Football : Aliou Cissé, une CAN sous la gorge

La dernière cartouche. Avec son armada symbolisée par sa colonne vertébrale, Sadio Mané, Kalidou Koulibaly et Idrissa Gana Guèye en tête, le Sénégal sera encore très attendu lors de la CAN 2021 qui débute dans quelques jours au Cameroun (9 janvier – 6 février 2022). Plus que les années précédentes, les «Lions» font face à une grosse attente pour soulever un premier trophée continental au pays des «Indomptables». Une pression sur les épaules des joueurs, mais qui pèse davantage sur celles du sélectionneur de 45 ans. En poste depuis bientôt sept ans (mars 2015), l’ancien capitaine de l’Équipe nationale (33 sélections) a su mener sa barque contre vents et marées pour bâtir une équipe qui truste au sommet du continent. Mais sans avoir encore rien gagné. En remettant le drapeau au capitaine Koulibaly, mardi au Palais, Macky Sall a accentué l’attente : «Vous êtes les meilleurs aux plans tactique, technique et qualitatif. Maintenant, il vous reste cette hargne de vaincre. En 2019, vous étiez en finale. Mais cette année, on ne veut que la coupe. Cameroun 2021, c’est aller jusqu’au bout, renter avec la coupe.»

«Le temps de la victoire pour le Sénégal»

Dans son discours, le président de la République est allé droit au but : «Cameroun 2021 constitue un tournant décisif pour le football africain.» «Cette Can reste un moment de vérité pour le football sénégalais, un moment crucial où celui-ci doit se donner une exigence de victoire et une perspective définitive de triomphe pour la Nation qui attend avec espoir depuis tant d’années. Alors avec foi, détermination et courage, faites de Cameroun 2021, le temps de la victoire pour le Sénégal. C’est-à-dire la plus belle page de l’histoire de la participation de notre pays en Coupe d’Afrique des nations de football.» En adressant ses «félicitations appuyées au coach Aliou Cissé et aux joueurs», les «véritables artisans de ces grandes performances» réalisées par le Sénégal ces dernières années, le chef de l’État a souligné les «atouts importants et réconfortants» qui constituent un «challenge motivant et une exigence pour franchir le dernier palier qui nous sépare du trophée continental, si proche». «Nous devons (…) enjamber les contingences et surtout forcer ce destin gagnant qui nous tend généreusement la main depuis quelques années. Et cela, dans l’esprit sportif le plus élevé et dans un contexte où toutes les conditions sont réunies», a ajouté Macky Sall, appelant les joueurs à «faire preuve de combativité, de courage et de dignité».

«Ce que le Président Macky Sall demande, c’est le vœu de tous les Sénégalais»

A quelques jours de l’entrée en lice du Sénégal dans la compétition, les mots du locataire du Palais de la République résument un sentiment largement partagé. «Ce que le Président Macky Sall demande, c’est l’idée, la pensée et le vœu de tous les Sénégalais», assure Me Abatalib Guèye. L’ancien président de la Fédération sénégalaise de football (1996-98) n’y va pas avec le dos de la cuillère : «On n’a pas besoin de leur mettre la pression, elle doit être naturelle. Ils ont les besoins qu’aucun président de Fédération et les soins qu’aucune Equipe nationale n’a eus. A partir de là, on est en droit de réclamer qu’ils remportent la Coupe. Après avoir été finaliste (2019), c’est tout ce qui reste. Le président de la République n’a fait qu’exprimer l’idée la plus partagée des Sénégalais et c’est légitime.» Une exigence que le prédécesseur de Daouda Faye juge fondée au vu de la qualité de l’Équipe nationale. «On nous crédite d’être la première équipe en Afrique, mais on doit l’incarner de par le palmarès. Ce (statut) me laisse sur ma faim dans la mesure où, on n’a gagné aucun titre et rien remporté. Si on jugeait en termes de trophées, on ne nous classerait pas meilleure équipe (de l’histoire) du Sénégal ni de l’Afrique. Les meilleurs, ce sont ceux qui ont le plus de trophées. On ne sera meilleur que lorsqu’on concrétisera cela par une coupe.»

«C’est une compétition qui se gagne avec les meilleurs et on a les meilleurs»

Avec une équipe de «dimension internationale» en «valeur intrinsèque», Me Abatalib Guèye  attend Cheikhou Kouyaté et ses coéquipiers sur la première marche du podium au Cameroun : «Nous avons les meilleurs joueurs dans les meilleurs championnats et les meilleures équipes. C’est une compétition qui se gagne avec les meilleurs et on a les meilleurs.» Une attente qui répond à la déclaration de Aliou Cissé lors de la publication de sa liste pour la CAN, le 24 décembre dernier à Dakar : «On me parle souvent de pression, mais je me demande laquelle s’agit-il : celle qu’on essaie de me mettre ou celle que je me mets depuis plus de 24 ans que je suis dans le football ? Cette pression est mon leitmotiv, elle me fait vivre. Je cours derrière cette CAN depuis 1999. J’ai envie de la gagner, les joueurs aussi.»
Logé dans le groupe B basé à Bafoussam, dans l’Ouest du Cameroun, le Sénégal débute sa CAN le 10 janvier prochain face au Zimbabwe (13H) avant d’enchaîner face à la Guinée (14 janvier, 13H) et le Malawi (18 janvier, 16H). 
OUSMANE DIOP