Cherté de la vie : Les commerçants rejettent l'arrêté de Assome Diatta

lundi 6 septembre 2021 • 1191 lectures • 1 commentaires

Économie 2 ans Taille

Cherté de la vie : Les commerçants rejettent l\'arrêté de Assome Diatta

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Les risques d’un bras de fer entre l’Etat et les commerçants sont prévisibles. Les mesures d’encadrement des prix des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre, pain et gaz) décidées par le ministère du Commerce pour soulager les consommateurs, risquent de se heurter à une «résistance» sur le terrain. 

Les mesures prises par l’Etat, à travers le ministère du Commerce, pour faire face à la tension actuelle sur le marché des prix des denrées de première nécessité (riz, huile, sucre, pain, gaz) risquent de ne pas être suivies d’un effet immédiat. Sur le terrain, la réalité sera autre. La baisse des prix souhaitée par les autorités étatiques ne sera pas automatique. Ce n’est pas encore la fin du calvaire des ménages. Les consommateurs Sénégalais devront encore prendre leur mal en patience. Car l’arrêté du ministère du Commerce fixant désormais les prix du riz ordinaire 100% brisé (300 FCfa/Kg), de l’huile (huile de palme raffinée 1200 FCfa/litre et huile en dosette de 250 ml 350 FCfa/dosette), du sucre cristallisé (600 FCfa/Kg), du pain (baguette 230 grs 200 francs, baguette 190 grs 150 francs, baguette 125 grs 100 francs et baguette 65 grs 50 francs) et du gaz butane(2,7 kg à 1270 francs prix ½ grossiste et 1305 francs prix détaillant ; 6 Kg 2800 francs prix ½ grossiste et 2885 francs prix détaillant, 9 Kg 4180 francs prix ½ grossiste et 4290 francs prix détaillant ; 12 Kg 6150 francs prix ½ grossiste et 6250 francs prix détaillant), risque de se heurter à une «résistance» sur le terrain. Même s’ils disent, à l’unanimité, être d’accord avec l’Etat sur les nouvelles décisions d’encadrer les prix des denrées de grande consommation, les commerçants tiennent cependant à cracher leurs vérités.  Alla Dieng, Directeur exécutif de l’Unacois Yessal : «Nous prenons acte et demandons à nos membres de respecter les prix homologués concernant les denrées de première nécessité. Mais, l’application de ces mesures ne peut pas être automatique. Une décision prise hier (samedi 4 septembre 2021, Ndlr) et sentie le lendemain au niveau des marchés, cela n’est pas possible. Un commerçant ne peut pas mettre en exécution les derniers prix, sans avoir écoulé ses stocks. Car, il s’est approvisionné avant que les décisions soient prises. Nous demandons à nos membres de respecter ces prix, à condition d’avoir écoulé d’abord leurs stocks», dit-il. Avant de prévenir «qu’un commerçant peut faire tout, sauf vendre à perte». Ousmane Sy Ndiaye, Directeur exécutif de l’Unacois qui signale que son organisation ne se dressera pas contre la mesure de baisse des prix, soutient cependant que celle-ci «ne sera pas sans difficultés sur le terrain, parce que le marché est désorganisé. Il faut le restructurer et se donner les moyens d’avoir un système d’information qui renseigne à temps réel sur les stocks disponibles à différentes chaînes d’approvisionnement. Il faut avoir aussi une approche vis-à-vis des grossistes, des détaillants, le micro-détail, les marchés». 

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«Il ne sert à rien d’engager un bras de fer ou une démarche répressive»
Puisqu’il est impossible de mettre derrière chaque commerçant un contrôleur du ministère du Commerce, Ousmane Sy Ndiaye plaide pour des relais et des partenariats à développer. «Il faut mettre davantage en avant la sensibilisation plutôt que la répression. Il ne sert à rien d’engager un bras de fer ou une démarche répressive. Une mesure de baisse et de réajustement des prix est nécessaire. Mais in fine, elle semble insuffisante pour assurer le bon fonctionnement du marché à moyen terme, parce qu’en amont, les coûts de passage portuaire sont à un niveau tel qu’ils vont impacter encore sur les prix. Si au Port de Dakar, au niveau des prestations et de la tarification, il n’y a pas un réajustement qui est apporté sur des coûts, on risque de revenir à la case départ», avise le Directeur exécutif de l’Unacois. Ousmane Sy Ndiaye souligne qu’il était absolument nécessaire que des mesures fortes et urgentes soient prises par l’Etat pour remettre de l’ordre dans le bon fonctionnement du marché. Pour lui, ce qui a manqué, c’est la surveillance effective et efficace du fonctionnement du marché et surtout sa régulation équitable. «Ce qui s’est passé sur le sucre au Sénégal est inadmissible. Nous l’avons reproché au ministère du Commerce. Car, depuis le mois de mars, il semblerait que la Compagnie sucrière du Sénégal(Css) l’aurait saisi par courrier officiel confirmant qu’elle dispose de plus 25 000 tonnes de sucre. Comment ça s’est fait qu’au mois de mai et juin qu’il y ait une pénurie de sucre dans le marché ?», s’interroge M. Ndiaye. Qui soutient par ailleurs que «c’est vrai que nous sommes dans une situation de crise. Les économies africaines et celles du monde entier sont impactées par la crise sanitaire(Covid-19). Il y a eu une hausse sur le coût du fret, les locations de conteneurs, les coûts et conditions d’acquisition des bateaux , etc. Il y a une flambée générale des prix. Ce n’est pas une spécificité au Sénégal. Mais chaque pays s’est ajusté en fonction des instruments à sa disposition, de la qualité des relations que l’Etat entretient avec le secteur privé et de la bonne organisation des réajustements nécessaires dans l’organisation du fonctionnement du marché». Ousmane Sy Ndiaye invite à travailler à moderniser le système de distribution des denrées de grande consommation. Il appelle également à développer le partenariat public-privé avec les hommes d’affaires sénégalais, de manière à ce que des réseaux de boutiques modernes puissent voir le jour, à défaut d’être des grandes surfaces, qu’elles soient des moyennes et petites surfaces capables de proposer aux Sénégalais des services d’accès à des marchandises à des coûts raisonnables.»  

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«Le ministère du Commerce doit veiller à l’application exacte des prix arrêtés»


Momath Cissé, vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen) qui salue la mesure de l’Etat visant à soulager les consommateurs, exige du ministère du Commerce «de veiller à l’application exacte des prix arrêtés. Il faut que le contrôle économique soit sur le terrain, sinon ces mesures n’auront un effet immédiat». Il demande que les prix soient affichés dans toutes les boutiques et que le contrôle soit permanent. Car, avise Momath Cissé, «à chaque encadrement des prix, une campagne d’affichage a suivi. Mais, dès qu’on tourne le dos, le boutiquier arrache l’affichage, alors que les textes sont très clairs». M.Cissé pointe l’amende contre les boutiquiers récalcitrants qui n’est pas dissuasive.  «Nous demandons aux clients s’ils constatent que les prix décidés par l’Etat ne sont pas affichés au niveau du détail, qu’ils portent l’information à la connaissance du ministère du Commerce ou des associations de consommateurs. Ils ne doivent pas être des clients passifs», indique Momath Cissé. Le Vice-président de l’Ascosen souligne cependant la nécessité d’encadrer les prix du gros et du demi-gros. A défaut, il faut ouvrir une concurrence saine à ce niveau pour que le boutiquier puisse en profiter. «Sans cela, tout ce qui est en amont aura une conséquence au niveau du consommateur», indique Momath Cissé. Qui dénonce par ailleurs le fait que le bidon de 20 litres d’huile très prisé des consommateurs, échappe à l’encadrement des prix décidé actuellement par l’Etat, alors que le ministère du Commerce avait pris des engagements dans ce sens. 
MATHIEU BACALY

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Publié par

Namory BARRY

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