Contamination de la grippe aviaire : Plus d’un milliard FCFA parti en fumée, la ferme mise sous scellés

mercredi 13 janvier 2021 • 671 lectures • 1 commentaires

Économie 3 ans Taille

Contamination de la grippe aviaire : Plus d’un milliard FCFA parti en fumée, la ferme mise sous scellés

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Le virus H5N1 ou grippe aviaire a décimé, la semaine dernière, 100 000 poules pondeuses dans la ferme avicole de Pape Diao, fils du milliardaire Baba Diao Itoc. Avec une perte estimée à plus d’un milliard de nos francs, les aviculteurs de la zone de Pout craignent une propagation du virus dans leurs fermes.

A l’entrée de la ferme de Pape Diao, premier foyer de déclaration de la grippe aviaire à Pout, un vigile est à pied d’œuvre. L’homme armé d’un pulvérisateur à pression ne badine pas avec les mesures de sécurité en vigueur depuis la détection des premiers cas de grippe H5N1 ou grippe aviaire qui a décimé la ferme, la semaine dernière. En cette matinée du mardi, dans la ferme, propriété de Pape Diao, fils du milliardaire Abdoulaye Diao plus connu sous le sobriquet de Baba Diao Itoc et nichée à moins d’une dizaine de kilomètres de la route nationale RN2, une légère brise caresse les visages et soulève un nuage de poussière, obligeant les quelques rares passants à se couvrir le visage. Un peu plus loin, vers la gauche, un bâtiment fait office de bureau pour l’administration. Sur le versant opposé, les trois hangars blancs, nid des 100 000 pondeuses contaminées et incinérées, semblent à l’agonie. Ici, les visites sont interdites depuis l’apparition de la grippe. «Les visites sont strictement interdites et la ferme est confinée depuis la semaine passée», prévient d’emblée le vigile. On rebrousse chemin. Dans cette ferme avicole mise sous scellés depuis la déclaration de la virose, les dégâts sont énormes. Quarante-huit mille (48 000) sujets ont été contaminés par la grippe aviaire et 52 000 autres ont été abattus afin de freiner la propagation du virus. Une perte incommensurable pour Pape Diao. «Une poule pondeuse qui commence à produire des œufs coûte au minimum 6 500 FCFA. Quand on fait le ratio avec le nombre de sujets abattus, ce sont environ 650 millions FCFA qui sont partis en fumée», nous indique un aviculteur sous le couvert de l’anonymat. Et qui précise : «Sans compter leur alimentation et leur vaccination, les pertes peuvent se chiffrer à plus d’un milliard de nos francs.» Pour le moment, la ferme du fils de Baba Diao constitue l’unique foyer de contamination du virus H5N1 ou la grippe aviaire. Notre interlocuteur se rappelle : «Ce n’est pas la première fois qu’ils ont ce problème de santé avicole. Car en 1998, une grippe aviaire avait été aussi déclarée dans leur ferme.»

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«Nous vivons constamment dans la psychose de voir nos fermes contaminées»

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Et depuis la déclaration de la grippe H5N1, la semaine dernière, à Pout, dans la région de Thiès, les aviculteurs de la zone sont dans l’inquiétude. Ils craignent une éventuelle propagation de la grippe dans leurs fermes. Ecorce d’ébène enveloppée dans un tee-shirt gris et un pantalon jean bleu, les baskets bien lacés, Mor Kane Mbathie ne cesse de courir entre les arbres fruitiers de sa ferme pour vérifier, d’un bâtiment à l’autre, son élevage de volaille. Il redouble de vigilance afin de pouvoir détecter le moindre soupçon sur ses poulets de différentes races. «Actuellement, hormis le Covid-19, on est tous sous la menace de la grippe aviaire qui, une fois détectée, compromet tout le reste de l’élevage. Nous vivons constamment dans la psychose de voir nos fermes contaminées», confie-il. A l’image de Mor Kane Mbathie, les aviculteurs ne savent plus à quel saint se vouer, ni que faire pour éviter que la contamination n’atteigne leur ferme. Une préoccupation répercutée par Issa Seck qui porte leur voix. Il est le vice-président de «Elevage Ca Kanam», une association qui regroupe plus d’une cinquantaine de membres à travers le pays. L’homme n’est d’ailleurs pas indifférent au sort de la ferme de Pape Diao. Il dit : «Ce qui lui est arrivé est très dur et ce sont des centaines de millions de pertes», souligne Issa Seck, plus connu sous le nom d’Issa Pout. Sa principale crainte réside dans le déficit criant d’informations sur la virose H5N1. Aussi bien de la part des autorités que des propriétaires de la ferme contaminée. «Leur silence n’aide pas les aviculteurs pour les dispositions nécessaires à prendre. Au moins, qu'ils communiquent sur les origines du virus, sa manifestation sur les sujets contaminés et comment prévenir cette maladie ravageuse. Cela contribuerait grandement à la protection de l'élevage en général dans le pays», regrette Issa Seck. 


DOCTEUR AMADOU GUEYE, VETERINAIRE ET COORDONNATEUR DU COMITE TECHNIQUE DE L’INTERPROFESSION AVICOLE DU SENEGAL : «Il n’y a pas de risque de contracter la maladie en consommant de la viande de poulet»


«On a diagnostiqué la grippe H5N1 dans une ferme à Pout et pour le moment, on a un seul foyer. Quand la grippe s’est déclarée dans cette ferme, une procédure d’urgence a été déclenchée et le virus a été confiné dans la ferme. Les cadavres et le reste de la volaille ont été incinérés et enterrés entre deux couches de chaux vive pour tuer le virus et éviter que la nappe phréatique ne soit contaminée. Au total, ce sont 100 000 pondeuses qui ont été incinérées, mais le propriétaire sera indemnisé par l’Etat. Quant à sa ferme, elle est, pour le moment, mise sous scellés. Des prélèvements ont été faits sur la volaille des fermes environnantes qui se trouvent sur un rayon de 5 km et ils sont tous revenus négatifs. La situation est sous contrôle, mais n’empêche, nous sommes en état de vigilance maximum. Nous sommes en train de suivre la situation. Toutes les fermes qui sont dans un rayon de 5 km sont en alerte. Une réunion sur le sujet est en cours au ministère et nous travaillons sur la stratégie de riposte (…) Pour ce qui est des craintes des aviculteurs, nous tenons à les rassurer et les incitons à déclarer les cas suspects, car quelle que soit la situation, ils ne perdront pas. Toutes les mortalités liées à la virose H5N1 seront indemnisées. Pour ce qui est de la contamination, je tiens à préciser qu’il n’y a pas de risque de contracter la maladie en consommant de la viande de poulet. La virose H5N1 ne peut pas être attrapée par voie digestive. Les poulets en circulation sont sains. Les pertes sont plutôt économiques.»


SAER SY

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Publié par

Namory BARRY

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