Maroc-Sénégal (3-1) : Une défaite riche en enseignements selon Serigne Saliou Dia, sélectionneur de l'Equipe nationale locale

Il n’y a pas eu match. Malgré son statut de première nation africaine (et 20^e mondial) au classement Fifa et la réduction du score de Ismaïla Sarr sur penalty en fin de rencontre (88^e), le Sénégal a été balayé par le Maroc (1-3), vendredi en match amical à Rabat. Pour son premier match depuis onze mois, le finaliste de la dernière CAN 2019 n’a pas existé face à un adversaire qui s’était pourtant arrêté en 8^e de finale en Égypte et pointe à la 4^e position en Afrique et au 43^e rang mondial au classement Fifa. C’est la plus lourde défaite des «Lions» depuis sept ans, mais également pour Aliou Cissé depuis son arrivée sur le banc de l’Équipe nationale en 2015. Ce revers sonne aussi comme une piqûre de rappel du chemin à parcourir pour le sélectionneur qui reste sur 32 victoires, 13 nuls et 7 défaites en 52 matches officiels. Son homologue de l’Equipe nationale locale, Sérigne Saliou Dia, analyse le match et tente d’expliquer la piètre prestation sénégalaise par plusieurs paramètres. «Ce sont des défaites riches en enseignements. De temps en temps, cela permet à un entraîneur de remettre ses joueurs sur les rails, corriger encore ce qu’il est en train de faire. Mais nous sommes en début de saison et il y a des joueurs qui n’ont pas encore assez de matchs dans les jambes. En plus, avec ces conditions dues au Covid-19, les joueurs ne se lâchent pas comme il le faut et l’équipe qui joue à domicile a plus de repère. Mais dans l’ensemble, c’était un match de reprise où il fallait essayer de nouvelles choses, voir de nouveaux joueurs. Cela va permettre au staff technique de tirer des analyses très claires qui pourront permettre de se protéger lors des prochains matches.»

Des repères, les coéquipiers de Mame Baba Thiam en ont manqué sur la pelouse du Complexe du Prince Moulay Abdellah. «Même si on sent que le Maroc a dominé, le Sénégal a eu la possession. Nous avons eu la possession (53%), mais c’était une possession dans notre zone où on ne lâchait pas très vite le ballon, explique Sérigne Saliou Dia. Il faut que nos milieux et excentrés puissent demander le ballon dans le dos du milieu adverse et qu’on s’améliore aussi dans l’impact. Il faut qu’on essaie de camper le jeu dans la zone adverse, que nos milieux et excentrés puissent mieux s’infiltrer entre le milieu et la défense de l’équipe adverse pour avoir plus de profondeur dans le jeu. C’est ce qu’on a fait en deuxième mi-temps et cela nous a donné un peu de satisfaction.» Au-delà d’une possession stérile et une passivité dans les duels, les «Lions» ont également «manqué d’impact dans le jeu». «Les Marocains ont fait 29 fautes alors qu’on en est resté à 27. Ils ont su tout le temps couper notre élan quand on attaquait pour nous faire déjouer. Ils étaient aussi plus présents sur les deuxièmes ballons et c’est ce qui fait que nous avions quelques difficultés dans le jeu.»

«Certains joueurs doivent élever leur niveau»

Ces accrocs rencontrés face aux «Lions de l’Atlas» peuvent aussi s’expliquer par l’absence de Sadio Mané et Koulibaly Koulibaly. Respectivement positif au Covid-19 et mis en quarantaine après la découverte de trois cas positifs dans son club, l’attaquant de Liverpool et le défenseur de Naples ont cruellement manqué à Cissé. «Malheureusement, cela a pesé, regrette le sélectionneur de l’Equipe nationale locale. Dans ce genre de match, Sadio est capable de prendre le ballon, d’organiser le jeu et demander en profondeur. C’est quelqu’un qui pouvait aspirer les Marocains et donner aux autres l’occasion d’exploiter les espaces. Sans Kalidou Koulibaly en défense, nous avons eu aussi de mauvais alignements qui nous ont coûté des buts. Dans un tournoi, il peut arriver que les deux ne jouent pas et ces matches sont une occasion pour l’entraîneur de mettre en place quelque chose.» À l’absence des deux joueurs cadres est également venue s’ajouter celle du gardien Édouard Mendy, forfait à cause d’une blessure à la cuisse à la veille du match et rentré à Chelsea. Il n’empêche, le formateur à Aspire est formel : «Même s’il y a eu des absences de taille, certains joueurs doivent élever leur niveau.» Pour leur deuxième match en quatre jours,  demain mardi (19H) au stade Lat Dior de Thiès face aux «Mourabitounes» de la Mauritanie, les «Lions» auront l’occasion de faire oublier la défaite au Maroc et montrer qu’ils peuvent exister sans Mané et Koulibaly.

OUSMANE DIOP