Mouvements citoyens : Aar li ñu bokk, Ñoo lànk, l’arrêt de mort

vendredi 16 octobre 2020 • 551 lectures • 1 commentaires

Politique 3 ans Taille

Mouvements citoyens : Aar li ñu bokk, Ñoo lànk, l’arrêt de mort

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C’est la dernière-née des plateformes citoyennes. Un tout nouveau bloc à l’Adn combattant, dénommé le front multi-luttes «Doy na». Le mouvement qui regroupe 20 organisations, a fait son baptême du feu, le samedi dernier, à travers une marche dans les rues de la capitale.

Son coordonnateur, Guy Marius Sagna, a listé plusieurs points de revendication : le paiement, par l’État, des 51 mois dus aux travailleurs d’ABS Sénégal, la réparation du préjudice causé à 200 étudiants victimes d’escroquerie, réclamant des dommages et intérêts estimés à un million pour chaque étudiant, l’arrêt de la spoliation foncière à Ballabougou (Nguèniène), Kignabour, Guéréo, Médina Wandifa, Kaïré Mapathé, Thiallè Mbour, Kar-Kar, Keur Mame Binta, Keur Khaly Coura (Keur Samba Kane) et un audit foncier, la restitution des terres aux paysans et pasteurs de ces localités et aussi l’exigence aux mairies de Oréfondé, Agnam, Dabia, Thilogne de la transparence envers la population et de la lumière dans la signature d’un financement de 700 milliards FCfa, l’arrêt des mesures de déguerpissement, le relogement décent et immédiat des 79 familles de Terme Sud et de Claudel, leur prise en charge sanitaire et sociale par l’Etat, entre autres. Une plateforme pour montrer que les Sénégalais souffrent dans tous les secteurs d’activités. Jusqu’à quand ?  Bien avant la naissance du front multi-luttes «Doy na», il y a eu plusieurs autres mouvements. La plateforme Aar li ñu bokk a vu le jour au lendemain de la publication d’un documentaire sur BBC intitulé ‘’Sénégal, scandale à 10 milliards de dollars’’, qui implique Aliou Sall dans une affaire de corruption et de pots-de-vin. Il y a eu aussi un collectif dénommé Ñoo lànk, créé pour combattre la hausse du prix de l’électricité. C’était en décembre dernier. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Que sont devenus ces mouvements ? «C’est un peu timide par rapport au début, mais ces organisations existent toujours», assure Mamadou Diao Diallo de la cellule de communication.

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«Si les mêmes personnes veulent se battre sur tous les fronts…»

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Au début, le rythme était beaucoup plus soutenu. Les membres de ces plateformes enchaînaient manifestations et communiqués. Un véritable marquage à la culotte contre l’Etat du Sénégal. Un élan qui s’est tassé au fil des temps. «Il y a un travail qui est en train d’être fait, affirme Mamadou Diao Diallo. Il y a des actions, même si c’est de manière souterraine parfois, il y a des actions qui sont en train d’être posées, juste que parfois, ce n’est pas sur la scène publique.» Dans ces différentes plateformes, le constat est que le combat est porté par les mêmes personnes, avec les mêmes discours. Si ce n’est le Frapp de Guy Marius Sagna, Y en a marre de Aliou Sané, Nittu Deug de Karim Xrum Xaxx, c’est quelques membres de la société civile. Ce qui fait que les forces se dispersent à force de combats. Babacar Mbaye Ngaraaf de la plateforme Aar li ñu bokk, s’en explique : «Il y a un proverbe qui dit ‘’qui trop embrasse mal étreint’’. Il y a tellement d’injustices dans ce pays que si les mêmes personnes veulent se battre sur tous les fronts, il y aura forcément des fronts qui seront des mort-nés. Ce n’est pas la faute des activistes, encore moins des combattants. Le problème, c’est que ce sont les mêmes personnes qui sont dans Aar li ñu bokk qui sont aussi dans Ñoo lànk. Ces gens sont partout et s’il y a plusieurs fronts, on risque de voir des combats événementiels. Le danger est qu’on risque de se battre pour des actualités. A chaque fois qu’une actualité est là, on se lève, on se soulève pour créer un front, avant que le combat n’aboutisse, un autre front est ouvert. Si un Etat bandit comprend cela, il fera en sorte de créer des contre-feux pour qu’aucun de tes combats n’aboutisse. L’Etat ouvre plusieurs fronts pour divertir les gens. Cela nous fait quitter de manière inopportune un combat pour un autre.» Parfois sans grands résultats.


«C’est une erreur de créer une plateforme pour chaque combat»


Co-coordonnateur de la plateforme Aar li ñu bokk, Ndèye Fatou Ndiaye Blondin Diop insiste sur le fait que ces plateformes existent toujours. Dans un entretien accordé au site Dakaractu, elle rappelle que Aar li ñu bokk est née dans un contexte précis, mais qu’il y a le nom et la substance. «Ce qui a avait motivé la création de Aar li ñu bokk existe toujours dans le pays.» Même si reconnaît-elle, «c’est une erreur de créer une plateforme pour chaque combat, c’est ma conviction depuis le début. Les problèmes sont toujours d’actualité. Les conséquences itou. Il y a toujours des injustices qui justifient l’existence de ces plateformes.» Des plateformes qui doivent être réorganisées dans leur fonctionnement, mais surtout dans leur composition. Babacar Mbaye Ngaraaf : «Pour que les fronts survivent, il faut que quand des gens combattent une injustice et qu’une autre survienne, que d’autres s’en chargent. Mais, c’est toujours les mêmes personnes qui veulent porter tous les combats. Cela nous évitera de nous déconcentrer ou d’être déroutés. Il faut se subdiviser pour que les combats aboutissent. On risque de tomber dans le piège de l’Etat qui va faire exprès d’ouvrir plusieurs fronts en même temps pour nous disperser et nous faire passer d’un combat à un autre, sans faire le bilan du précédent. Ainsi, aucun de nos combats n’aboutira. Nous ferons du coq à l’âne.» Un éternel recommencement.


«Le combat contre la renégociation des contrats pétroliers est resté en l’état»


L’une des principales revendications de Aar li ñu bokk est la renégociation des contrats pétroliers. Mais, de l’avis de Babacar Mbaye Ngaaraf, les choses n’ont pas bougé. «Il y a tellement d’injustices qu’on veut tout régler en même temps. Ce qui n’est pas possible. Les combats contre la hausse de l’électricité, la renégociation des contrats pétroliers sont restés en l’état. Nous avions déposé des plaintes même à l’international, mais il n’y a aucun suivi. Je ne dirais pas que nous n’avons pas de résultats, mais nous n’avons pas encore de satisfaction. Et cela fait longtemps que nous n’avons pas convoqué de réunions à Aar li ñu bokk ou du moins, je n’en suis pas informé. Dans ma base à Guédiawaye, il n’y a ni réunions ni activités.» Tout le contraire au sein du collectif Ñoo lànk qui a d’ailleurs récemment tenu une assemblée générale pour renouveler son bureau.


«Relancer Ñoo lànk pour combattre les bavures policières»


Dirigé par Aliou Sané de Y en a marre et Bentaleb Sow de Frapp/France dégage, le collectif Nio Lank a changé de direction. «Ñoo lànk a réorganisé la plateforme avec de nouvelles règles. La coordination a été changée. Mourtala Seck et Pape Abdoulaye Touré de Sénégal, notre priorité, sont les co-coordonnateurs. Il y a eu des réformes innovantes», informe Mamadou Diao Diallo. Son camarade Mourtala Seck dans ses habits de nouveau co-coordonnateur assure que Ñoo lànk est plus que jamais présent et prêt à aller au front. «Nous étions sur le terrain, mais après, il y a eu la pandémie et comme tous les citoyens, nous nous sommes engagés dans la guerre sanitaire parce que c’était la priorité du moment. Depuis, nous avons repris le combat. Aujourd’hui (hier), nous étions au tribunal pour déposer une plainte contre les policiers qui ont tabassé notre co-coordonnateur. Le combat de Ñoo lànk, c’était la cherté de l’électricité, la libération Guy Marius Sagna. Ça a été fait. Il faut relancer Ñoo lànk pour combattre les bavures policières, dénoncer les injustices.» Remobiliser les troupes, comme à ses débuts.


CODOU BADIANE

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Publié par

Namory BARRY

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