Voyage inaugural à bord du TER : Deux minutes de trajet d'une gare à une autre

mardi 28 décembre 2021 • 1779 lectures • 1 commentaires

Économie 2 ans Taille

 Voyage inaugural à bord du TER : Deux minutes de trajet d\'une gare à une autre

PUBLICITÉ

Le Train express régional (Ter) a été mis en circulation, hier lundi 27 décembre 2021. La cérémonie présidée par le Président Macky Sall à Diamniadio était une occasion d’effectuer un premier voyage à bord des rames ultra-modernes. 

Ce lundi a été un jour pas comme les autres. Le Sénégal a mis officiellement en circulation son Train express régional (Ter). Une première historique et pour rien au monde, Mamadou Lèye n'allait rater un tel rendez-vous. A l'occasion, il s'est mis sur son 31. A l'image d'un postulant qui souhaite obtenir son premier poste à l'issue d’un entretien d'embauche, Mamadou Lèye n’avait qu’un seul objectif : monter à bord du Ter dès le premier jour. La patience en bandoulière, il a quitté son domicile dès l'aurore. Mais ses efforts ont été vains. Ses espoirs ont fondu comme du beurre au soleil. N’ayant pas de carton d’invité, il s’est vu refuser… les rames. «La prochaine fois sera probablement la bonne», souffle-t-il. Puisque les rotations de ce lundi sont réservées aux invités de la cérémonie de mise en circulation officielle qui s’est déroulée à Diamniadio. Il n'était pas le seul à manifester ce souhait. Des dizaines de personnes ont pris d'assaut la gare de Dakar dès les premières heures de la journée dans l'espoir de monter à bord du Ter. 
Abdoulaye Gaye, un ancien émigré, n'aura pas, non plus cette chance. Le visage de cet homme à l'écorce noire, un physique imposant dissimulé dans une chemise bleue et un pantalon super cent noir, traduit une joie immense. Une humeur pareille à celui qui l'habite à chaque célébration de fête d’indépendance. Le Ter, Abdoulaye Gaye connaît pourtant très bien pour avoir vécu pendant plusieurs années au Maroc. Mais que cela se passe au Sénégal, cela relevait pour lui de l'utopie. C'est pourquoi il s'est tiré de son lit depuis 5h du matin pour venir constater à l'œil nu la concrétisation d'un tel projet et ne rien rater de la journée. Une journée de célébration qu'il ne pourra suivre qu'à travers la télévision. Pareil sort est réservé à Yandé Fall venue de Ouakam pour satisfaire sa curiosité. Elle s'est aussi pointée depuis le matin pour assister à l'inauguration du Ter. Elle n’a certes pas pu, mais ne manque pas de formuler quelques conseils à l’endroit des usagers. «J’invite les Sénégalais à bien prendre soin de ce joyau qui a beaucoup d’avantages, sensibilise-t-elle. Le plus important c’est le gain de temps. Là où on faisait trois heures de route, on peut faire le même trajet en moins de trente minutes.»
 
Des entrées bien filtrées
En ce jour d’inauguration, n'entre pas dans la gare qui veut. Il faut montrer patte blanche pour être autorisé à franchir les portes barricadées par une dizaine de gendarmes. Il faut ensuite passer par les portiques de sécurité, se faire fouiller le sac pour pouvoir pénétrer dans le hall de la gare. Un espace flanqué de part et d'autre par une salle d'attente, un lieu de restauration et deux guichets. De là, on aperçoit déjà les quatre rames postées à quai où Marième Mbaye fait le point. Le regard dans le Gsm Air tenu dans la main, Marième Mbaye s'enquiert de la situation dans les autres gares. «Tout se passe bien de votre côté. Très bien alors. À tout de suite.» La situation de Pikine connue, elle passe à une autre gare. Marième Mbaye est une jeune femme d'une vingtaine d'année. Le teint clair, la tête coiffée par un couvre-chef rouge bordeaux. Couleur identique à son ensemble tailleur. Titulaire d'une Master en gestion de projet, Marième est la coordinatrice de la gare de Dakar. En service à la Société d'exploitation et maintenance du ter (Seter) depuis avril 2021, la jeune femme dirige de main de fer ses différentes tâches. Elle les énumère : «Je m'occupe de l'environnement de la gare, son bon fonctionnement. Je gère les prestataires, le positionnement des agents en termes de gestion de flux des voyageurs.» 
 
Plusieurs rotations sont effectuées ce lundi par les trains. Pour l'après-midi, quatre départs sont affichés à l'écran gauche faisant face à la porte de sortie et suspendu au mur du vestibule. Après celui de 14 heures, deux rames d'une capacité de 500 passagers chacune fonctionnant par unité multiple (accrochées l'une à l'autre) prennent départ à 14h32 minutes. Elles se positionnent sur l'un des trois rails. Celui du milieu. «Mesdames et messieurs, ici votre conductrice Aminata. Bienvenue à bord de votre train en direction de Diamniadio», lance la conductrice. Les hôtesses invitent tous les passagers à regagner leurs places sous le regard sécurisant des gendarmes. Il y en a quatre dans chaque rame. Huit alors au total pour ce trajet. A l'entame, le train caresse ses rails comme si elle voulait acclimater les passagers composés pour l'essentiel de journalistes. Il lui aura fallu une minute de marche pour passer à une vitesse supérieure. Trois minutes après le départ, nous voilà à la gare de Colobane. Colobane où se trouve le site de remisage et de maintenance des rames. C'est là qu'il croise le train de retour de Diamniadio. 
 

Deux minutes de trajet d’une gare à une autre 
A bord, ça taille bavette, sous une climatisation contrastant avec la touffeur de la température au dehors. Aucun débat ne sort du sujet du jour. Rires aux éclats, prises de vue, plans cadrés, dans une ambiance bon enfant, chacun cherche à immortaliser le moment. Son premier voyage à bord du Ter qui a duré 59 minutes. Pendant tout le trajet, la rame n’a observé que trois arrêts. Le premier a été effectué à 14h38 à la gare de Hann et a duré quatre minutes. La locomotive aura ensuite dépassé sans s'arrêter la gare de Dalifort, puis celle de Beaux maraîchers (14h46mn), Pikine (14h48mn) et Thiaroye (14h50mn) avant d'effectuer une nouvelle pause à Yeumbeul (14h52mn). A 14h57mn, le convoi reprend son chemin, traverse la gare de Keur Mbaye Fall (15h02mn) et celle du Pnr (Passage à niveau de Rufisque) (15h05mn). Arrivée à Rufisque, à 15h07, le train effectue son troisième arrêt. Celui-là, un peu plus long que les précédents, a pris sept (7) minutes. Après Rufisque, il marque une nouvelle pause à la gare de Bargny pour des raisons cette fois-ci bien précisées. Explications de la conductrice : «Pour des raisons de gestion de trafic, nous nous sommes arrêtés momentanément à la gare de Bargny, nous allons repartir bientôt.» La même voix renchérit à la septième minute d'attente : «Notre retard est dû à une difficulté de gestion du trafic.» Elle n'aura pas besoin de se répéter. La locomotive reprend son chemin à la même minute, à 15h27mn, pour se pointer à la gare de Diamniadio à 15h31mn. Un voyage qui aura plu au plus haut point à Khady Thiam Seck, communicatrice traductionnelle. Elle est venue spécialement de la région de Fatick pour assister à la cérémonie. «Ma joie est immense. Je voyage à l'étranger, je prends des métros, mais prendre le Ter chez-moi me procure une joie incommensurable», commente-t-elle. Son vœu pieu est que les rames pénètrent dans les ventres des régions qui étaient desservis par le Petit train bleu avant de l'élargir vers les autres régions. On peut toujours espérer.  
AIDA COUMBA DIOP

PUBLICITÉ

Cet article a été ouvert 1779 fois.

Publié par

Namory BARRY

admin

1 Commentaires

Je m'appelle

Téléchargez notre application sur iOS et Android

Contactez-nous !

Ndiaga Ndiaye

Directeur de publication

Service commercial