le début des signes, en l’absence de contre-indication. Chaque minute perdue entraîne la destruction d’environ 2 millions de cellules nerveuses. La thrombolyse doit alors être effectuée le plus tôt possible, pour minimiser les séquelles. Elle doit être administrée par un spécialiste des Avc dans un lieu adapté à la surveillance rapprochée et continue.


On pense généralement souvent que seules les personnes âgées peuvent être victimes d’un Avc, alors que cela touche de plus en plus de jeunes. Quelle est la tranche d’âge la plus touchée ?


Un Avc peut toucher n'importe qui, n'importe quand et n'importe où. Si l’âge moyen de survenue d’un Avc est de 74 ans, 25% des patients ont moins de 65 ans et 10% moins de 45 ans. Même si les personnes âgées sont plus à risque, la population plus jeune est et sera encore plus concernée, du fait du changement de mode de vie.


Quel est le lien entre les accidents vasculaires cérébraux et la crise cardiaque ?


Ce sont deux maladies différentes qui peuvent partager certaines causes. Également, la crise cardiaque est une cause d’Avc.


Est-ce que l'Avc laisse toujours des séquelles ?


Cela dépend de plusieurs facteurs, dont l’âge, le type d’Avc l’étendue de la lésion, le délai et la nature du traitement reçu. L'Avc peut impacter sur la façon de penser, de parler, de voir, d'entendre, de bouger et de ressentir. Certains survivants vivront le reste de leur vie avec une certaine forme d'invalidité ou de déficience qui leur causera des problèmes émotionnels, d’autonomie et de réinsertion socio-professionnelle.


Comment faire pour éviter une rechute après un premier Avc ?


Comme dans un combat, mieux vaut connaître son ennemi ! Près de 90% des accidents vasculaires cérébraux pourraient être évités en s'attaquant à certains facteurs de risque suscités. Une consultation spécialisée s’avère nécessaire pour identifier la cause, la traiter afin d’éviter les récidives.


Existe-t-il un lien entre le Coronavirus et l’Avc ?


Oui, il existe un lien entre ces deux entités. Les infections peuvent bel et bien se compliquer d’accident vasculaire cérébral.


CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

admin

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