Saisie d'armes blanches : Révélations sur une perquisition menée par 76 agents du COUD

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, on vous voit faire l’inventaire d’un arsenal de combat composé d’armes blanches, notamment des machettes et des couteaux. Ces armes proviennent-elles réellement des chambres des étudiants ?

Exactement, ces armes proviennent des chambres des étudiants. Principalement des étudiants logés aux pavillons B, D, F et R.

Donc, il y a effectivement eu perquisition de chambre par la sécurité du Coud ? 
Effectivement et dans toutes les chambres perquisitionnées, il y avait des étudiants témoins de l’opération. J’ai lu sur le Net des commentaires soutenant de manière péremptoire qu’aucune chambre n’a été perquisitionnée, mais c’est faux. Il faut aussi savoir, du moins, selon le constat que j’ai fait, que les auteurs de ces commentaires sont des partisans, des militants politiques.

Comment est née l’idée de perquisitionner les chambres. Il y a eu signalement, dénonciation ou quoi ?
Ces perquisitions ont eu lieu parce que dernièrement, nous avons assisté à beaucoup de violence dans l’espace universitaire. Dernièrement, des étudiants se sont donnés en spectacle, brandissant des machettes et autres armes blanches et il fallait vite maîtriser tout cela pour éviter le pire. Il était de notre devoir, sur ordre du Directeur du Coud, Maguette Sène, de mener ces perquisitions-là. Il nous a donné l’ordre de fouiller toutes les chambres pour saisir toutes les armes s’y trouvant. C’est ce qui a été fait. 

La perquisition a eu lieu quand et à quelle heure ?
On a démarré l’opération aujourd’hui (hier dimanche) vers 10 H passées de quelques minutes.

Avez-vous rencontré de la résistance lors de ces perquisitions ?
Oui, nous avons rencontré de la résistance notamment aux pavillons F et B. Mais, ce n’était pas aussi rude. Il y a le jour et l’heure choisis qui ont été peut-être déterminants. Pour beaucoup d’étudiants, c’est nous qui les avons réveillés. 

Qu’entendez-vous par ce n’était pas rude ? 

Certains ne voulaient pas que l’on rentre dans leur chambre. Mais, on était assez nombreux. J’étais accompagné de 75 agents. Et, il était difficile de s’opposer à la perquisition. D’ailleurs, si ces armes étaient trouvées ailleurs que dans les chambres des étudiants, les premières amicales seraient les premières à se lever pour nous démentir. Et, vous voyez que ce n’est pas le cas.
Vous avez certainement identifié ces étudiants détenteurs d’armes. Peut-on avoir une idée de leurs profils ? 
Ce sont des étudiants syndicalistes pour la plupart. Le fait n’est d’ailleurs pas nouveau à l’Université Cheikh Anta Diop. Certains étudiants, surtout les syndicalistes, sont armés. Ça tout le monde le sait, c’est un secret de polichinelle. On le constate même à travers les médias. A chaque bataille, les médias, la télé, la radio ou la presse écrite font état de présence d’armes blanches et surtout de machettes à l’Ucad.

C’est seulement dans les chambres des étudiants syndicalistes que ces armes-là ont été trouvées ? 
Il faut savoir que ce ne sont pas ces seuls étudiants (syndicalistes) qui sont armés. D’autres étudiants, membres des associations de ressortissants de telles villes ou autres, sont aussi armés. Nous le constatons tous et à divers niveaux de la vie estudiantine, à chaque fois qu’il y a bataille rangée, nous notons la présence d’armes blanches.

Qu’en est-il des étudiants membres de parti politique, ne sont-ils pas concernés ?
Je vous l’ai dit tout à l’heure, des étudiants armés, on les trouve dans toutes les  associations, dans tous les mouvements d’étudiant. Bien sûr qu’il existe des étudiants membres de partis politiques armés.

De quel bord politique se trouvent les étudiants dont des armes ont été trouvées dans leur chambre ce dimanche ? 
Ils sont de tous bords politiques. Du pouvoir comme de l’opposition. Encore une fois, le fait n’est pas nouveau. Je vais me répéter, mais cette présence d’armes à l’Université de Dakar n’est pas une nouveauté. Je suis à l’Ucad depuis 2004 et cette violence armée y a toujours existé. Pour le moment, il y a même eu une baisse de tension et de l’utilisation des armes, mais tous ceux qui ont connu l’Université entre 2004 et 2007 savent que les choses étaient très compliquées. Tous les anciens étudiants de cette époque-là peuvent en témoigner.

Quelle suite donnerez-vous à cette perquisition ?
Concernant les armes saisies, c’est ce lundi que nous allons les remettre à la Police, précisément au Commissariat de Point E. 

En tant que chef de sécurité du Coud, cette saisie dévoile des failles dans votre travail. Comment ces armes ont pu atterrir dans les chambres des étudiants ?
Vous savez, ce n’est pas évident de tout contrôler. Il arrive même chez les forces de sécurité et de défense que des gens passent à travers les mailles du filet. Les étudiants sont des personnes intelligentes et ont mille manières de déjouer la sécurité. Il y a aussi que nous n’avions jusque-là pas le droit de fouiller les sacs des étudiants à l’entrée, encore moins certaines parties de leur corps. Mais avec les nouvelles consignes du Directeur du Coud, dictées par la situation du moment, nous allons être plus regardants.
IBRAHIMA KANDE