Vie des partis avec le Covid-19 : La politique à l’ère du clic

jeudi 28 janvier 2021 • 432 lectures • 1 commentaires

Politique 3 ans Taille

Vie des partis avec le Covid-19 : La politique à l’ère du clic

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La pandémie du Covid-19 a bousculé tous les codes. Les partis politiques n’ont pas été épargnés. Avec l’interdiction de rassemblements, la communication virtuelle est de mise pour garder le contact entre les leaders de parti et leurs militants.

Il y a comme de la magie à distance. Une sorte d’interaction imposée par le contexte sanitaire actuel, où le virtuel est devenu l’interface entre les deux segments d’un parti politique ; le leader et ses militants. «(…)Je suis au courant des démarches pour une audience avec moi, mais avec la situation du Covid-19, j’ai demandé à Ass Babacar (chef de Cabinet et Conseiller spécial de Idy, secrétaire national chargé des élections du parti Rewmi, Ndlr), d’organiser les audiences par WhatsApp ou en zoom pour que nous puissions nous voir en vidéo (...).» Dans cet enregistrement sonore, un audio partagé  dans des groupes WhatsApp du parti Rewmi, Idrissa Seck s’excuse presque de ne pouvoir être physiquement en contact avec ses militants et sympathisants. Le leader de Rewmi, Président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), appelle ses affidés à réadapter leur forme de communication. Comme pour donner le ton pour un respect strict des interdictions des autorités sanitaires et étatiques. Il fallait y penser. Avec la pandémie du Covid-19, dont l’une des mesures barrières édictées par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) est la distanciation sociale. Une règle presque inapplicable lors d’un rassemblement. Même si la vie d’un parti politique est rythmée par une animation à la base, les réunions politiques-comité central ou comité directeur pour certains, secrétariat exécutif national pour d’autres- sont devenues quasi-impossibles en présentiel. Il faut forcément trouver des canaux pour rester en contact avec les militants. Au sein des partis politiques, on ne manque pas d’astuces, surtout à l’ère du numérique où les réseaux sociaux sont devenus incontournables pour maintenir le lien. La flamme militante.

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Zoom, WhatsApp, Google meets au Rewmi


Leçon sue au Rewmi. «Avec la nouvelle situation sanitaire, pratiquement tous les états-majors politiques sont obligés de revoir leur système d'animation interne. Avec la contrainte des nouvelles mesures barrières édictées par les autorités étatiques et sanitaires, les rencontres des partis politiques ne peuvent qu'être virtuelles», reconnait d’emblée, Mory Gueye, secrétaire national de la jeunesse de Rewmi. La consigne de Idrissa Seck est appliquée à la lettre. «La pandémie du Covid-19 a imposé aux partis politiques du Sénégal, un autre calendrier et système de regroupement. Les moyens les plus utilisés au Rewmi maintenant sont les plateformes digitales de communication comme zoom, WhatsApp, Google meets, etc...pour garder le fil avec les militants et les responsables», renseigne toujours Mory Gueye. Le top départ est d’abord donné par le leader, puis les responsables impliquent les militants. «La communication part d'abord du leader aux responsables nationaux, ensuite des responsables nationaux aux militants de base. Parfois aussi, le leader peut directement parler aux militants et militantes via les groupes WhatsApp internes du parti, comme l'a fait récemment le Président Idrissa Seck pour rendre hommage à ses représentants dans les différentes collectivités territoriales.»


 


Le parti socialiste en mode webinaire, appels téléphoniques, Groupes WhatsApp…


Ils sont aussi dans l’air du temps. Au parti socialiste (Ps), les rassemblements sont interdits. Mais, comme toutes les organisations, il fallait s’adapter. Surtout que l’apparition du virus est intervenue dans un contexte où la secrétaire générale du Ps, Aminata Mbengue Ndiaye, avait commencé une série de rencontres avec les différentes structures du parti ; les cadres, les jeunes, les femmes, les étudiants. «Nous avons changé de stratégie. Nous avons organisé dernièrement le mémorial de Léopold Sédar Senghor. Par le passé, nous le faisions par un dépôt de gerbe de fleurs sur sa tombe au cimetière Bel-Air, ensuite, il y avait une veillée culturelle et un symposium. Pour ce qui est de la veillée culturelle, nous avons dû l’annuler, pour le dépôt de gerbe, nous avions une délégation très restreinte au cimetière. Pour le colloque, nous l’avons fait en webinaire avec des personnes ressources, un code a été donné à tous les militants qui désiraient prendre part à la rencontre. Il y a eu des échanges», explique Mame Bounama Sall, secrétaire général du mouvement national des jeunesses socialistes (Mnjs). Comme presque tous les partis, le Ps a aussi ses groupes WhatsApp. «Le secrétariat exécutif national a un groupe WhatsApp où certaines informations sont partagées. Ces groupes WhatsApp n’ont rien d’officiels certes, mais ce sont des supports d’échanges et d’harmonisation des positions. S’il y a des documents à se partager, c’est par ce canal là qu’on le fait. Il y a aussi le téléphone qui permet à la Présidente Aminata Mbengue Ndiaye de consulter tout le monde sur certaines décisions S’il y a un décès, un mariage, nous disposons d’une base de données avec les mails de tous les responsables du parti par lequel le parti communique. Il y a aussi des communiqués et des documents qui sont écrits par le secrétaire permanent qui est à la maison du parti, Cheikh Seye. Au delà de cela, il y a aussi le fait que chaque entité a ses particularités. Dans des zones rurales où il n’y a pas l’internet, on ne peut pas développer ces supports. Ils ont d’autres canaux. Dans des endroits où le virus n’est pas aussi présent qu’à Dakar et à Thiès, les gens peuvent se rencontrer en comité restreint, échanger par ci, par là. C’est un processus d’adaptation au contexte où le numérique joue beaucoup.» Au sein du mouvement national des jeunesses socialistes, où il est plus actif, Mame Bounama Sall  et tous les secrétaires généraux d’union régionale et de coordination du Ps partagent des informations le matin et échangent le soir. «Nous discutons. Nous nous chamaillons dès fois. Nous nous chambrons pour créer de l’ambiance mais surtout pour entretenir la flamme militante.»


 


Pasteef, la magie du clic


Au Pasteef, il y a de l’interaction entre militants et responsables. Grâce à la magie des réseaux sociaux. Chez Ousmane Sonko, on a juste maintenu le tempo. Secrétaire national à la communication du Pastef, El Malick Ndiaye s’en explique, en se fixant des limites. Il dit : «Nous nous adaptons. Les activités continuent, mais pas de rassemblements. Nous respectons les recommandations des professionnels de la santé. Il y a plusieurs mécanismes de communication. Les téléphones sont là. Les applications sont là. Nous sommes à l’ère du numérique et Pasteef est d’ailleurs connu pour ça. Nous profitons de la magie du clic. Nous faisons tout ce que le numérique nous offre, mais je ne veux pas rentrer dans les détails.»


 


Panels, mails groupés, conference call…pour le Pds


Comme un refrain, la règle est la même aussi au Parti démocratique sénégalais (Pds). «Le digital nous aide beaucoup», avoue Nafi Diallo, secrétaire général chargée des réseaux sociaux et de la communication interne au Pds. «Nous avons repris nos activités, il y a deux mois et là, nous sommes obligés à nouveau d’y surseoir. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est un parti organisé qui connaît ses militants, qui a des mouvements de soutien et  différentes fédérations. Par exemple à la Médina, on sait à peu près ceux qui sont au Pds, même s’il n’y a pas de vente de cartes. C’est très organisé et très découpé. En plus de cela, les groupes WhatsApp nous aident beaucoup. A la Médina, il y a ‘’leketou’’ (calebasse) Médina où les gens peuvent passer l’information et se mettre à jour. Il y a les panels nationaux, qui sont les panels de la communication interne à travers les réseaux sociaux. Même à Kolda, ils s’organisent dans leur panel pour faire passer les informations. Toutes les fédérations les plus reculées ont leur panel. Il y a aussi la possibilité avec les permanents qui restent de 8 à 21 heures à la permanence, d’avoir toutes sortes d’informations. Ils ont tous les numéros des responsables du Pds, les numéros des membres du comité directeur, du secrétariat national. L’information est très fluide. C’est ça la force du Pds. C’est une sorte d’entonnoir.» Dans leur trouvaille, les libéraux ont aussi dans leur sac, un journal intitulé le ‘’karimiste’’. «Toutes les fédérations ont reçu leurs journaux. On les met dans les voitures qui vont dans les régions. Nous faisons des conférences call régulièrement. Pour quelque chose d’urgent au niveau de la communication, il y a des visio-conférence. Il y a aussi le mailing. Le Président Wade s’adresse aux gens. Il appelle, envoie des messages, fait des mails groupés, moins groupés. Il s’adresse à chacun quand il y a des tâches à faire.»


 


Agir à l’ère du numérique


A côté des partis politiques, il y a aussi les mouvements qui capitalisent plusieurs sympathisants. Leader du mouvement ‘’Agir’’, Thierno Bocoum a aussi fait un saut dans le digital. «Nous sommes à l’ère du numérique. A part le contact physique, il y a le contact visuel, il y a les échanges à travers la voix. Il n’y a que le contact physique qui manque et c’est moins coûteux», affirme Thierno Bocoum. Ainsi, la communication se fait d’abord entre responsables, pour atteindre la base. «Nous faisons des vidéos conférences, des directs, des groupes WhatsApp. Chaque numéro de téléphone correspond à un numéro WhatsApp ou télégram et autres... Ces réunions par visioconférence peuvent permettre la participation d’énormément de personnes en même temps comme s’il s’agissait d’une réunion en salle.»


 


Les limites d’une communication virtuelle


«Dans les groupes WhatsApp, nous nous chambrons pour créer de l’ambiance, mais surtout pour entretenir la flamme militante.» Cette phrase de Mame Bounama Sall des jeunesses socialistes a tout son sens. Les partis politiques vivent à travers des manifestations, des meetings politiques…pour maintenir le fil, mais surtout renforcer le lien affectif entre le leader et sa base. Passée au virtuel, cette communion perd tout son charme. Ses limites sont indéniables. «Ce n’est pas une communication qui va toucher la masse, qui va toucher toute la population, parce que tout le monde n’est pas branché à ce niveau», se désole Thierno Bocoum, leader de «Agir». Mais, pour El Hadji Malick Ndiaye du Pasteef, il faut faire contre mauvaise fortune, bon cœur. «Le plus important, c’est que tout le monde comprenne. On ne peut pas être plus royaliste que le roi. Ce n’est pas que les partis politiques, tous les secteurs professionnels, politiques, sociaux ont réadapté leur stratégie de fonctionnement, de communication et tout. Nous fonctionnons avec les moyens du bord. Nous n’avons pas trop le choix. Soit, tu t’adaptes, soit, tu braves les recommandations ou les interdictions et nous sommes un parti qui a toujours fait dans le légal.»


CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

admin

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