Mayacine Mar, Directeur Technique national : «Ce qui plombait nos Clubs»

samedi 9 janvier 2021 • 313 lectures • 1 commentaires

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Mayacine Mar, Directeur Technique national : «Ce qui plombait nos Clubs»

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Dans cet entretien, le directeur technique national magnifie les performances de Teungueth FC et du Jaraaf de Dakar, clubs représentant le Sénégal aux compétitions africaines, tout en donnant la recette de cette réussite. Mayacine Mar parle également des projets de sa direction, donne son avis sur le débat sur l’identité du football sénégalais.

Teugueth Fc et Jaraaf ont fait de bons résultats en Afrique. En tant que directeur technique national, comment expliquez-vous ces réussites ?

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C’est une grande satisfaction d’avoir les résultats que nous cherchons depuis des années : la qualification en phase de la Ligue des champions de Teungueth Fc et du Jaraaf aux barrages de la coupe Caf. Ça montre que le football sénégalais grandit. C’est vrai que certains jugent le football sénégalais par rapport au fait qu’on n’a pas gagné de Coupe d’Afrique en sélections nationales ou en clubs, mais il y a des critères d’appréciation qui sont plus tangibles tels que la régularité des compétitions nationales et la participation régulière de nos sélections nationales dans les grandes joutes continentales. Vous ne pouvez pas avoir la meilleure équipe nationale en Afrique depuis quatre ans, avoir des équipes de jeunes qui participent régulièrement aux compétitions internationales et avoir un championnat local régulier à tous les niveaux et dire que le football de ce pays ne marche pas. On commence à voir un peu le bout du tunnel. Nous n’avons jamais été loin d’une qualification en phase de poules ou aux barrages des compétitions africaines. On se rappelle comment Génération Foot a été éliminé par Berkane Fc, de même que le Jaraaf. Aujourd’hui, on peut expliquer les résultats sous plusieurs angles, l’appui financier conséquent de la Fédération, une bonne préparation des équipes avant les matches, la fixation de leur effectif et la mise en place d’un bon staff technique et administratif. On ne peut occulter les efforts réalisés par les présidents pour la mise en place d’un club d’envergure avec des conditions financières et matérielles.

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Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’aujourd’hui, nos équipes ont gagné en maturité, surtout sur les matchs en déplacement. Les dirigeants comme Babacar Ndiaye et Youssou Dial, de même que Cheikh Seck qui ont l’habitude de voyager avec les sélections nationales, se sont sûrement inspirés sur comment bien voyager et comment préparer les matches à l’extérieur parce que ce sont des choses qui conditionnent les bons résultats. Ce qui plombait nos clubs c’est qu’ils allaient en coupe d’Afrique très diminués par les transferts de meilleurs joueurs. Malgré les critiques et les pressions les gens n’ont jamais rechigné. Je suis convaincu que ce que TFC et Jaraaf sont en train de faire devrait se pérenniser parce que le travail qui se fait est en train de mûrir.


On disait souvent que le calendrier du championnat local ne favorisait pas trop nos clubs qui allaient en Afrique sans beaucoup de matchs dans les jambes, tout le contraire des adversaires. Cette fois, il semble que le Covid a permis à nos clubs d’être au même niveau que les autres ?


Effectivement, la gestion du calendrier local est importante parce que généralement nos clubs jouaient les préliminaires des coupes d’Afrique alors qu’on n’avait pas démarré notre championnat. Cette fois effectivement, quand tout le monde s’est arrêté et repris en même temps, les chances sont restées égales. Nous l’avons compris et nous allons calquer le calendrier africain pour permettre à nos équipes de bien se préparer. Il faut démarrer tôt le championnat pour donner la chance à nos équipes.


Peut-on dire que ces performances sont le symbole d’un renouveau du football sénégalais ?


On va parler de renouveau parce qu’on était absent de la phase des poules des compétitions africaines, mais on a toujours accroché le wagon du football africain. Quand nos équipes nationales sont en permanence dans les grandes compétitions, c’est parce qu’on a accroché. Peut-être que c’est avec les clubs qu’on n’arrive pas au sommet. Si on évalue seulement la participation de nos clubs en Ligue des champions, oui on peut parler de renouveau. C’est vrai que l’équipe locale a raté trois Chan (Championnat d’Afrique des Nations), mais tout ça s’explique par le fait que les meilleurs joueurs du championnat local partent après chaque fin de saison et même pendant les éliminatoires entre deux tours. Aujourd’hui, si nos clubs commencent à garder les bons joueurs, certains ont déjà cette politique-là, en payant de bons salaires, en mettant une bonne gestion, on peut avoir des clubs qui participent aux phases de poule, mais également une équipe locale qui peut gagner sa place dans le Chan. 


Est-ce que le fait de voir TFC aller battre le grand Raja de Casablanca chez lui prouve que le niveau du championnat sénégalais qu’on critique a progressé ?


Le niveau de notre championnat n’a jamais été faible depuis 5 ans. On juge seulement ce niveau par rapport à la participation de nos clubs aux compétitions continentales. Quand on n’arrive pas aux phases de poule, on dit que le niveau est faible. Est-ce qu’on va dire que le niveau du foot marocain est faible parce que le Raja est éliminé par le TFC. Ce n’est pas de cette manière qu’il faut faire la lecture. Il faut se demander pourquoi nos clubs n’ont pas pu accrocher les phases de poule pendant tout ce temps. C’est le fait que nos clubs ne parvenaient pas à garder leurs meilleurs joueurs, des voyages pas bien maîtrisés et le démarrage tardif de la saison. Si toutes ces questions sont réglées, on verra le bout du tunnel. Il faut continuer à travailler, renforcer la qualité des entraîneurs, il faut également continuer à bien organiser nos équipes et trouver des appuis financiers auprès des mairies, de l’État et des sponsors. 


Ces bons résultats montrent-ils qu’on a de bon entraîneurs ?


Je ne voulais pas lier ces résultats au fait que sur les bancs des deux clubs ont des entraîneurs de nos sélections U20 et U17. C’est vrai que c’est un avantage, parce que ces coachs ont mené les équipes nationales à des niveaux qui ont permis de comprendre et de voir d’autres compétitions. Quand vous faites beaucoup de matchs en Coupe d’Afrique, quand vous voyagez beaucoup et faites des matchs en Coupe du monde, quand vous faites beaucoup de stages, ce capital-là forcément doit servir. Ils ont eu à mettre en exergue cette expérience-là au niveau de leur club. Sur ce plan-là, il faut remercier la Fédération de leur avoir permis d’avoir un champ beaucoup plus vaste de travail. 


La direction technique nationale à la tête de laquelle vous êtes a-t-elle des projets pour pousser davantage la qualité de nos techniciens ?


La DTN est en train de se restructurer.  Le projet est passé au comité exécutif et nous allons avoir des gens permanents autour de la DTN. Nous allons faire fonctionner les départements avec du personnel permanent. Nous avons également travaillé au niveau des attelages des équipes nationales.


La formation des encadreurs a été toujours de mise. Ça a toujours été notre credo. Seule la licence A fait défaut, mais ce n’est pas de notre faute, si elle n’est pas organisée au Sénégal depuis lors. De 2008 à 2013, on était dans le système d’équivalence. Pour nous, tous ceux qui avaient le profil pour faire l’équivalence de la licence A CAF, l’ont fait. De 2015 à 2017, il y avait un arrêt de tout ce qui est formation des cadres au niveau de la Caf, après la nomination d’un nouveau DIRECTEUR TECHNIQUE de la CAF qui a voulu remettre du nouveau en voulant mettre d’abord la CONVENTION et permettre une meilleure organisation dans la formation. 


Aujourd’hui, on est à la fin de la signature des CONVENTIONS et normalement chaque pays devait avoir une visite d’un instructeur pour valider la CONVENTION et après ouvrir la formation. On attend la validation de la convention. Et tout de suite, nous allons ouvrir la licence A. Nous avons des actes de candidatures avec nous depuis trois ans. Nous avons 90 candidats pour la licence A, au moins 150 pour la licence B et presque 300 candidats pour la licence C. On est en train de liquider les licences B et C. Pour la licence A, on attend qu’on ouvre. Nous avons un projet qui va nous permettre d’accompagner des entraîneurs avec des stages permanents de 2 à 3 jours avec des entraîneurs locaux et étrangers qui seront invités.


Des stages en situation de courte durée dans de grands clubs auprès d’entraîneurs expérimentés sont prévus.


Les observateurs disent souvent qu’il faut une identité du football Sénégalais. Avez-vous un projet allant dans ce sens ?


On a le projet, mais c’est l’application qui pose problème. Parce que pour appliquer une identité de jeu, il faut que toutes les équipes aient la possibilité de l’appliquer. Et si les équipes ont des difficultés à trouver un terrain sur lequel les différentes catégories peuvent s'entraîner, ça va être difficile. Vous ne pouvez pas aujourd’hui demander à toutes les équipes de jouer de telle manière, si vous n’avez pas les outils et les moyens de le mettre en place. Aujourd’hui, dans les pays européens, où vous trouvez un terrain de foot pour chacun des clubs, on peut exactement travailler sur la philosophie. Aujourd’hui, Diambars, Génération Foot, Dakar Sacré Cœur et certaines équipes qui ont leur terrain peuvent le faire. Mais ce n’est pas tout le monde. A partir de ce moment, il faut être prudent. Nous savons exactement le profil des joueurs sénégalais, dans quelle philosophie de jeu on doit les insérer, on sait également quelle identité de jeu répond le plus à notre football, mais il faut différer l’application en attendant que la politique des infrastructures s’avère.


Cette identité du football sénégalais doit ressembler à quoi ?


Le footballeur sénégalais, c’est quelqu’un qui ne se retient pas. Nous avons une tendance à jouer vers l’avant, à rechercher le jeu devant et à garder le ballon. Nous sommes surtout dans une tendance d’un football dominant mais sans renier à l’attaque rapide. Nous avons des joueurs rapides, donc il nous faut faire cette symbiose. Être capable de garder le ballon quand il le faut, mais aussi de jouer vite quand on a la possibilité de jouer vite. C’est dans cette direction-là qu’il faut travailler et ne pas être une équipe qui reste tout le temps derrière et qui subit le jeu. 


Pour la phase des poules de la ligue des champions, Teungueth Fc va affronter le Zamalek (Egypte), l’Espérance Sportive de Tunis et le Mouloudia Club d’Alger. N’est-ce pas du lourd ?


Quand on énonce les noms de ces clubs, on peut se poser des questions. Mais il ne faut pas passer outre mesure. Ce sont des équipes qui se sont qualifiées comme TFC s’est qualifié. Il faut qu’on croie en nous. Il faut bien se prépare et s’investir davantage. En rencontrant de grands clubs, on rehausse forcément le niveau de jeu. Aujourd’hui, Tengueth doit se considérer comme un grand parce qu’il est dans une poule de grands. C’est vrai que ces équipes sont des habituées de la phase des poules, mais ce n’est la maison de personne. TFC a toutes les chances comme les autres. Le Jaraaf aussi peut s’en sortir devant Platinum de Zimbabwe, car on les connaît adeptes du jeu technique.


IDRISSA SANE

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Publié par

Namory BARRY

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