Enquête - Nouvelle recrue des Lions : Boulaye Dia, lla revanche d'un banni du foot

vendredi 16 octobre 2020 • 428 lectures • 1 commentaires

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Enquête - Nouvelle recrue des Lions : Boulaye Dia, lla revanche d\'un banni du foot

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Passé de la dérision à l’admiration en peu de temps qu’il en faut pour le dire, Boulaye Dia (23 ans) prend la lumière à sa façon, après des moments passés dans l’ombre, loin du football et tout près des fils électriques. L’attaquant du Stade de Reims, longtemps rejeté par les centres de formation, a pris une sacrée revanche sur son destin.

L’action peut paraitre anodine. Mais sa conception relève de l’art. Sur un centre venu de la gauche, Boulaye Dia se détache habilement du marquage, se met dans l’axe du but, en position de tir, et reprend d’une frappe puissante, un deuxième ballon renvoyé par la défense centrale marocaine. Le cuir échoue sur le poteau d’un Yassine Bounou, battu. Dommage, à cause du Covid, il n’y avait pas de foule à lever pour les premières foulées remarquables de Boulaye Dia sur la scène africaine, dans la lignée de ses débuts emballants en Ligue 1 française. Un milieu qui lui était réfractaire. C’est pourquoi, le regarder courir joyeusement derrière un ballon de football convoque inlassablement le souvenir de ses débuts. L’époque où son nom suscitait plus la dérision que l’admiration. Du temps où le gamin qui se plantait au bord de la route, laissait filer ses chances de réussir un essai à Saint-Etienne, avant de voir, plus tard, les portes de l’Olympique Lyonnais se refermer derrière lui, parce qu’il n’était pas de…taille. De ces échecs, il s’est construit. C’est la ferme conviction de Pascal Moulin, l’entraîneur qui a tendu la main à Boulaye pour le caser à Jura Sud, en National 2, quand personne n’avait voulu de lui. «Le fait de ne pas pouvoir faire ces essais à Saint-Etienne, de ne pas être pris à Lyon, lui a servi. Au lieu d’abandonner, cela l’a aidé à devenir plus fort. C’est ce qu’il a déjà démontré quand il est venu chez nous (Jura sud). Ça lui a permis de saisir sa chance. C’est quelqu’un qui a beaucoup de confiance en lui. Il s’est servi de ces «échecs», à l’âge de 14-15 ans, de ne pas être pris par un club pro, pour justement bien s’en souvenir.»

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«L’électricité est beaucoup plus difficile pour Boulaye»

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Le moral au plus bas, la détermination à son paroxysme, Boulaye Dia ne s’est pas laissé consumer par ses immenses déconvenues. «Il a vécu ces moments difficiles comme un Sénégalais pouvait les vivre : en ne disant rien, en continuant à baisser la tête et à travailler, renchérit son agent, Frédéric Guerra, joint au téléphone par L’Obs. Il est très, très fort mentalement. Et simple. C’est un garçon qui a beaucoup d’humilité. C’est pour cela qu’il est fort parce qu’il ne perd pas d’énergie, il est dans la simplicité.»


En rupture de ban avec le football, Boulaye Dia se met au banc scolaire pour s’offrir, avec succès, une vie solaire. A la place d’un contrat professionnel, il dégotte un diplôme d’électricien et projette la lumière sur les ténèbres de son existence. Une fierté pour son agent : «C’est quelqu’un qui a pris l’option au départ de réussir dans un domaine beaucoup plus difficile, se félicite Frédéric Guerra. L’électricité est beaucoup plus difficile pour Boulaye. C’est une voie moins connue, moins rémunératrice, qui correspond au commun des mortels. Cela prouve déjà que ce garçon avait envie de s’en sortir. Il avait cette force en voulant être électricien. Cette force l’a aidé dans le football, à comprendre qu’il avait du talent et qu’il pouvait le développer en travaillant. Et il a travaillé.»


«Il fallait lui tendre la main pour qu’il puisse s’épanouir»


Le retour dans le monde du football ne s’est pas fait sans détour, mais en valait la peine. Au moment où l’on s’y attendait le moins, Boulaye Dia pousse les portes du professionnalisme, sans passer par les centres de formation qui se sont révélés être pour lui une serrure qui ne se laisse pas forcer aisément. «Ça pouvait paraître tardif à 20 ans, de venir jouer en professionnel. Mais, précise Pascal Moulin, il était tellement motivé et savait ce qu’il voulait que j’ai pu lui permettre de se mettre dans des conditions de s’épanouir, de montrer sa valeur en Cfa. Il fallait lui tendre la main pour qu’il puisse s’épanouir à l’entraînement et en matches pour montrer ses qualités, pour pouvoir aller au plus haut niveau.» Pour franchir ce palier, Boulaye Dia a remballé sa fierté et repoussé les limites de son orgueil, en se soumettant, sans fanfaronnade, au test psychologique de l’entraîneur de Jura Sud, dans les méandres du football amateur. «Je voulais vraiment avoir un entretien assez long avec lui, avant de le reprendre, souligne Pascal Moulin. Mais j’ai attendu que ce soit lui qui m’appelle. Ce qui m’a plu, c’est sa détermination à montrer qu’il était motivé à venir dans notre club. A partir du moment où il a fait cette démarche-là, j’ai senti sa détermination. Après, il l’a démontré sur le terrain. C’était tous les jours, une vraie découverte. En même temps, il allait au bout de son idée : devenir performant pour aller dans le monde professionnel. On lui a permis de le faire.» Son premier contrat amateur signé à Jura Sud Foot, Boulaye Dia ne cherche pas à rattraper le temps de la formation perdue, il fait parler son instinct de buteur sorti de la rue avec l’ambition de se révéler au monde entier, sans complexe aucun. «Il avait cette mentalité de vouloir réussir à être professionnel, renchérit Pascal Moulin. Le fait d’être toujours à l’écoute de ses entraîneurs lui permettait de mettre en application ce qu’on lui disait et de progresser très vite. En même temps, il n’était pas formaté. Il était frais et dispo d’esprit pour avancer.» Dans la bonne direction.


«En deux ans, il a énormément progressé»


La motivation n’est jamais suffisante quand on est submergé du besoin pressant de s’affirmer. C’est pourquoi, Boulaye Dia ne s’était pas juste contenté de pousser les portes du professionnalisme. Il voulait aussi se faire un nom dans un milieu qui lui était, à ses débuts, réfractaire. Pari réussi. Ce jeune qui évoluait il y a un an et demi, en Cfa, déboulonne aujourd’hui, dans les couloirs du Stade de Reims en Ligue 1, croisant sur son chemin des stars qui étaient censés transporter ses émotions sur les différents terrains d’Europe, par la magie de la télé. Une sacrée revanche sur son destin. «Tout ce qui lui arrive, Boulaye le mérite, parce qu’il a beaucoup travaillé pour ça. En deux ans, il a énormément progressé et montré qu’il avait le niveau, confesse Pascal Moulin. Il a bien progressé dans le jeu dos au but. Dans les duels, il est beaucoup plus costaud. Il lui reste à être plus efficace devant le but. Mais il a encore une belle marge de progression pour marquer encore plus de buts. L’année dernière, sa saison était tronquée, il avait mis déjà 7 buts. Sans l’arrêt, il serait arrivé à une douzaine. En une saison et demie en Ligue 1, c’est déjà une belle performance. Sa progression est constante. Donc, je ne suis surpris qu’il puisse être appelé en sélection du Sénégal.» Cette reconnaissance à l’international, le natif de Oyonnax en France la doit à sa méticulosité et son travail bien fait. «Boulaye a déjà commencé à écrire son histoire en allant au Stade de Reims, à rentrer dans un club professionnel, à découvrir les structures et toutes les difficultés, le travail pour arriver tout en haut, sourit Frédéric Guerra, son agent. Il a commencé ce travail il y a deux ans et s’y est bien pris parce que très vite, il a été appelé en équipe première du Stade de Reims, mais ne pensait pas du tout, à ce moment-là, à l’équipe nationale. Son chemin était encore long. Petit à petit, il s’est prouvé à lui-même qu’il avait largement le niveau. Il a pris confiance en lui et cela a donné confiance au sélectionneur (Aliou Cissé, Ndlr).» Ce pied de nez à tous ceux qui ont une faiblesse coupable pour les jeunes sorties des centres de formation lui vaut parfois des comparaisons flatteuses. «C’est un parcours un peu atypique. Quand on voit par où N’golo Kanté est passé pour arriver dans le monde professionnel, à Chelsea et devenir champion du monde avec l’équipe de France. C’est un bel exemple pour Boulaye.» Le Sénégal lui balise la voie.


SALIOU GACKOU

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Publié par

Namory BARRY

admin

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