Molnupiravir : Ce que les autorités sanitaires pensent de la nouvelle pilule anti-covid
vendredi 29 octobre 2021 • 784 lectures • 1 commentaires
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Le laboratoire américain Merck a annoncé avant-hier mercredi 27 octobre, un accord qui pourrait permettre de diffuser largement dans les pays pauvres des versions génériques de son nouveau médicament anti-Covid-19. Cette première pilule anti-Covid, efficace à 50 %, est un antiviral destiné aux personnes déjà infectées au Sars-Cov-2. Seulement, il n’est pas préventif et son autorisation est en cours de validation au niveau l’Agence européenne du médicament.
C’est un nouvel espoir dans la lutte anti-Covid. Une nouvelle arme dans l’arsenal de guerre contre le Sars-Cov-2 responsable de la pandémie du Covid-19. Aujourd’hui, à l’heure où certains pays se penchent sur la possibilité d’une quatrième vague pour certains et d’une cinquième pour d’autres à l’approche de l’hiver, le laboratoire américain Merck annonce la mise en place du premier médicament pour le traitement oral anti-Covid-19. Le Molnupiravir. Mais c’est quoi le Molnupiravir ? De quoi s’agit-il exactement ? Le Sénégal pourrait-il l’intégrer dans son protocole sanitaire?
Professeur d’immunologie et de vaccinologie à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et membre du Conseil consultatif de la vaccination au Sénégal, Tandakha Dièye fait savoir que le Molnupiravir est un antiviral oral contre le Covid-19 qui est destiné aux personnes infectées et à risque de forme sévère pour éviter l’hospitalisation. Et que des essais cliniques sont en cours pour évaluer son efficacité en préventif pour les personnes à haut risque de contamination, soignants ou proches de malades. «C’est un inhibiteur de la polymérale, il empêche la multiplication du virus. Il s’agit d’un analogue nucléosidique, une molécule qui bloque la réplique du virus en introduisant des erreurs de copie. Donc, c’est une bonne chose parce qu’il empêche la multiplication du virus en bloquant le fonctionnement des protéines virales. C’est ce que l’on recherche parce que le virus, quand il se multiplie, l’organisme va se défendre. Et quand l’organisme se défend, ça entraîne des effets immuno-pathologiques comme la destruction des poumons. Moins il y a de virus dans le corps, mieux c’est. Et ce médicament a la capacité de diminuer la multiplication du virus en agissant sur la polymérale», explique le Professeur d’immunologie et de vaccinologie à l’Ucad, Tandakha Dièye.
«Une efficacité de 50 % contre tous les variants de Covid-19»
L’autre point très intéressant de ce nouveau médicament, d’après le Pr Dièye, c’est un traitement par voie orale et son utilisation n’est pas compliquée. «C’est un médicament qui entraîne une réduction de la durée de la maladie. Ça va alléger les hôpitaux et c’est ce que l’on veut», dit-il.
Le Molnupiravir est un antiviral expérimental à large spectre. Initialement destiné à soigner la grippe et l’hépatite C, il s’est avéré efficace contre divers coronavirus, dont le Sars-Cov-2, responsable de la pandémie de Covid-19. Et selon les essais cliniques du laboratoire américain Merck, le traitement à base de Molnupiravir sous forme de pilule réduirait par deux les risques de faire une forme grave du Covid-19. Et d’après des communiqués du fabricant, le médicament est efficace contre tous les variants du Sars-Cov-2. Le Pr Tandakha Dièye rappelle que Merck a fait état de résultats préliminaires d’un essai clinique avec 775 participants. Tous étaient infectés par le Sras-Cov-2 et tous présentaient au moins un facteur de risque, la plupart du temps une obésité, un âge supérieur à 60 ans ou une forme de diabète. Sur l’ensemble, 14,1 % des patients qui ont reçu le placebo ont été admis en réanimation ou sont décédés, contre 7,3 % des patients qui ont reçu du Molnupiravir. L’efficacité semble se maintenir, quel que soit le variant. «Pour l’instant, ces résultats n’ont pas fait l’objet d’une publication scientifique validée par les pairs. Rien de surprenant, compte tenu des délais de la recherche, mais cela invite à rester prudent», précise le Pr Dièye.
«Il n’est pas préventif et ne se substitue pas aux vaccins»
Par ailleurs, si ce remède est approuvé par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (Fda) et l’Agence européenne des médicaments (Ema), il viendrait en complément des vaccins et ne se substituerait pas à eux. «Cette nouvelle pilule n’est pas un traitement préventif de la maladie. Le médicament n’empêche pas d’avoir le Covid-19, mais il prévient contre les formes graves. Donc le principe qui sera utilisé, c’est de dépister et de traiter. C’est un outil qui va accompagner la vaccination. On attend l’approbation pour sa mise sur le marché, mais ça suscite un espoir immense», fait comprendre Pr Tandakha Dièye.
Aujourd’hui, si les grandes puissances comme la France n’ont pas attendu un éventuel feu vert du Fda ou de l’Ema pour passer leurs commandes (50 000 doses pour la France), le Sénégal ne semble encore être prêt pour l’utilisation de ce remède. «Si le remède est approuvé, il poursuivra le même processus que les autres médicaments pour entrer au Sénégal. Mais le problème ce sera l’accessibilité. Ce sera le même problème que les vaccins. C’est des produits trop chers qui ne sont pas accessibles à toutes les bourses. Donc, les plus aisés en bénéficieront d’abord avant qu’on en dispose parce qu’aujourd’hui, les gens ce qui les intéressent c’est de pouvoir vivre avec le virus», souligne le Pr Dièye. Non sans faire savoir que les recherches se poursuivent pour maîtriser la maladie et d’autres médicaments anti-Covid vont sortir prochainement pour renforcer l’arsenal de guerre. «Il y a cinq ou six nouveaux médicaments anti-Covid qui vont sortir dans les six prochains mois. Le vaccin est de côté, les laboratoires se concentrent maintenant sur les médicaments», renseigne-t-il.
DR YÉRIM MBAGNICK DIOP, DIRECTEUR DU MÉDICAMENT ET DE LA PHARMACIE : «Il y a un processus à respecter pour qu’un médicament puisse être accepté au Sénégal»
«Je ne suis pas au courant de ce nouveau médicament anti-Covid. Je ne saurais répondre à toutes vos préoccupations. Seulement, il y a un processus à respecter pour qu’un médicament soit accepté dans le pays. Au préalable, il faut que le laboratoire fasse une demande. C’est par la suite que les autorités habilitées à prendre une décision vont étudier minutieusement les risques qu’encourent les populations. Il existe également des procédures d’urgence pour accueillir ces nouvelles découvertes. Je ne peux pas vous répondre ! Je ne suis pas au courant de cette nouvelle pilule. C’est vous (journaliste) qui m’informez de ce nouveau médicament.»
FALLOU FAYE et MAXIME DIASSY
Publié par
Namory BARRY
admin
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