Les transporteurs prêts à prolonger les 48H de grève

jeudi 2 décembre 2021 • 1339 lectures • 1 commentaires

Économie 2 ans Taille

Les transporteurs prêts à prolonger les 48H de grève

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Si la tutelle et les acteurs n’accordent pas leur violon, le spectre de la journée d’hier va se poursuivre. Les premières 24 heures de grève des transporteurs routiers ont éreinté les usagers. D’autres 24 heures de souffrance les attendraient encore.

Il faut à nouveau s’attendre à de fortes perturbations ce jeudi sur les lignes régulières du réseau du trafic routier. Aujourd’hui encore, il n’y aura probablement pas de bus Aftu, ni de car ‘’Ndiaga Ndiaye’’ encore moins de taxi. Un remake qui va enfoncer les usagers des véhicules de transports en commun dans une lassitude causée déjà par les longues heures de privation vécues la veille. Hier, était une journée à tout le moins éprouvante, étourdissante, harassante pour l’essentielle de la population sénégalaise. Aucune région n’était épargnée. Pour élèves, étudiants, travailleurs dépourvus de moyens particuliers, il fallait user les souliers. Les autres eux se sont payé les services de charretiers ou motos Jakarta qui, pour l’occasion, ont très bien renfloué leurs escarcelles. Il y en a, par contre, qui ne sont rendus ni au boulot, ni à l’école. 
A l’unanimité, tous les travailleurs affiliés au Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal ont coupé le moteur, pour se coller au mot d’ordre de grève de 48 heures. Contrairement aux précédents, ce mouvement d’humeur n’a quasiment pas connu de dissidents. «Le mot d’ordre est bien suivi sur toute l’étendu du territoire. Il n’y a pas de défaillance. Le secteur est à l’arrêt», lance le porte-parole du cadre, Gora Khouma. Pour les têtes de pont, la clé de réussite de cette grève c’est l’unité notée dans tous les syndicats. «Tous les 14 syndicats sont membres du cadre. C’est pourquoi il n’y a pas d’échappatoire. Tous les acteurs souffrent dans ce secteur. Prenons l’exemple des tracasseries de la police, de la gendarmerie, des douanes et le système de pesage auxquelles aucun acteur n’échappe. Ces tracasseries prennent en compte les transports lourds comme les transports de passagers. Nous avions demandé depuis janvier 2021, au Gouvernement d’instaurer le système de paiement électronique pour éviter les attestations qui nous portent préjudice. Mais depuis janvier cela traîne. Ils devaient mettre un moyen de paiement des amendes forfaitaires par voie de transfert d’argent», explique le porte-parole du cadre. Le coordonnateur général des professionnels des transports routiers du Sénégal, Momar Sourang renchérit : «Même les syndicats qui sont supposés être du côté de l’Etat se sont joints à la grève. Il y va de la survie du secteur. Ce qui s’est passé c’est la volonté de base. Elle a voulu que les gens se mettent ensemble. Ou on est ensemble, ou on péri. Cela fait deux mois que nous avons déposé un préavis, mais l’Etat faisait la sourde oreille. Nous nous excusons d’avoir brisé le contrat moral qui nous lie aux Sénégalais.» 

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«C’est tous les points de la plateforme ou rien»
Selon M.Sourang, les risques qui pèsent sur le secteur sont énormes et se recoupent. Une bonne assise des acteurs au sein du conseil national des transports routiers prévu par la loi d’orientation n°20/2020 portant orientation et organisation du secteur pourrait aider à sauver leur activité. «L’actuel ministre des Transports terrestres avait promis de nous convier autour d’une table afin d’apporter des amendements sur la loi d’orientation. Ce qu’il n’a pas fait. Il a mis en place le Fonds de développement des transports terrestres (Fddt) sans nous aviser. Il a mis aussi en place l’Agence nationale de sécurité routière (Anaser) sans nous aviser. Il reste le conseil national qui doit être un organe devant délibérer sur les décisions du ministère aurait être la première entité à mettre en place. Il y a 75 membres dont 25 sont de l’administration, mais ne votent pas. Les 50 autres sont des acteurs, ils doivent délibérer sur tout ce que le ministère fait», poursuit Momar Sourang également coordonnateur du collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal. Ce conseil ne doit pas être, de son avis, un simple organe consultatif. «Il a été crée par décret présidentiel, il faudrait qu’on ait une voie de recours pour qu’en cas de désaccord avec le ministère, qu’on puisse saisir le résident de la République pour arbitrage», ajoute-t-il. Les acteurs exigent la prise en charge de tous les oints de la plateforme revendicative. A défaut, ils menacent de revenir à la charge dans les prochains jours avec un nouveau mort d’ordre de grève. «Que l’Etat ne pense pas que nous allons nous en arrêter à ces 48 heures. Nous avons dit 48 heures renouvelables. Nous voulons que l’Etat prenne en compte tous les points de revendication. C’est tout ou rien», averti Gora Khouma, porte-parole du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal. 

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Charrettes pour les vieux, Jakarta et Thiak-Thiak pour les plus jeunes
Hier en banlieue, charretiers et conducteurs de moto Jakarta, appelés Thiak-Thiak, ont eu chacun sa clientèle, sa part de marché. Si les charrettes ont été le premier choix des bonnes dames et des hommes d'âges murs, les motos Jakarta ont été préférée par les jeunes filles et garçons. «Les motos Jakarta vont plus loin et plus vite», reconnaît la dame Haby au moment de prendre place sur le siège arrière de la moto Jakarta qui s'est immobilisée à ses pieds pour la conduire au Lycée Limamoulaye où elle craint d'arriver en retard, malgré le mot d'ordre de grève des enseignants annoncé avant-hier mardi. 


Rush dans les garages mécaniques pour les taxis et les bus Tata
A l'instar des charretiers et conducteurs de motos Jakarta, les mécaniciens se ont frottés les mains hier. A Thiaroye, les garages mécaniques ont été pris d'assaut par les bus Tata, dont les conducteurs ont profité de l'arrêt imposé par la grève pour se pencher enfin sur l'état de leur véhicule. «Il n'y avait pas de répit avec notre rythme de travail infernal. Une panne peut se signaler, mais on faisait avec en continuant de rouler. Avec cette grève, c'est l'occasion d'aller faire un tour chez le mécanicien», confie Bathie Diop, conducteur de bus Tata, la ligne 51, trouvé au nouveau rond-point de Tally Diallo. Sans avancer de chiffres, l'un des garagistes, penché sur le moteur d'un véhicule Tata, consent juste à confier que son chiffre d'affaires journalier a déjà plus que doublé en milieu de journée. Habitués généralement à se tourner les pouces en début de matinée, garagistes et mécaniciens de Thiaroye ont démarré en trombe la journée d'hier avec le rush de véhicules de transport. «Ndiaga-Ndiaye», Taxis et bus Tata se sont tous disputés les services des mécaniciens.     


L’économie locale paralysée…
D'habitude grouillant de monde, le marché de Thiaroye a connu hier l'une de ses pires journées. Des ménagères venues s’approvisionner, ont été obligées de jouer des coudes pour se faire servir. L'offre n'était pas suffisante, les prix ont vite grimpés au point que certaines, parmi ces ménagères, ont vite changé de menu.   «Il est 12 heures et celle habituée à me vendre le poisson n'est toujours pas arrivée», se lamente cette dame qui confie avoir été obligée de se rabattre sur le poisson fumé. Dans ce marché, réputé haut lieu de commerce en tout genre en banlieue et vers lequel affluent des consommateurs venus de tous les horizons, plusieurs commerces sont restés fermés. Depuis plus de 5 ans qu'elle fréquente ce marché, Arame Diop semble cette fois-ci perdue. Restauratrice à Pikine Tally Boubess, elle a ses habitudes dans ce marché où elle débarque tous les jours tôt le matin pour faire ses provisions et retourner préparer le repas pour ses clients. Cette fois, elle est venue à bord d'une charrette et, face aux étals vides, elle semble désemparée. «C'est gâté pour moi aujourd'hui, cette grève nous coûte cher», lâche-t-elle, après avoir soufflé un grand coup.


«Mettre la pression sur l’Etat pour des négociations»
Le responsable de la ligne 72 à Guédiawaye, le chauffeur Modou Faye, révèle que le mot d’ordre de grève risque d’être prolongé jusqu’à ce que les autorités acceptent les discussions avec les principaux responsables syndicaux. Leur seul objectif est de mettre la pression sur l’Etat afin que leurs revendications puissent être prises en charge. Hier, signale M. Faye, aucun bus de transport Tata n’a pris le risque d’arpenter la route. La situation précaire des chauffeurs et receveurs, toujours sans contrat de travail depuis la création des lignes Tata en 2005, préoccupe les grévistes. Modou Faye renseigne que l’accord qui avait été conclu entre eux et les responsables de lʼAftu, pour la mise à leurs dispositions de contrat, s’épuise le 31 décembre prochain, et jusqu’à présent, ils n’ont rien vu de concret. Un autre point, non moins important pour les acteurs des transports de bus Tata, a trait à leur sécurité, car ils font souvent les frais d’agressions de toutes sortes, au petit matin. La santé des travailleurs, indique M. Faye, est un autre point à discuter, puisque les seuls parmi eux qui disposent d’assurances Vita Santé voient leurs maigres salaires, entre 70 000 et 100 000 FCfa, coupés de 5 000 FCfa chaque mois. Les tracasseries policières et des gendarmes reviennent parmi les récriminations. Le responsable de la ligne 72 se plaint que les agents sur la route ne les respectent pas et les arrêtent pour la moindre infraction. Et jamais, ils ne leur remettent des attestations. Les populations assistent en spectatrices à cette situation difficile qui, si elle perdure, va se répercuter sur les activités informelles.  



IMPACT ECONOMIQUE
275,745 milliards FCfa. C’est la richesse créée par les services de transport en 2018, selon une étude de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). Un chiffre qui ne sera certainement pas réalisé cette année, avec la grève de 48 heures déclenchée par 14 organisations du Cadre unitaire des syndicats des transports routiers du Sénégal. Ils ont déposé des revendications en 11 points pour réclamer, entre autres, la fin des tracasseries des forces de l’ordre et protester contre les conducteurs clandestins. Hormis les difficultés vécues par les usagers des transports en commun, les conséquences de la paralysie seront très peu ressenties sur l’économie. Pour le moment. Parce qu’à terme, l’impact sur le Pib, même faible, reste une possibilité, selon le professeur El Hadj Mounirou Ndiaye, économiste et enseignant-chercheur à l’université de Thiès. 
Le transport est un secteur important dans l’économie d’un pays. Il fait partie, avec les télécommunications, des premiers secteurs d’appui à la production. «Lorsque les transports sont perturbés, il y a des incidences dans tous les autres secteurs : le fait de ne pas pouvoir aller travailler est une incidence très négative. Le fait que le commerce soit fragilisé, les écoles fragilisées, les rendez-vous ratés… sont assez importants en termes d’incidence. Une grève des transports doit être réglée immédiatement parce que c’est un blocage majeur pour toute l’économie», commence le professeur Ndiaye. Même s’il n’existe pas encore de dispositifs statistiques ou scientifiques pour mesurer à temps réel l’impact d’un jour de grève sur le Pib, une simulation est possible à partir des chiffres de l’Ansd. L’agence a publié l’année dernière, une étude de situation sur les transports en 2018. Géré par plusieurs acteurs du privé et du public, le secteur présente dans la région de Dakar, sept réseaux. La société Dakar Dem Dikk, la seule publique, présentait un parc de 352 véhicules fonctionnels en 2019. De son côté, l’Aftu (Association de financement des transports urbains)  disposait d’un parc de 1607 bus. Selon le document de l’Ansd, les dépenses de consommation finale en services de transport effectuées par les ménages en 2018 étaient évaluées à 267, 40 milliards FCFA. Soit une contribution au Produit intérieur brut de 2,1 %, le transport routier étant le sous-secteur qui apporte la part la plus importante avec 44 %. Avec cette grève, le Sénégal qui avait vu son Pib progresser de 4,1 % au deuxième trimestre, risque de déchanter. El Hadj Mounirou Ndiaye : «Nous sommes en fin d’année, ça peut bouleverser les prévisions de croissance. Les chiffres pour la mesure du Pib sont donnés tous les trimestres et ces deux jours d’immobilisme pourraient avoir une incidence qui sera faible, mais incidence quand même. Ça dépendra de la diligence que l’État mettra à stopper cette grève ». Jusque tard dans la soirée d’hier, la tutelle n’avait encore donné aucun signe de négociations. 



Petersen, gare fantôme
Le lieu était habitué à l’effervescence. Il vibrait aux rythmes des klaxons d’automobiles, au vacarme des chauffeurs et apprentis. Ses usagers, comme des fourmis, se pressaient dans un charivari monstre. Une véritable cacophonie. Mais, hier mercredi, le garage Petersen de Dakar avait complètement changé de visage. La grève des transporteurs est passée par là. Les syndicats de transports, sous la houlette de Gora Khouma, président de l’Union des Routiers du Sénégal, avaient déposé une plateforme revendicative de 11 points. Dans ce document, les transporteurs réclament, entre autres, la fin «des tracasseries par la police, la douane, la gendarmerie et le service des Eaux et forêts, les arrestations de chauffeurs». Ils protestent aussi contre les conducteurs «clandestins» qui concurrencent les transporteurs légaux». Las d’attendre la réaction de l’Etat, ils ont décrété un mot d’ordre de grève de 48H qui a débuté hier matin. Et qui a été totalement respecté à la gare routière de Petersen. 
Ce mercredi matin, la pollution sonore quasi omniprésente dans ce haut lieu de transport, niché au cœur du centre-ville dakarois, a laissé place à un calme plat. A l'intérieur du site, aucun client en vue, encore moins de conducteurs. Dans la vaste cour qui sert de terminus, la file des automobiles s’étend à perte de vue. Sur l’aile gauche sont soigneusement garés des cars  «Ndiaga Ndiaye» et sur le côté droit, les bus «Tata». Aucune activité n’est notée. A une centaine de mètres de la gare, Binta Dione est dans le désarroi. Assise sur une chaise en face de la route, avec un sachet rempli d’habit, elle attend désespérément un moyen de transport. Triste et dépitée du spectacle qui s’offre à ses yeux éberlués, la jeune déléguée médicale vit de plein fouet la grève des transporteurs. Emmitouflée dans une jupe noire moulante, une chemise rouge et un foulard assorti, la jeune fille étale son flot d’angoisse. «Cette situation est particulièrement difficile pour nous les usagers. Ce matin, je n’ai pu avoir de voitures, donc j’ai dû marcher de Grand Dakar à l’hôpital le Dantec. Arrivée au boulot, j’étais complètement essoufflée», peste-t-elle. Mais Anta n’est pas au bout de ses peines. «Je suis sortie du boulot, il y a deux heures de temps et depuis, je ne parviens toujours pas à trouver une voiture», lâche la dame, la voix étreinte par la douleur. Elle poursuit, toujours agacée : «Je pense que je vais encore marcher, même si c’est très difficile, car cette situation est inadmissible.» Un exercice que Anta effectuera encore ce jeudi, si la grève des transporteurs est maintenue.


 «Les thiak thiak dictent leurs lois»
La situation de Anta est semblable à celle de beaucoup de Sénégalais. Avec la grève des transporteurs, la majorité des usagers sont dans une consternation sans nom. Maimouna ne dira pas le contraire. Assise en face de la route, la vendeuse en pharmacie guette un moyen de transport.  La silhouette frêle dissimulée dans une robe moulante rouge, la jeune fille de 25 ans a l’air exténué. Maimouna est sidérée par cette grève. «Ce matin, arrivée à l’arrêt de bus, le lieu grouillait de monde. Et vu qu’il n’y avait pas de Tata, j’étais obligée de me rabattre sur le Dakar Dem Dikk. Mais, là aussi, c’était un problème, il y avait beaucoup de bousculade pour avoir une place. Cette grève nous coûte vraiment cher», peste-t-elle. Pour rallier son lieu de travail en centre ville, elle a dû prendre un «Thiak-thiak». «C’est leur jour aujourd’hui. De Guédiawaye à Dakar, j’ai déboursé 5 000 francs. Il est clair que je ne pourrai pas le faire demain. C’est vraiment difficile.» La pharmacienne en veut à l’Etat et aux autorités compétentes. «On ne peut pas développer un pays sans pour autant passer par le transport. Il faut que le gouvernement ajoute des bus Dakar Dem Dikk, comme ça, personne ne sentira les grèves suivantes» argue-t-elle…


«3 heures de temps sans automobilistes»
Il est 18 heures au mythique marché Sandaga. Connu pour ses effrayants embouteillages à longueur de journée, le lieu s’est également vidé de sa population. La grève des transporteurs en commun et privés a laissé ses empreintes. Ici, les couloirs et boulevards du centre-ville sont squattés par les usagers. Les arrêts bus, les points de stationnement sont tous occupés par les riverains. Les visages sont crispés. L’inquiétude se lit dans les regards. Les usagers sont vraiment désemparés, car le soir s’annonce et aucun bus, ni taxi. L’arrêt bus Dakar Dem Dikk est pris d’assaut. Il faut jouer des coudes pour pouvoir espérer une place. Le septuagénaire Lamine Ndiaye, n’a que ses yeux pour s’attrister. Il doit se rendre à Sicap Mbao dans la banlieue de Dakar. En fait, il ne pouvait manquer son rendez-vous à l’hôpital principal. Le septuagénaire souffre d’une maladie des yeux. Assis difficilement dans sa tenue traditionnelle, il peste : «C’est vraiment difficile, à mon âge, j’attends depuis plus de deux heures le bus. Je dois me rendre à Sicap Mbao. Tous les bus sont pleins. Les jeunes ne sont plus sensibles.» D’après le vieux qui croule sous le poids de l’âge, les chauffeurs devaient penser à assurer un service minimum.  «Il est inconcevable que tous les chauffeurs se mettent en grève. Ils ne nous respectent pas. Ils pouvaient laisser quelques bus assurer la navette. Mais, rien n’est fait. C’est très désolant, ce matin mon fils aîné m’a pris une place à bord du bus. Mais je ne sais comment faire pour rentrer» confie-t-il, inquiet. Dans la foulée Oumy, fatiguée d’attendre s’époumone. «Il est temps de réguler le secteur du transport. L’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilités. Cela ressemble à du sabotage. Comment peuvent-il se permettre de briser tout un secteur ? Avez-vous une idée de ce que les gens ont enduré aujourd’hui », lâche-t-elle, Furax !  C’est ainsi qu’elle recommande au vieux Lamine Ndiaye de se rendre au garage Lat-Dior où au moins la queue est organisée. Et souvent les usagers du troisième âge ont des places qui leur sont réservées. Un peu plus loin, la jeune demoiselle Adji Ciss, tient à peine sur ses jambes. A bout de patience, elle décide de marcher. «Depuis 16 heures je suis debout. Vraiment je suis fatiguée, les rares bus qui passent sont tous pris d’assaut. Je me dois de marcher, j’habite à Fass». Elle s’offusque de l’attitude des transporteurs car d’après elle, c’est pour des raisons personnelles qu’ils ont décidé de bloquer le secteur. «Même les taxis ne fonctionnent pas, ce n’est pas normal. Les transporteurs devaient au moins prendre 48 heures pour alerter l’opinion afin qu’on puisse s’organiser. Mais rien», se désole la demoiselle, selon qui,  si la situation continue, elle va rester chez elle. A l’image de beaucoup de Sénégalais.


CHEIKH OMAR GAYE, DIRECTEUR DES TRANSPORTS ROUTIERS : «Il faut s’attendre aux mêmes difficultés»


GREVE - «Nous exprimons toute notre solidarité à nos concitoyens pour cette difficulté de déplacement vécue consécutive à ce mot d’ordre de grève de 48 heures largement suivi au niveau national et décrété par l’intersyndicale des transporteurs. L’Etat n’est pas resté les bras croisés. L’Etat a tenté d’enclencher des concertations depuis le 09 novembre 2021 lorsqu’on a reçu la plateforme revendicative. Mais toutes les tentatives ont été veines parce que les acteurs n’ont pas déféré à l’invitation de Mansour Faye, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement pour discuter des points de revendications de la plateforme. Nous avons 10 points qui concernent 6 départements ministériels. C’est une plateforme revendicative multisectorielle. Le ministère de tutelle voulait piloter tous ces questionnements avec les autres départements ministériels pour trouver des solutions. C’est ce qu’on a voulu tenter avec eux, mais malheureusement ils n’ont pas voulu déférer aux invitations.» 


SECURITE - «Ce qui est déplorable c’est le fait que les concitoyens qui voulait exploiter ont reçu des menaces ou ont subi un caillassage de leur matériel roulant. C’est le cas de l’opérateur public Dakar Dem Dikk (Ddd) et une partie de l’Aftu qui voulaient rouler. La police a par la suite déployé un important dispositif pour sécuriser les usagers qui voulaient travailler. Les forces de défense et de sécurité sont suffisamment engagées pour protéger les opérateurs qui veulent travailler. Grace à cet encadrement, il y aura peut-être une petite amélioration. Est-ce que ce sera suffisant pour satisfaire la demande ? Je ne le pense pas. Il faut donc s’attendre aux mêmes difficultés demain (aujourd’hui).»


ISSUE- «Cet après-midi nous avons commencé les discussions avec l’intersyndical qui a mandaté des membres pour échanger avec le ministère des Infrastructures et des transports terrestres. Les discussions vont se poursuivre avec le ministre aujourd’hui. Les concertations vont se poursuivre toute la nuit. Et demain (aujourd’hui), tous les ministres concernés, les Transports, l’Intérieur, les Forces Armées, les Finances, les Collectivités territoriales et l’Environnement vont rencontrer les acteurs afin d’aller vers la décrispation de la situation.» 
AIDA COUMBA DIOP, ALASSANE HANNE & MAMADOU NIANG, AICHA FALL, AICHA GOUDIABY & MAXIME DIASSY

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Publié par

Namory BARRY

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