Soutien d’Ahmad à Me Senghor, un cadeau empoisonné ?

mardi 24 novembre 2020 • 268 lectures • 1 commentaires

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Soutien d’Ahmad à Me Senghor, un cadeau empoisonné ?

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Suspendu par la Fifa pour manquements à l’éthique, Ahmad Ahmad ne briguera pas un second mandat à la tête de la Caf. La suspension du Malgache va-t-elle profiter au candidat du Sénégal, Me Augustin Senghor ?

Au nom d’une certaine loyauté à l’égard de Ahmad Ahmad, Me Augustin Senghor ne tenait pas à se présenter contre le Malgache avec qui, il a fait équipe dans le bureau de la confédération africaine de football. Mais à la dernière heure, avec la menace d’invalidation de la candidature du Malgache, le président de la Fédération sénégalaise de football a déposé sa candidature, le 12 novembre dernier, la date butoir pour les candidatures aux élections du 12 mars prochain à Rabat, au Maroc. La candidature du Sénégalais était perçue comme le plan B du bureau de la Caf sortant, au cas où Ahmad serait écarté par la Fifa. Ce que le candidat Me Senghor a confirmé de façon détournée, lorsqu’il annonçait officiellement sa candidature. «Gouverner, c’est intégrer le risque. Il y a une procédure de la commission d’éthique de la Fifa qui concerne notre président en activité. Après échanges et concertations avec les membres du comité exécutif et le président Ahmad Ahmad lui-même, il s’est avéré qu’il serait nécessaire qu’on prenne le minimum de précaution face à des risques. Le management actuel repose sur l’identification des risques et la capacité à pouvoir être dans la précaution pour les contourner», disait Me Augustin Senghor.

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Le sort d’Ahmad Ahmad est scellé hier, lundi. La chambre de jugement de la Commission d’éthique indépendante de la Fifa a suspendu pour une durée de cinq ans, le président sortant de la Confédération africaine de football, de toute activité liée au football professionnel. La chambre «a jugé Ahmad Ahmad coupable d’avoir enfreint les articles 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la Fifa, ainsi que l’article 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018», dit la Fifa. «L’enquête sur le comportement de M. Ahmad au poste de président de la CAF entre 2017 et 2019 a porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités», précise le communiqué de la chambre de jugement de la Commission d’éthique, qui affirme avoir «établi» qu’Ahmad Ahmad «avait manqué à son devoir de loyauté, accordé des cadeaux et d’autres avantages, géré des fonds de manière inappropriée et abusé de sa fonction de président de la CAF.»

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Le Malgache qui devra en outre verser une amende de 200 000 francs suisses (185 000 euros, plus de 120 millions Cfa) n’est plus président de la Caf depuis hier lundi 23 novembre 2020 et pas éligible pour les élections de la Caf du 12 mars 2021. La suspension de Ahmad laisse ainsi le champ libre aux quatre autres candidats à la présidence de la CAF : le Sénégalais Augustin Senghor, le Sud-africain Patrice Motsepe, le Camerounais Jacques Amouma et le Mauritanien Ahmed Ould Yahya.


«L’avantage, Ahmad a déjà pu tisser un réseau»


Qui va profiter de l’inéligibilité de Ahmad pour les élections de mars 2021 ? La rumeur et la succession des faits indiquent que c’est le président de la Fsf qui aurait les faveurs du Malgache, pendant que la FIFA pencherait pour deux des prétendants : Motsepe et Yahya. La bataille est donc là. S’il s’avère que Me Senghor va bénéficier du soutien du président sortant, du moins suivant la logique des faits, il doit se préparer à un quitte ou double. Car le soutien du Malgache qui espérait avoir avec lui 46 des 54 fédérations pour une réélection pourrait être tout bénéfique tout comme il peut avoir des inconvénients.


Aux yeux de l'ancien international camerounais devenu consultant, le soutien de Ahmad à un candidat ne pourrait souffrir d’aucun handicap. «Les élections de manière générale ont été conçues pour mettre en compétition des programmes, mais dans la réalité, en Afrique, ce ne sont pas toujours les programmes qui sont en compétition, mais les personnalités. Si dans la logique, on aurait pu penser que si Ahmad Ahmad est «entaché d’infamie», son soutien devrait faire handicap, pas forcément. Dans la mesure où certains peuvent dire que c’est une suspension qui vise quelque chose. Ces gens-là se diront on l’a éliminé, mais nous avons quelqu’un d’autre et ensemble, nous allons le soutenir. Ensemble ça veut dire Ahmad y compris. Il y a beaucoup de gens qui considèrent qu’il a peut-être commis des erreurs, mais qu’il n’est pas malhonnête. Il y a l’esprit et la lettre de la sanction. Il y en a qui vont trouver que oui il a enfreint la lettre des règlements, mais dans l’esprit, ce n’est pas un voleur», analyse l’Observateur Joseph-Antoine Bell. Un Coach en développement personnel qui a souhaité garder l’anonymat est aussi d’avis que le soutien de Ahmad Ahmad à Me Augustin Senghor est un avantage conséquent. «Etant président de la Caf, Ahmad a déjà pu tisser un réseau. En Afrique, ça marche toujours comme ça. Si Issa Hayatou a duré, c’est parce qu’il avait un réseau de présidents de fédérations totalement acquis à sa cause. Souvent, les votes, c’est comme en politique, c’est une consigne qui va être donnée et tout le monde va suivre», dit le coach. Est-ce que tous les souteneurs de Ahmad sont prêts à suivre Me Augustin Senghor ? «Tout dépendra de ce qu’ils vont négocier», ajoute-t-il, non sans signaler que la Fifa qui a toujours voulu avoir une certaine mainmise sur la Caf, va avoir son candidat parce qu’on commence à la suspecter. «Est-ce que la Fifa va déployer les moyens pour détourner certaines fédérations du camp d’Ahmad ? Ce qui est sûr, Augustin Senghor, avec le soutien du président sortant, part avec un avantage, même si Ahmad est incriminé. Tout est question de jeu politique avec des négociations souterraines. Augustin a une carte à jouer», se convainc le coach en développement personnel.


«Ce serait trop risqué de s’afficher pro Ahmad dans la situation actuelle» 


Le soutien de Ahmad Ahmad n’a pas que des avantages. Dans la situation actuelle, il peut aussi avoir un mauvais côté, surtout lié à son image assez écornée, trouve l’ancien vice-président de la fédération sénégalaise de football, Bounama Dièye. «C’est une décision mal venue, parce qu’Ahmad est interdit de toute activité et certainement, il ne pourra même pas se prononcer publiquement sur les élections, ou bouger le plus petit doigt. S’il doit soutenir quelqu’un, c’est certainement dans les coulisses», avance l’ancien président de l’Asc Saloum de Kaolack. Selon l’ancien instructeur en administration à la Caf, «ce soutien peut-être un couteau à double tranchant». «Si comme il (Ahmad) l’a dit en déposant sa candidature, il avait 46 fédérations avec lui, si ces fédérations vont jusqu’au bout de leurs logiques et se solidarisent avec lui, son soutien à un candidat peut récolter des points positifs. De l’autre côté, d’après ce que j’ai perçu depuis que la décision est tombée, il y a un abattage médiatique sur l’image de l’homme. Ce serait donc trop risqué de s’afficher pro Ahmad dans la situation actuelle, parce qu’il a été sanctionné par la commission d’éthique. On est dans les valeurs. Et pour faire l’exemple, les gens vont certainement tout faire pour que l’image de Ahmad ne ternisse pas la vie de la confédération et éventuellement la future élection du futur président de la Caf», analyse l’ancien expert de la Fifa. «Je peux me tromper, mais je ne pense pas que Me Augustin Senghor va aller à ces élections avec le bilan de Ahmad. Ce serait, de mon point de vue, une erreur fatale. On peut garder les relations, mais Me Augustin est le candidat du Sénégal. Il n'y a plus de sentiment, il doit mettre toutes les chances du côté de sa candidature. Et tout ce qui peut gêner sa candidature, il doit sans état d’âme s’en débarrasser et compter sur ses propres forces et ses propres valeurs qu’il a incarnées jusque-là. Revendiquer un quelconque bilan de solidarité avec Ahmad, serait une erreur sur le plan stratégique. Augustin a tissé sa toile, il a été patient. C’était compliqué pour lui d’entrer dans le comité exécutif. Il a fait un bon bout de chemin et avec un peu de détermination et du soutien de tout le monde, il peut faire l’affaire. Sur le plan des valeurs, il est clean. Et il a le profil du poste», ajoute Bounama Dièye.


Si Me Senghor est celui qui va hériter du réseau qu’aurait tissé Ahmad Ahmad qui se targuait d’avoir le soutien de 46 des 54 fédérations pour une réélection qu’il n’aura plus, il tient entre les mains un couteau à double tranchant. 


IDRISSA SANE

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Publié par

Namory BARRY

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