Sonko, les actes contre nature : la démarche actuelle qui brouille le message originel de Pastef

lundi 22 mars 2021 • 2567 lectures • 2 commentaires

Politique 3 ans Taille

Sonko, les actes contre nature : la démarche actuelle qui brouille le message originel de Pastef

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Mis sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko établit depuis des alliances politiques à coup de déplacements et de visites de courtoisie. Mais ses dernières rencontres avec des figures de la politique politicienne ont suscité beaucoup d’interrogations pour un parti qui ne veut faire aucune concession au système.

Lors de sa conférence de presse le jour de sa mise sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko s’est voulu très clair. Son dossier judiciaire dans lequel il est accusé de viols répétés contre la masseuse Adji Sarr, ne l’empêchera pas de mener à bien ses activités politiques. Une promesse qu’il a commencé à tenir le lendemain, d’abord par des visites aux victimes et familles endeuillées lors des manifestations qui ont accompagné son arrestation. Des déplacements de sollicitude aux médias suspendus ou attaqués. Et surtout des tournées de gratitude envers les soutiens politiques qui se sont mobilisés pour sa cause. Ces activités auraient pu passer comme simples actes de courtoisie, mais depuis, le leader de Pastef ne semble plus vouloir s’arrêter et, à chaque visite, suit une déclaration qui ne cache plus rien de ses intentions. Il est en train de conforter sa position d’opposant en chef qu’il a acquise par la force des évènements. Battre le fer tant qu’il est chaud, une stratégie qui pousse Sonko à tester, chaque jour plus, le jeu des alliances. Karim Wade pour qui il demande la restitution des droits citoyens, Maïmouna Bousso Dieng, Ahmed Khalifa Niasse, Bougane Guèye… Les échéances électorales (Locales et Législatives) sont en point de mire pour l’opposant qui n’en finit plus avec les rapprochements, parfois contre-nature. Ceux, partisans d’une politique politicienne, qu’il dénonçait hier, sont ceux qu’ils visitent aujourd’hui. Quitte à brouiller le message originel des Patriotes qui a séduit les primo alliés et militants. Au sein de cette dernière catégorie, on parle déjà d’incompréhension stratégique. Vrai ou supposé ? El Malick Ndiaye, directeur de la communication de Pastef, a repris donc approuvé sur sa page Facebook, une analyse faite sur le «lambar lambar du soldat Ousmane Sonko». «Le nouveau Ousmane Sonko ne peut plus être le Ousmane Sonko de Pastef, de la coalition X ou Y avec des fronts contre Bougane et des querelles politiques inutiles… Mais le Ousmane Sonko rassembleur… Il n’a plus le choix, il doit mettre son égo et ses caprices politiques de côté et fédérer les cœurs», souligne la contribution. Une explication qui dit, en somme, que l’opposant aurait abandonné la politique éthique pour le realpolitik qui met fin aux idéologies aussi bien qu’aux idéaux. 

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«Ce n’est pas à Pastef de s’adapter aux alliés, mais aux alliés de s’adapter aux règles de Pastef»
Ce n’est pas la première fois qu’Ousmane Sonko ajuste son positionnement à ses ambitions. Lors de la dernière Présidentielle, l’opposant avait interrompu sa campagne pour rencontrer Me Abdoulaye Wade et obtenir de lui un soutien politique. Ce, malgré le fait qu’il ait cloué au pilori le pape du Sopi et sa gestion à la tête du pays. Cette rencontre n’avait pas eu l’effet escompté sur ses résultats électoraux. Mais cette fois-ci, les choses pourraient changer. D’abord parce que Pastef, sans véritables alliés de poids, a compris, avec ces manifestations, le poids d’une opposition réunie en face d’un pouvoir décidé. Pour le professeur en Sciences politiques Moussa Diaw, il y a là des dividendes à recueillir. «Il faut mettre cela dans l’explication des logiques politiques. Il y a le discours et il y a sa traduction dans la réalité en fonction des opportunités. Le combat politique nécessite un discours mobilisateur», analyse-t-il. Fine bouche hier, Sonko ne rechigne désormais plus à être vu avec des politiciens du système. De là à faire perdre sa spécificité au parti ? Dans son idéologie, Pastef s’est toujours insurgé contre l’élite politique entretenue grâce à un système de clientélisme et de redistribution des ressources. «Rien ne change», crie El Malick Ndiaye. Selon le directeur de la communication du parti, la perspective est faussée dès lors que les évènements sont analysés en termes d’alliance donnant-donnant. «C’est aujourd’hui incontestable qu’Ousmane Sonko se positionne comme le chef de l’opposition, il est donc dans son rôle de fédérateur. Ensuite, le parti reste droit dans ses bottes en termes d’idéologie. Ce n’est pas à Pastef de s’adapter aux alliés, mais aux alliés de s’adapter aux règles de Pastef», éclaire-t-il. 
Entre février et mars, le parti aurait connu un rush d’adhésions sur le site. 21 213 personnes ont rejoint les Patriotes au plus fort de la crise qui a éclaboussé leur leader. Soit le triple des adhésions entre le lancement du site en décembre dernier et le 31 janvier. La première mention, dans la presse, de la plainte pour viols remonte au 8 février. Il faudrait encore attendre pour savoir si les Patriotes adhèrent en masse à la nouvelle philosophie politicienne de leur leader. 
AICHA FALL

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Publié par

Namory BARRY

admin

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