La séance d’explications de Mayacine Mar sur les licences A

C’est un nouveau règlement qui a secoué les bancs de quelques clubs africains. En exigeant désormais aux entraîneurs l’obtention de la Licence Caf A pour être accepté sur le banc de leurs équipes lors des compétitions interclubs, la Caf a «éjecté» du banc de touche plus d’un entraîneur, dont les Sénégalais Lamine Ndiaye (coach de Horoya de Guinée) et Youssoupha Dabo (Teungueth Fc du Sénégal) lors des préliminaires de la Ligue des champions de la Caf. La mesure a fait polémique. Des observateurs sont allés jusqu’à parler du paradoxe de la Caf, d’autant plus qu’un entraîneur comme Youssoupha Dabo qui a été accepté sur le banc de l’équipe nationale du Sénégal des moins de 20 ans lors de la coupe d’Afrique de la catégorie et même à la coupe du monde, est «privé» du banc de son club à la Ligue des champions africains. Le directeur du développement de la Caf est même monté au créneau pour convaincre de la pertinence de la mesure.

«En misant sur la qualité de nos entraîneurs, il y aura plus d'opportunités dans le choix des entraîneurs pour que lorsqu'il s’agit de choisir un entraîneur, les Fédérations et les clubs donneront plus d'opportunités «à ceux qui sont à la maison». Les règles et procédures de la Convention des Entraîneurs de la CAF (Convention CAF Coaching) font partie d'une procédure mondiale de reconnaissance mutuelle des diplômes d'entraîneur entre confédérations. Par conséquent, ces règlements et procédures doivent être conformes aux principes internationaux de la formation des entraîneurs», a expliqué Raul Chipenda, le Directeur du Développement à CAFOnline.com.

Au Sénégal, si on ne met pas en cause la volonté de la Caf de hausser le niveau des techniciens, on reproche par contre, la direction technique nationale de n’avoir organisé les cours de Licence A, depuis trois ans. C’est à tort ! C’est la CAF qui a suspendu l'organisation de cours d’entraîneurs en Afrique en juillet 2017, en raison de certaines irrégularités constatées avec certains cours. «La licence A a été introduite depuis 2013. Dans un premier temps, la Licence A comme la Licence B étaient organisées sous forme d’équivalences. Amsatou Fall, alors Dtn, avait organisé des équivalences en B et C. Quand je suis arrivé en 2013, j’ai organisé une équivalence en Licence A. 25 entraineurs, dont Amara Traoré, Abdoulaye Sarr, Olivier Perrin…ont fait ces cours. À partir de 2015, il y a eu des changements à la direction technique de la Caf. Raoul Chipenda est arrivé et a remarqué qu’il y avait une prolifération de Licence A, des irrégularités dans certains pays et a demandé l’arrêt de l’organisation de la licence A et B. Après ça, la Caf a demandé qu’on mette en place la convention qui doit être signée par toutes les associations. Il y a 8 critères qu’il faut remplir pour signer la convention. On a organisé un séminaire pour tous les Dtn au Maroc pour leur soumettre la convention qui doit être appliquée au niveau des pays. Cette convention est en cours depuis 2017. Tous les pays qui ont rempli les critères de la convention peuvent demander l’organisation de la Licence Caf A et B. En revanche, la Licence C, on avait toujours la latitude de l’organiser. Au Sénégal, on n’a pas organisé la Licence B et A, parce qu’on n’était pas autorisé. Il fallait d’abord que la convention soit signée par toutes les associations. Le Sénégal fait partie des 10 premiers pays à signer la convention. Aujourd’hui, sur les 52 nations, 40 ont signé la convention, mais seul le Maroc a organisé les cours de la Licence A, il y a trois semaines», explique Mayacine Mar. «Quand tu signes la convention, ce n’est pas tout de suite que tu vas commencer. On t’envoie un inspecteur qui va vérifier si effectivement, les critères sont remplis. Mais avec la pandémie de la Covid-19, je fais partie des inspecteurs, je devais faire au moins 12 pays pour inspecter, ça ne s’est pas fait. Pratiquement, 2019-2020 est une période morte parce que personne ne pouvait se déplacer», ajoute M. Mar qui promet être en train de travailler sur la demande pour l’organisation de la Licence B et A. 

CAF-UEFA, une guerre sourdine

Babacar Ndiaye, président de Teungueth Fc, ne comprenait pas pourquoi son entraîneur qui a eu ses diplômes UEFA (Union européenne des associations de football), validés à Clairefontaine (France), et qui part au recyclage chaque année, ne soit pas admis pour coacher en Ligue des champions de la Caf. Le problème, selon le DTN du football sénégalais, c’est que la Caf et l’Uefa ne se sont pas accordées sur l’équivalence. Il argumente : «Il y a eu des réunions entre la Caf et l’Uefa pour s’accorder sur l’équivalence. Mais l’Uefa a toujours considéré que la Licence Caf A valait juste l’Uefa B. Ce que la Caf a refusé, parce que quand on a fait l’analyse des contenus, c’était presque les mêmes. Aujourd’hui, un entraîneur avec un diplôme de la Caf ne peut pas entraîner en Europe. Pourquoi le contraire devrait avoir lieu ? Par contre, entre la Caf et la Confédération asiatique, il y a accord. Les techniciens asiatiques peuvent venir entraîner en Afrique, les techniciens africains peuvent faire valoir leur licence Caf en Asie». Ceci explique pourquoi la Caf a rendu obligatoire la Licence Caf A. Youssoupha Dabo, Lamine Ndiaye et tous ces entraîneurs titulaires du diplôme européen ne sont pas encore sortis des vestiaires, pour ne pas dire de l’auberge. La seule alternative c’est d’aller à l’école de la Caf. Les Licences Caf, on peut les faire partout en Afrique. Youssoupha Dabo peut s’inscrire pour passer une Licence Caf au Maroc, mais faudrait-il d’abord qu’il ait la Licence Caf B.

IDRISSA SANE