Année scolaire 2020-2021 : L’impossible rentrée des classes

vendredi 13 novembre 2020 • 811 lectures • 1 commentaires

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Année scolaire 2020-2021 : L’impossible rentrée des classes

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L’ouverture académique 2020-2021 n’a pas été effective hier jeudi sur  l’ensemble du territoire national dans le public. Les enseignants ont répondu massivement à l’appel, mais les élèves se sont fait désirer dans les écoles. Ou presque. Et dans certains établissements du pays, le triptyque Covid-19-Inondations-Herbes demeure toujours l’équation à trois inconnus qui bloquent le démarrage officiel des enseignements.

Ziguinchor, zone à «Eaux» risques sanitaires

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Le concept «Ubi tey jang tey» n’a pas été une réalité palpable hier sur la totalité du territoire régional de Ziguinchor. Même si «toutes les dispositions matérielles et pratiques ont été prises pour un bon démarrage des cours par les autorités académiques». Hier matin, de nombreuses difficultés ont été constatées sur le terrain. Des difficultés qui ont compromis sérieusement l’effectivité des cours dans la plupart des établissements publics et privés de Ziguinchor. Dans des écoles primaires comme celles de Seydou Kane et Francisco Carvalho, même si les enseignants ont répondu présents, la majorité des élèves ont brillé par leur absence. Et pour cause, indique Ibrahima Seydi, un des parents d’élèves rencontré : «Les effets des eaux de pluie offrent un décor inacceptable à nos établissements scolaires.» Pour Mme Maïmouna Ndiaye, «le concept ‘’Ubi tey jang tey’’ n’a jamais été une réalité à Ziguinchor.  C’est un rêve que nous n’avons jamais réalisé. Il faut encore, comme tous les ans, attendre un mois pour un démarrage effectif des cours», se désole-t-elle. L’enseignant El M. Goudiaby signale que «c’est toujours le temps des vacances des élèves» dans son école. Il alerte sur le risque réel pour les élèves et enseignants exposés à des maladies du fait des écoles encore prisonnières des eaux. Cheikh Faye, Inspecteur d’académie (Ia) de Ziguinchor qui parle de «conditions réunies pour une bonne rentrée dans la région», s’est dit satisfait de la présence massive, hier, des enseignants dans les écoles lors de la rentrée scolaire.

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Kolda, l’équation des tables-bancs


A Kolda hier, la reprise s’est déroulée dans des conditions assez préoccupantes. En plus de la pandémie de Coronavirus où les acteurs de l’école ont des soucis quant au manque possible de masques de protection, le déficit en tables-bancs taraude également les esprits. L’Inspecteur d’académie de Kolda, Mamadou Goudiaby, signale que, dans ce contexte de la pandémie à Coronavirus, la première préoccupation des autorités scolaires et administratives de la région est d’identifier les forces et les faiblesses de la mise en place du dispositif sanitaire. «Les masque sont là. Mais, il nous a été signalé qu’il faut améliorer et renforcer la dotation», dit-il. Pour combler ce déficit en masques, l’Inspecteur Goudiaby promet de saisir le ministre de l’Education nationale «pour renforcer l’académie en termes de masques et autres intrants» de la lutte contre le Covid-19. L’autre problème posé est le déficit en tables-bancs. Rien que pour la seule commune de Kolda, le besoin est évalué à 4 000 tables-bancs. L’Inspecteur d’académie de Kolda, Mamadou Goudiaby, soutient que c’est «un problème national». Et rassure que «le ministre de l’Education nationale promet de mettre à la disposition de l’ensemble des écoles près de 350 000 tables-bancs». Ce déficit en tables-bancs pose un sérieux problème sanitaire lié au respect des mesures de distanciation physique des élèves dans les salles de classe. 


Pikine-Guédiawaye, un moratoire financier pour les inscriptions


A Pikine et Guédiawaye, la rentrée s’est faite dans la «compréhension». L’Inspecteur d’académie, Gana Sène a fait part des efforts consentis pour permettre à tous les élèves de démarrer les cours ensemble. «La majeure partie des élèves orientés en classe de Seconde pensent qu’ils ne peuvent faire cours sans s’inscrire, alors que tel n’est pas le cas. Un moratoire leur est accordé jusqu’au mois de décembre. C’est un déficit d’informations des comités de gestion que nous nous efforcerons de combler au plus vite pour que tout rentre dans l’ordre dès la semaine prochaine», a-t-il révélé-il. Cette information a été donnée par l’inspecteur d’académie après avoir constaté un taux d’absence très élevé dans le cycle secondaire.


La note «salée» délivrée par les syndicats d’enseignants


C’est une note des enseignants. Une remarque unanime signée par la voix des instituteurs sénégalais. «La rentrée des classes pour l’année scolaire 2020-2021 n’a pas été effective sur l’ensemble du territoire national sénégalais.» Ou presque. Abdoulaye Ndoye, Secrétaire général du Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen-secondaire (Cusems) et membre du G7 (cadre regroupant les syndicats d’enseignants les plus représentatifs du pays), est le premier à donner le ton. Il dit, amer : «Les enseignants ont répondu massivement à l’appel, mais la rentrée n’est pas effective. A Sédhiou et à Matam, on note un déficit d’enseignants et de classes. Dans les écoles, les élèves s’inscrivent au compte-gouttes et les gestes barrières ne sont pas respectés. Outre dans beaucoup d’établissements, il n’y a que quelques rares élèves qui portent le masque et le dispositif sanitaire n’est pas disponible.» Son camarade de lutte et Secrétaire général du Sels/Authentique, par ailleurs membre du Grand cadre, Abdou Faty, embouche la même trompète. «La rentrée n’est effective que pour les privilégiés, dans certains centre-urbains et les régions périphériques. Mais pour la banlieue dakaroise, il n’y a pas eu de rentrée effective», regrette la voix du Sels/Authentique. Abdou Faty estime que pour sauver cette année scolaire, les parents d’élèves devraient chercher des répétiteurs à leurs enfants pour combler le gap des enseignements reçus. «L’Etat, conseille-t-il, doit respecter le protocole d’accords signés avec les enseignants et qui dort toujours dans ses tiroirs.» Dame Mbodj, Secrétaire général national du Cusems/Authentique, peint le même tableau que ses camarades syndicalistes. Au téléphone, il déroule : «Pour l’essentiel, sur l’ensemble du territoire national, nous avons enregistré moins d’un pour cent de taux d’inscription des élèves. Il y a même des établissements où il n’y avait que des enseignants et aucun élève. Même pour la semaine prochaine, les écoles ne vont pas fonctionner. Parce qu’il faut que les élèves viennent d’abord s’inscrire, ce qui n’est pas le cas. Il faut dire la vérité aux Sénégalais, il y a beaucoup de populisme. Mais sur le terrain, il y a un fossé énorme entre la réalité et ce qui se fait. Le concept ‘’Ubi tey Jàng tey’’ est creux. C’est un concept porté par des Ong qui cherchent des financements. Elles se servent de l’école, mais ne servent pas l’école.» Le Secrétaire général national du Cusems/Authentique liste les trois équations de l’Ecole sénégalaise qui freinent l’ouverture des classes. Dame Mbodj : «Sur le terrain, rien n’est encore fait. Les écoles ne sont pas désherbées, beaucoup sont encore inondées et le dispositif sanitaire contre le Covid-19 n’est pas mis en place.»


MAMADOU TALLA, MINISTRE DE L’EDUCATION : «La rentrée s’est déroulée dans de bonnes conditions»


Pour le ministre de l’Education nationale, il fallait constater de visu la reprise des cours pour l’année académique 2020/2021. Mamadou Talla a donc foulé le sol de quelques établissements scolaires, hier, afin de jauger la rentrée scolaire. Les Cours secondaire Birago Diop, le Cem John Fitzgerald Kennedy et l’Ecole élémentaire Caserne Samba Diéry Diallo ont tous été visités par le ministre. «Quand on fait le bilan dans l’ensemble du pays, nous avons constaté que la rentrée a bien commencé et se passe dans de bonnes conditions. Nous avons réussi à démarrer les cours et l’école n’a pas été source de propagation (du Covid-19)», a constaté le ministre. Mamadou Talla de rassurer que toutes les dispositions sont prises pour le respect strict des gestes barrières, afin de barrer la route à la maladie virale (Covid-19) et résorber le gap des enseignements des élèves. Et contrairement aux syndicats d’enseignants qui ont peint une rentrée scolaire ineffective, le ministre de l’Education nationale s’est félicité du bon déroulement de la rentrée académique sur l’ensemble du territoire. En marge de sa tournée, le ministre a réceptionné 8 700 masques, dont 3 700 inclusifs que la coopération italienne a offerts aux élèves de l’Ecole élémentaire de la Caserne Samba Diery Diallo.


A. THIAM, S.  SALL, A. GUEYE, I. KANDE, A. G. SARR

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Publié par

Namory BARRY

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