Dans les secrets des mythiques tubes de Rap Galsen

jeudi 13 janvier 2022 • 958 lectures • 1 commentaires

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Dans les secrets des mythiques tubes de Rap Galsen

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Passés en boucle dans la mythique émission Black label du défunt animateur Jules junior, ces tubes ont participé à populariser le rap et à lui donner un cachet plus populaire au Sénégal. La liste n’est pas exhaustive mais pour L’Obs les interprètes ont voulu revenir sur le contexte et la genèse de ces célèbres titres. 

Bill Diakhou, Mama noon : «Un storrytelling inspirée d’une histoire vraie»

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«Le son est sorti en 1999 et a tout de suite fait un carton. Il avait fait pas moins de 145 exemplaires vendus, alors que le producteur en attendait 5000 et que je pensais que je n’en écoulerais pas 10 (rires). Il fait partie de la compilation Dkill rap avec d’autres rappeurs comme Gaston, Faata, Makhtar le cagoulard, Kanfooré, Underground soldiers… Mama noon a contribué à faire vendre la compilation. C’était une storrytelling, quelque chose de complètement nouveau dans le rap, qui était accessible à tout public. Pour les grandes personnes qui pensaient alors que le rap n’était que vulgarité, c’était une surprise. Ils ont adhéré au concept et le rap a commencé à investir les maisons. Je suis dans le storrytelling depuis 1988 et pour ce titre, je me suis inspiré d’une histoire que me racontait ma mère. Celle d’un vieux gigolo à la recherche de riches veuves pour profiter d’une belle vie. L’histoire est restée longtemps dans mon esprit et j’ai décidé de m’en servir pour en faire ce tube. J’ai connu beaucoup de succès, beaucoup voyagé avec ce morceau et je suis fier de savoir qu’il fait partie de l’histoire du rap au Sénégal. Je continue à le jouer d’ailleurs à la demande de mon public. Je suis au Sunset hôtel tous les samedis, j’ai muté dans mon style de musique : je fais plus du blues maintenant. Mama noon a été repris dans ce style, mais je joue aussi plusieurs autres thèmes de société comme le drame des mamans qui travaillent toute leur vie pour nourrir leur famille. Je continuerais à faire de la musique jusqu’à ma mort.»

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Makhtar le cagoulard (Rapadio), 100 commentaires : «Sidy Lamine Niass avait imposé le son à la radio»


« A la base, je viens de BMG 44, le groupe de rap de Thiaroye. A un moment, il y a eu des problèmes et je me suis retiré. Au début, je coachais des jeunes rappeurs avant que Iba du groupe Rapadio m’incite à le rejoindre. A l’époque, Rapadio avait déjà du succès et se préparait à la compilation DKill rap. Il voulait qu’on pose sur un son ensemble, j’ai mis mes conditions pour les thèmes et on a commencé à travailler. J’ai toujours défendu l’idée que le rap n’était pas une musique de bambin et qu’il fallait écrire avant tout pour les adultes des autres catégories sociales. Le fait d’écrire en wolof ou dans les langues nationales était aussi un combat de principe. Tout cela s’est retrouvé dans l’écriture de 100 commentaires. Pour la première fois, des vieux sont venus nous voir pour nous féliciter d’avoir parlé de religion. Le médiateur de la République, le maire de Dakar nous ont aussi témoigné leur solidarité. Sans oublier le défunt Sidy Lamine Niass qui avait imposé à Jules junior qui animait Black label, le passage du son au moins deux fois sur sa fréquence. C’est une confidence de Jules junior en personne. Il faut dire que nous avions fait une peinture assez objective de la société, de tous les maux engendrés par une mauvaise compréhension des réalités islamiques. C’était un son nécessaire à l’époque, le rap était devenu un terrain de jeu pour beaucoup. On a vendu beaucoup de cassettes mais les producteurs ne nous ont jamais communiqué les chiffres. Je pense fortement que dans l’histoire du rap au Sénégal, aucune cassette ne s’est mieux vendue. On vendait mieux que le mbalakh. Mais s’il y a une chose dont je suis fier dans ma carrière, c’est d’avoir intégré les maths, la physique, la chimie, la religion  dans mon rap et d’avoir peut être contribué à la formation des jeunes élèves. » 


Xuman (Pee Froiss), Wass : «Vingt ans après, c’est clair que si je devais clasher quelqu’un, je n’utiliserais plus les mêmes mots »


« Pendant des années, Bibson et moi avions travaillé ensemble. Un beau jour, comme cela se passe dans certains groupes et même dans une famille, il est parti de son côté et moi du mien. Il est allé dans un autre groupe qui s’appelle Rapadio. Ils ont sorti un morceau «Xibarou Underground», dans lequel Bibson avait fait un couplet où il nous accusait d’avoir volé ses chansons et d’être de mauvais rappeurs. Par la suite, moi également j’ai fait une chanson où je clashais le groupe Rapadio en leur disant que je n’avais pas peur d’eux et que j’étais même plus authentique. C’était une manière pour nous de sauver la face parce que lorsqu’ils sont venus, ils ont déstabilisé le mouvement Hip-Hop. Quand ils ont fait le clash, il n’y avait pratiquement aucun groupe qui osait répliquer. A l’époque, il y avait PBS, Pee-Froiss, Daara J et tous avaient été clashés dans ce morceau. Moi, j’ai fait ce que j’avais à faire, en répondant. Bibson et moi, étions comme des frères et 2 ans après le clash, nous nous sommes retrouvés un peu par hasard. Il habitait dans la maison d’un de mes cousins qui était d’ailleurs l’un des fondateurs de Pee-Froiss. De fil en aiguille, nous avons enterré la hache de guerre. C’est comme ça que Talla Diagne a eu l’idée que l’on fasse un album en commun. Ainsi est né, l’opus «Frères NMI» pour solder nos comptes. Il est vrai que nous nous étions retrouvés mais, il y avait toujours quelque chose qui restait. Nous avions tous les deux dit ce que nous avions à dire mais, où se trouvait la vérité. Le public n’avait pas encore la fin de l’histoire. Du coup, on s’est dit qu’il fallait un album où nous allions nous clasher et chacun va dire ce qu’il pense de l’autre. Voilà comment est né le morceau «Wass». Il y avait des parties réelles et d’autres pour remuer le couteau dans la plaie. On ne pouvait pas faire un morceau de clash et se caresser. Je pense que ce qu’on s’était dit, c’était des choses qu’on avait gardé au fond de nous. Il fallait que cela sorte. D’ailleurs, la chanson a été enregistrée en dernier dans l’album. Si vous avez bien écouté, à la fin dans la petite interlude qui précède le prochain morceau, Bibson et moi nous nous sommes dit qu’il fallait que nous reformions un groupe. En faisant un clin d’œil aux autres groupes, nous avons également dit que ce serait probablement la fin des autres groupes. 
Nous savions que «Frères NMI» allait faire un tabac. Il y avait une certaine rancune que nous avions gardée et les fans de Pee-Froiss et Rapadio se sont retrouvés sur cet album. A chaque fois que nous allions en concert, c’était «Wass» que nous jouions en premier, histoire de chauffer la salle. Vingt ans après, c’est clair que si je devais clasher quelqu’un, je n’utiliserais plus les mêmes mots. A l’époque, cela faisait partie du game, c’était plus pour déstabiliser l’adversaire. Quand on a enregistré le son, Bibson a fait son couplet et je l’ai écouté après. J’avais plus ou moins un avantage sur lui, j’ai rebondi sur ce qu’il avait écrit. C’était mythique parce que c’était une époque où le rap avait énormément d’audience et Pee-Froiss, Rapadio faisaient partie des groupes les plus en vue. Il a affecté la carrière de plusieurs autres groupes de la trempe de Jant Bi, Bamba J Fall, Black Mbollo qu’il a contribué à éteindre en disant qu’on ne pouvait faire du rap et chanter du mbalakh.»


Matador (BMG 44), Dess ci yow : «Le titre n’était pas du goût des politiciens»


« Notre première chanson était politique. C’est une chanson intitulée « Boul Wax » parce qu’à l’époque, les médias n’étaient pas aussi nombreux. Il n’y avait que la radio presque. La démocratie en était à ses balbutiements. C’était le début du rap. Mais le titre qui nous a rendu vraiment célèbre est « Dess ci iow » dans lequel on énumère tous les maux engendrés par la politique. On connait BMG 44 grâce ce tube qui nous a valu beaucoup de problèmes  : nous avons reçu des menaces de morts, nous avons été agressés… Le titre n’était pas du goût des politiciens. C’était compliqué à l’époque, on ne pouvait que compter sur notre talent, notre engagement et détermination. On a donné l’espoir à beaucoup de jeunes de banlieue qui en sont arrivés à croire au rap. Nous avons remporté la Nuit du rap organisée par l’institut français aux années 90. Beaucoup de nos supports sont devenus des rappeurs actuellement. Nous avons donné naissance à beaucoup de groupes de rappeurs. Le rap nous permettait de dire ce que nous vivions dans la banlieue. Le groupe a beaucoup influencé, nous en étions arrivés à ce que les gens de la ville viennent se faire adouber au Tenn bi, une boite dans Thiaroye où on organisait des compétition de rap. Il y avait un public 100% hip hop. 
Dans le groupe, nous étions quatre personnalités différentes qui n’avions pas la même philosophie. Ce qui a permis d’enrichir notre écriture, nos thèmes et notre rap. Les morceaux «Boul wax » et «Lou lokho deff » sont le résultat de cet hétéroclisme. Aujourd’hui, 
je suis toujours à Thiaroye, dans la culture. Nous avons mis en place des choses extrêmement importantes comme un festival, des formations et tout vient des voyages avec le BMG 44. 
AICHA FALL

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Publié par

Namory BARRY

admin

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