Vaste coup de filet dans la mafia des cartes d'embarquement à l'AIBD

lundi 26 avril 2021 • 1750 lectures • 1 commentaires

Société 2 ans Taille

Vaste coup de filet dans la mafia des cartes d\'embarquement à l\'AIBD

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Air Sénégal victime d’une mafia de mic-mac sur des tickets falsifiés, des sommes indûment perçues sur des bagages enrôlés sous des logs d’autrui…

L’aéroport international Blaise Diagne (Aibd) vient d’être assaini d’une vaste mafia huilée, ingénieusement entretenue par des agents de structures sous-traitantes au grand dam de passagers et surtout de compagnies aériennes, dont Air Sénégal. Un démantèlement parti d’une plainte déposée par la police espagnole se plaignant de l’arrivée sur son sol d’un passager tout au moins «mystérieux». 

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Trafic de passagers et escroquerie, trafic de bagages, mise en danger de la vie d'autrui, faux et usage de faux sur des cartes d’embarquement, prise indûment de sommes d'argent sur des passagers… C’est en somme, la genèse de la kyrielle d’infractions retenues contre six agents officiant pour la plupart pour des structures sous-traitantes de contrôles et de gestions de tickets et autres bagages des passagers. Un chapelet de délits qui a atterri vendredi dernier sur le bureau du procureur de la République, près le tribunal de grande instance de Mbour. Les limiers du commissariat spécial de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, (Aibd) ont déféré dans ce temple de Thémis les six agents incriminés, dont une dame. Il s’agit des nommés : Papa S. B. Bassene, O. Niang, M. Seck et A. K. Cissé, A. Mballo et A. Nd. Biteye.
Pour démanteler ce vaste réseau qui étendrait ses tentacules jusque dans plusieurs pays de la zone nord et ouest africaine, les hommes du commissaire Mamadou Bopp ont exploité tour à tour, six plaintes déposées par la compagnie Air Sénégal, victime de pratiques mafieuses entravant le bon fonctionnement de ses services, tout en écorchant l’image de la boîte. Ces plaintes ont été précédées par une autre déposée, dans le courant du mois de février dernier, par la police espagnole. Les termes des récriminations des policiers espagnols ne font pas que consolider les pratiques peu orthodoxes de certains agents véreux. Ils posent la curiale question de la sécurité à l’Aibd. En atteste la prouesse surréaliste accomplie, le 28 février dernier, par le passager, Filling Dansokho, qui est parvenu à débarquer à Barcelone, via Dakar - Casablanca, à bord du vol de la compagnie Air Sénégal. Ce, «après que le passager en question s’est retrouvé à l'aéroport de Barcelone sans document de voyage  par devers lui.»
 
Le cas du passager fantôme qui débarque à Barcelone sans document 
Air Sénégal cherchant à comprendre cette «performance» inédite, a saisi à son tour, la structure «Teranga sûreté aéroportuaire» (Tsa), responsable du contrôle des documents. Une démarche qui a permis de recueillir une manne d’informations sur les circonstances de ce voyage plus que suspect signé le passager, Filifing Dansokho, titulaire du passeport ordinaire sénégalais N°A026…8. Selon des sources de L’Observateur F. Dansokho se serait fait enregistrer sur le vol air  Sénégal : Diass Casablanca, le 27 février 2021, à 23h02mn, par Papa S. Bassene, sur le box «26» de l’Aibd, avec le log «nousmane», tenu par, O. Niang, Superviseur d'escale d'air Sénégal. Expliquant la faille du système, Ib. M. Diaw, responsable «Assurance Qualité» de Air Sénégal, explique que «l'agent d'enregistrement qui était complice du passager Dansokho, a d’abord imprimé une carte d'embarquement Dakar-Casablanca.» Ensuite, indique-t-il, «il a imprimé illégalement une autre carte : Casablanca – Barcelone.» Toujours selon, Ib. Diaw. «Il est quasiment impossible qu'un même passager soit enregistré sur deux vols différents en même temps. Pour que cela soit possible, il a fallu que l'opérateur utilise frauduleusement le numéro de la première carte d'embarquement et le reproduit sur le système en vue d'en émettre une autre», assure Diaw qui s’est voulu plus explicite. «Le protocole utilisé est celui du papier ticket et (add itinary), des options proposées par le système (Amadeus Customer Management), permettant de faire une manipulation physique et imprimer ainsi une carte d'embarquement illégalement.» Il est à signaler que, Filling Dansokho, avait déjà été présenté au parquet de Mbour, le 3 mars 2021, pour faux usage de faux portant sur un passeport ordinaire sénégalais, revêtu d’un visa Schenen falsifié. Il avait déclaré lors de son audition, avoir effectué toutes les formalités d’enregistrement et d’immigration à l’Aibd. Mieux, dixit le responsable d'Air Sénégal, que les investigations ont relevé que, «ce 28 février 2021, vers 1 heure du matin, le passager, F. Dansokho a été embarqué manuellement sur le vol. une manipulation qui avait pour objectif de l'insérer dans le système comme passager ayant pour destination finale Barcelone et contourner ainsi le système.» 

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Ces irrégularités relevées sur l’enregistrement des bagages et les sommes indument perçues
Au cours de leurs investigations, les limiers de l’Aibd vont relever un autre point d’irrégularité subtilement mené par des agents véreux.  C’est le cas sur le vol, d’Air Sénégal, «HC209», à destination de Conakry. La passagère, Kadiatou Touré qui avait par devers elle, trois bagages a soutenu avoir remis 50 000 FCfa, à un individu, sur demande de l’agent préposé au poste, sans recevoir en retour, un reçu. Une vérification faite des étiquettes de bagages ont permis de constater que l’agent au comptoir avait pris en compte sur sa séquence, un numéro «40», de deux bagages de 23 kilos chacun et un troisième sur la séquence cette fois, d’un autre passager, identifié sous le nom de A. Komlan. Sur le même vol, une autre passagère arrivé en retard s’était plaint avoir remis au même agent, 50 000 FCfa pour le même service, sans recevoir de reçu. Après investigations, il a été découvert que la séquence numéro 40, était utilisé ce soir-là par l’agent d’enregistrement de la «2As», A. Mballlo. Celui-ci entendu, dira aux enquêteurs avoir effectivement enregistré ce 20 février 2021, sur la fréquence 40, la passagère, Kadiatou Touré, qui s’est présentée à lui avec deux bagages. Seulement, souffle-t-il, que sa collègue, Mme Biteye lui aurait demandé de lui sortir une étiquette sur la séquence «4». Ce qu’il a fait sans hésiter. Mballo qui a reconnu cette opération qui est à l’origine de l’arnaque, a cependant nié avoir perçu une quelconque somme de la passagère, Touré. 
La dame, A. Nd. Biteye, dira aux policiers de l’aéroport que ce, 20 février 2021, elle se trouvait au périmètre d’enregistrement du vol Air Sénégal à destination de Conakry. Elle était assise à côté de l’agent Mballo, mais qu’elle n’a en aucun moment demandé la séquence «4» à son collègue, A. Diallo. Une réponse curieuse si l’on sait que l’opération incriminée est censée avoir été faite avec la fréquence «40» et non «4» et en intelligence avec l’agent, A. Mballo, au lieu de A. Diallo. Pour en avoir le cœur net, les limiers de l’aéroport ont procédé à une confrontation entre A. Mballo, A. Nd. Biteye, I. Diouf, responsable à Air Sénégal et M. Guèye de «2As». Une séance qui a permis d’avoir d’autres éléments de réponses. I. Diouf charge Mballo en indiquant que, «tous les faits, sur le système «Altea»,  prouvent que c’est bien A. Mballo qui est à l’origine de cet enregistrement irrégulière. A cela, il faut ajouter la réclamation de la passagère Touré. Selon toujours, I. Diouf, l’agent Mballo porte préjudice financier à la compagnie puisque ce troisième bagage devait être facturé à la passagère propriétaire. De l’avis de M. Guèye, le sieur A. Mballo a été entendu en interne à «2As», au cours d’une procédure administrative. La vérification de l’historique de ses opérations a permis de découvrir qu’il avait effectivement enregistré deux bagages pour la passagère Touré, avant d’enregistrer un troisième bagage pour le compte d’une autre passagère. 
L’autre deal éventré par l’enquête fait suite à la plainte n°131/Csa, portant faux et usage de faux sur des cartes d’embarquement. Selon, A. Sène de la compagnie Air Sénégal, le 30 mars 2021, le chef d’escale d’Air Sénégal à Casablanca les a informés que la dame, G. Edna et le jeune garçon, B. A. Michée, qui avaient pour destination, Casablanca, ont présentés des cartes d’embarquement sur Barcelone. Mais, celles-ci étaient au non d’O. Dembo et F. Gongo, ainsi que deux passeports britanniques et Belges. L’équipe a fait un cross check et s’est rendue de la surenchère. 
Poursuivant leurs investigations, les limiers ont entendu, le sieur, A. K. Cissé qui a nié avoir pris part à cette opération (envoi rush), frauduleuse, précisant qu’il n’intervient nullement pas dans les procédures d’envoi rush. Une confrontation avec, B. Diouf, responsable à Air Sénégal, M. Seck et A. K. Cissé est alors organisée. Au cours de cet exercice, B. Diouf a expliqué que dans son rôle de superviseur-litige, A. K. Cissé est censé avoir une visibilité sur ce qui se passe sur les litiges-bagages. Ce dernier, doit aussi contrôler le travail de l’agent de «2As», lorsque cela concerne des bagages de passagers d’Air Sénégal, à fortiori, les envois rush.  A sa suite, A. K. Cissé a affirmé qu’il ne recevait pas les bordereaux spéciaux de chargement qui accompagnent les bagages envoyés par rush. Cela pour dire qu’il n’a en définitif aucune visibilité sur ces opérations. Il a d’ailleurs indiqué qu’il ne se trouvait même pas sur place, au moment où M. Seck procédait à l’expédition. Pour sa part, M. Seck a maintenu ses déclarations en précisant avoir demandé à un manutentionnaire d’aller chercher les bagages dehors, pour les amener dans son bureau. Il avait conditionné les bagages qui étaient au nombre de 5, plus deux autres bagages avant de les expédier à Conakry. Il a toutefois précisé qu’A. K. Cissé n’était pas au courant de cette expédition. 


Jeux de ping-pong entre agents mis en cause
Concernant la plainte, 130/Csa portant faux usage de faux, B. Sène, responsable exploitation sol Air Sénégal a révélé avoir reçu dans la nuit du 21 mars 2021, le rapport de vacation des superviseurs de la compagnie qui ont fait mention de trois passagers qui avaient été interceptés par la police de l’immigration de l’Aibd, avec de fausses cartes d’embarquement alors qu’elles tentaient d’embarquer sur le vol Air Sénégal «Hc 423». Les trois individus A. Gassama, D. Diankha et M. C. Sow avaient des billet : Dakar – Casablanca. Après vérification, ils se sont rendus compte, pour les deux premières passagères, qu’elles avaient une réservation sur la destination Dakar – Barcelone, via «Hc 423», qu’elles n’ont pas confirmé les billets alors qu’elles sont passées aux comptoirs d’enregistrement et se sont fait réellement enregistrés sur vol «HC 417», pour Milan (Italie). Pour la dame, M. C. Sow, elle avait bel et bien enregistré sur le vol Dakar – Casablanca- Barcelone via «Hc 423». Elles toutes les trois mis en cause ont été déférées au parquet  de Mbour, suivant procédure numéro, 49/Csa du 21 mars 2021 pour faux usage de faux portant sur une fausse carte d’embarquement et de cachets des aéroports de l’espace Schengen. 
Le responsable de la sureté de la compagnie a informé que ces cas d'excédents de bagages posent un problème de sécurité due «au fait que le poids des bagages est pris en compte dans les calculs de la distance à parcourir par l'aéronef, de la puissance de la machine puisqu’il influe sur les performances de l'avion au décollage comme à l'atterrissage. Un mauvais décompte des poids peut avoir comme issu, une sortie de piste, ou un crash. D'où la menace constante de mise en danger de la vie d'autrui, en dehors du trafic de bagages.» 
Abdoulaye DIEDHIOU

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Publié par

Namory BARRY

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