Macky Sall-Karim Wade, le processus de dégel

vendredi 1 avril 2022 • 2848 lectures • 1 commentaires

Politique 2 ans Taille

Macky Sall-Karim Wade, le processus de dégel

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Entre le président de la République, Macky Sall et l’ancien ministre libéral Karim Wade, les rapports ne sont plus tendus. Les dernières sorties des deux personnalités présument un rapprochement.

La relation est devenue moins tendue. Entre le Président Macky Sall et Karim Wade, la hache de guerre semble être désormais enterrée. Le récent post de Wade-fils sur sa page facebook, le prouve à suffisance. Profitant de la qualification des Lions du Sénégal à la Coupe du monde qui se tiendra au Qatar, Karim Wade a adressé un message de remerciement au Président Macky Sall pour avoir donné le nom de son papa, Me Abdoulaye Wade, au nouveau stade de Diamniadio. Toujours dans sa publication, Wade-fils a annoncé son impatience d’accueillir les Lions du Sénégal au Qatar où il séjourne depuis sa libération de prison dans l’affaire dite de la traque des biens mal acquis. Avant cette sortie de Wade-fils, il y a eu celle du Président Macky Sall manifestant sa volonté d’engager des discussions sur une éventuelle amnistie de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall. Ce qui pousse le professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, à tirer cette conclusion : «Le courant ne passait pas avant, mais maintenant on peut considérer qu’il y a dégel. C’est significatif et révélateur d’un propos de rapprochement entre Karim Wade et Macky Sall. A partir du moment où Karim Wade remercie le président de la République, Macky Sall d’avoir donné le nom de son père au stade et montre sa disponibilité pour accueillir les Lions, cela veut dire qu’il y a un rapprochement entre les deux personnalités. Le courant passe entre elles.» 
Pour Momar Thiam, Docteur en communication politique, c’est prématuré de dire que c’est un signe de rapprochement des deux hommes. Parce que, rappelle-t-il, «Karim Wade a affiché ses intentions d’être ancré dans l’opposition et que demain, on ne sait pas, à partir du moment où ils sont tous issus de la grande famille libérale, quel va être le scénario auquel les Sénégalais vont assister». Toutefois, le Directeur de l’école des Hautes études en information et en communication (Heic Dakar) souligne que le Sénégal est dans un souffle nouveau impulsé par la victoire à la Can 2022 et surtout par la qualification des Lions pour la Coupe du monde. Ce qui donne un vent d’optimisme au peuple Sénégalais. Cette Coupe du monde devant se tenir au Qatar, Dr Momar Thiam estime que Doha, sa capitale, sera l’épicentre de la chose politique au-delà même de l’événement sportif surtout en ce qui concerne le Sénégal. Il explique : «Doha abrite aujourd’hui l’un des prisonniers politiques exilés, Karim Wade. En politique, il n’y a pas d’ennemis mais plutôt des adversaires, et quand Karim Wade dit qu’il félicite le Président Macky Sall pour avoir donné le nom du stade du Sénégal au Président Abdoulaye Wade, cela s’inscrit dans les commodités politiques pour ne pas dire républicaines. Et, si Karim pond un communiqué pour, en tant qu’acteur politique mais aussi Sénégalais, se féliciter de la qualification des Lions et leur dire qu’ils seront accueillis à Doha, c’est quelque part, qu’il veut une vitrine et pas des moindres pour rebondir politiquement et être en face des Sénégalais. Donc, on aura l’arène sportive qui va muer en arène politique, et cette météore politique va se déplacer du Sénégal à Doha». Et le Président Macky Sall qui est le maître du jeu politique, ajoute-t-il, va jouer de cela, comme il sait le faire, et y récupérer des dividendes politiques en termes d’images puisque lui-même s’est exprimé sur la question de l’amnistie et s’est aussi installé un processus de dégel entre lui et une forte frange de l’opposition autour de Khalifa Sall et de Karim Wade. 
Ces retrouvailles peuvent déboucher sur la matérialisation d’une amnistie de Karim Wade. Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, souligne que des missions de concertations se font souvent de manière officieuse. Ces missions, dit-il, «ne sont pas officialisées ou publiées. J’ai entendu l’autre jour que le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, est allé au Qatar. Vous savez qu’il y a des missions pour arrondir les angles et ce rapprochement peut se faire à travers des missions de concertations jusqu’au moment où la décision sera prête pour procéder à une amnistie».
Dans ce contexte post-électoral, une amnistie de Karim Wade pourrait être une opportunité. Ça pourrait aider à l’apaisement du climat social déjà tendu à l’approche des élections Législatives du 31 juillet 2022. Mais, précise l’enseignant-chercheur à l’Ugb, «ça peut aussi être un coup de stratégie politique. Parce que si on amnistie Karim Wade à la veille des élections Législatives, ça peut brouiller la carte au sein de l’opposition. Cela veut dire qu’il aura la possibilité de revenir au Sénégal pour mener le combat politique et jouer les trouble-fêtes à ces élections. Tout est permis dans ce cadre-là et les stratégies des uns et des autres se font en fonction du contexte et des opportunités. Ça peut être une stratégie pour déstabiliser l’opposition dans son organisation».

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«Le Pds, l’entrée dans le gouvernement et l’envie de rester dans l’opposition»
Une entrée de responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) dans le prochain gouvernement de Macky Sall peut être envisagé dans ce scénario de rapprochement entre Macky Sall et Karim Wade. Car, indique le professeur Moussa Diaw, «le mal n’est pas très profond, il n’y a pas une animosité féroce entre le Président Wade et le Président Macky Sall. Il y a des passerelles, des concertations, peut-être même, périodiques, et ça ne sera pas surprenant de voir certains membres du Pds faire leur entrée dans le gouvernement non seulement pour apaiser le climat politique mais aussi faire ce qu’on appelle la retrouvaille de la famille libérale». Dans tous les cas, au Parti démocratique sénégalais (Pds), on refuse de se pencher sur le sujet. Interpellé au téléphone hier, Mayoro Faye, Secrétaire national chargé de la communication du Pds, confie : «Le Pds est dans l’opposition et se bat pour revenir au pouvoir. Toutefois, quand une action positive est posée à votre endroit, vous ne pouvez qu’exprimer votre reconnaissance à l’acte».
SOPHIE BARRO

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Publié par

Namory BARRY

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